jeudi 2 janvier 2014

Léopold Sédar Senghor, le poète qui devient président de son pays



Léopold Sédar Senghor, né au Sénégal (1906-2001) 

Après l'Immortel Dany Laferrière, j'ai eu le goût d'apprendre qui était Léopold Sédar Senghor, cet autre poète venu avant lui  occuper un siège de l' Académie Française

Je lis  Léopold Sédar Senghor et son temps, Armand Guibert

Cet enfant est noir, il est chétif, et par là plus aimé. Il reçoit le nom de Léopold parce qu'il est baptisé dans la religion du Christ et celui de Sédar parce qu'il est sérèse et que les animistes peuplent de génies et de forces les bois sacrés qui feignent de sommeiller à l'écart des cases.

Enfant pieux, il sert la messe et chante des cantiques, "Je me rappelle les voix païennes rythmant le Tantum Ergo..." À seize ans, il va quitter ce qui a été jusque là tout son univers. Il lui sera donné plus tard de l'agrandir. Il poursuit son rêve intérieur, un rêve d'effusion mystique. Un jour, on lui annoncera qu'il n'a pas la vocation, qu'il est fait pour vivre dans le monde, il restera toute une semaine frappé de langueur. Le goût de l'étude restera toujours sa force. Ses succès scolaires sont fameux, il ne sait qu'être le premier. Il se constitue dès lors, le noyau d'une future bibliothèque. En 1927, le jeune Rastignac noir prend le bateau pour l'Europe.

Le pétillement de l'intelligence ne nourrit que le cerveau et laisse le coeur sur sa faim. D'un peuple qui lui apparaissait de loin  comme une race de seigneurs, il voit de ses yeux les failles évidentes: la lutte pour le pain, l'esclavage des usines,  les clochards avinés sur les berges du fleuve. On le croyait "assimilé" mais c'est à ce moment-là qu'il prend de la distance vis à vis ses maîtres, de l'opinion du peuple avec lequel il rompt le pain de l'esprit.

Une rencontre va le rendre à sa certitude et à sa voie: celle d'Aimé Césaire, qui arrive de la Martinique. Rarement hommes si différents furent si étroitement accordés.  En 1934, ils fondent une petite revue, L'Étudiant Noir, où ils impriment pour la première fois ce terme de négritude. Senghor embrasse une doctrine qui proclame l'égalité et l'union de tous les peuples de la terre. Il devient professeur et nul ne mesure la force percutante qu'auront ses premiers poèmes.

La guerre fit de ce citoyen français un soldat du troisième Régiment d'Infanterie Coloniale. En 1940, il est fait prisonnier et  pendant ce temps, dès qu'il en a la possibilité  il se met à  l'étude de l'allemand dans l'espoir de lire Gothe dans le texte.

Un jour, on sonne à la porte de Pompidou,  un soldat allemand se présente. Il a accepté, pour marquer sa position antinaziste, de se charger des manuscrits de Senghor et de les mettre en lieu sûr. De cette période de sa vie, les souffrances et sacrifices subits sont relatés dans le livre Les Hosties Noires.

En 1945, il fait paraître son premier recueil de poèmes Champs d'Ombres et cette même année, il est élu député du Sénégal à l'Assemblée Constituante. Il fut constamment réélu après son premier mandat. Ses campagnes électorales s'accompagnaient d'un bruissement de légende. On le disait sorcier.


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