Né à Athènes, Robert Kagan est un politicologue américain et docteur en histoire américaine
Nous tenons pour définitivement acquis beaucoup de ce que le monde nous offre aujourd'hui: l'extension des libertés, une prospérité mondiale sans précédent, l'absence des guerres entre les grandes puissances. En 1941, on ne comptait qu'une douzaine de démocraties dans le monde: il y en a aujourd'hui plus d'une centaine. Pendant quatre siècles, jusqu'en 1950, le produit intérieur brut a augmenté de 1% par an à l'échelle mondiale. Depuis 1950, il a augmenté de 4% par an, et des millions de gens ont été soustraits à la pauvreté. La première moitié du XXe siècle a connu, il est vrai, les deux guerres les plus meurtrières de l'histoire de l'humanité mais n'oublions pas, que dans les siècles antérieurs, les guerres étaient rien de moins qu'incessantes. Or depuis soixante ans, les grandes puissances ne se sont pas fait la guerre directement. On se souviendra de notre époque comme celle de la guerre qui n'a pas eu lieu entre les États-Unis et l'Union soviétique. Notre époque est un âge d'or.
Il se peut que le progrès dont nous cueillons les fruits ne soit pas le résultat d'une évolution inéluctable de l'espèce humaine. Peut-être n'est-il que la conséquence éphémère et sans doute unique, d'un concours de circonstance. Si les conditions actuelles venaient à changer, si le pouvoir changeait de mains, peut-être l'ordre du monde serait-il changé aussi... Il se pourrait bien que la démocratie se soit développée dans plus d'une centaine de pays depuis 1950, non pas simplement parce que les gens aspirent à la démocratie mais parce que la nation la plus puissante du monde depuis 1950 est une démocratie! Et parce que la stupéfiante croissance mondiale des six dernières décennies est le reflet d'un ordre économique façonné par un pays qui ne jure que par l'économie de marché. Il se pourrait que la puissance colossale de cette nation ne soit pas étrangère au fait que nous connaissions une période de paix.
L'Histoire nous montre que les ordres mondiaux ne sont pas éternels. Après l'ascension vient la chute. Les institutions qu'ils ont érigées aux idéaux qui les ont guidés, leur chute est elle aussi, inscrite dans le temps. Dès lors que le pouvoir est conquis par des nations qui sont animées par d'autres intérêts et d'autres croyances tout change. Quand l'Empire romain s'effondra, l'ordre qu'il représentait s'est effondré aussi de même que tout le système économique, après quoi, il fallut des siècles pour tout reconstruire. La culture, les arts, les sciences et la technologie ont connu une longue régression.
La fin de l'ordre américain que nous connaissons actuellement aurait-il les mêmes funestes conséquences? Certains pensent que le déclin américain est déjà là et que, hélas, pour le meilleur et pour le pire, on n'y peut rien.
Ce qu'il faut garder à l'esprit c'est que ce ne sont pas ni les anges ni les dieux qui président aux destinées du monde.
Moi je garde à l'esprit qu'il y a eu pendant cet âge d'or, la guerre du Vietnam, du Kosovo, de l'Afghanistan, de l'Irak, le Rwanda... L'Amérique et l'Europe vivaient un âge d'or mais ailleurs, les guerres étaient "incessantes".
Moi je garde à l'esprit qu'il y a eu pendant cet âge d'or, la guerre du Vietnam, du Kosovo, de l'Afghanistan, de l'Irak, le Rwanda... L'Amérique et l'Europe vivaient un âge d'or mais ailleurs, les guerres étaient "incessantes".
Je lis: L'ordre mondial américain, les conséquences d'un déclin de Robert Kagan
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