jeudi 22 novembre 2012

Les animaux dans notre langage...

Alain Contaret


- C'est une cochonnerie...
- Il m'a fait une vacherie...
- Une vie de chien...
- C'est une poule mouillée...
- Arrête de me suivre comme un mouton...
- Arrête de ruminer dans ton coin...
- Mère-poule...
- C'est un rat... un vrai serpent...etc...

Pour qualifier de mauvaises attitudes humaines, l'animal devient un bouc émissaire. L'animal est dégradé dans sa dignité, dans sa vie, dans son être. L'homme, alors, se déresponsabilise; une fois l'animal méprisé, dévalorisé, on peut sans remord le massacrer. L'homme désacralise tout afin de se donner le droit de faire ce qu'il veut. (Contaret)

L'homme dit civilisé a fait de même avec les Indiens. Les élites espagnoles et portugaises décrétèrent que l'Indien n'avait pas d'âme. Et l'on connaît la suite, ils pouvaient alors torturer, tuer les Amérindiens, les spolier de leurs terres, de leur culture, de leur religion. L'homme civilisé a fait la même chose avec les Noirs: on a chosifié des êtres humains pour pouvoir ensuite en faire des esclaves.  L'être humain ne fait que commencer à accéder à son humanité. Ma race, souvent, me désespère mais je la sais quand même porteuse  d'espoir et de lumière...

Regardez votre animal dans les yeux, vous verrez qu'il a une âme... (Contaret)


Un homme baigne son chien tous les soirs dans les eaux du lac Supérieur, chaudes à cette époque. Le chien âgé  de 19 ans souffre d'arthrose, c'est le seul moyen trouvé par cet homme pour soulager son chien et l'endormir.


Je lis  Hommage aux animaux, Alain Contaret

Comment ne pas voir que la consommation animale est le maillon le plus important de cette chaîne de destruction massive de la vie et que nous participons à l'hécatombe de millions d'animaux qui pourtant ont un corps comme nous. "La chair de l'homme est exactement la même que la chair rouge des animaux; en mangeant de la chair animale, l'homme est devenu cannibale". (Tao)

La cruauté envers les animaux, ou l'indifférence envers leurs souffrances, est l'un des péchés les plus lourds de l'humanité. (Romain Roland)

Notre traitement envers les animaux sera un jour considéré comme barbare. "Tu ne tueras point!..." c'est la grande Loi Sacrée. Tant qu'il y aura des abattoirs, il y aura des champs de bataille. (Tolstoï)


Ces propos me culpabilisent totalement. Encore une fois, je me dis que je devrais faire le grand pas et passer de semi-végétarienne à végétarienne.



Mircea Eliade a écrit: "L'humanité est essentiellement le résultat d'une décision prise depuis la nuit des temps: la décision de tuer pour vivre. Nos ancêtres hominidés se sont élevés au-dessus des  pré-hominiens en devenant des consommateurs de viande; le cerveau va alors augmenter de manière radicale". 

C'est en tuant que nous sommes devenus ce que nous sommes: une civilisation guerrière. J'aime penser que l'espèce humaine étant très jeune, une conscience différente fera jour. Certains êtres le sentent déjà et leur comportement révolté face à la souffrance animale trace une sente  vers l'Humanité à venir.

samedi 17 novembre 2012

Le mensonge décrypté

Je lis: Je sais que vous mentez: l'art de détecter les menteurs et les manipulateurs

Une technique apparentée au mensonge consiste à dire la vérité avec une exagération appuyée afin que l'autre ne la croit pas.
- Avec qui parlais-tu au téléphone?
- Oh, avec mon amant, il m'appelle toutes les cinq minutes.

Un proche parent de la vérité énoncée faussement est la demi-dissimulation. La vérité est dite mais seulement en partie. Le menteur n'est pas forcé de dire quoi que ce soit de faux. Vous êtes au vernissage d'un ami et vous trouvez son travail épouvantable.
- Jerry, Jer-ry, que dire? Les mots me manquent. 
Ou bien - Jerry, tout le monde en parle!
C'est tout de même un mensonge.

La meilleure manière de dissimuler des émotions intenses est le masque. Se couvrir le visage entièrement ou en partie ou en se détournant de son interlocuteur peut se faire facilement. Il est extrêmement difficile de garder un visage impassible ou des mains inertes quand on éprouve une émotion intense. Le sourire est le masque le plus fréquemment employé. C'est l'expression faciale la plus facile à faire volontairement: expression délibérée pour faire plaisir à autrui... Toute au long de la vie, les sourires sociaux présentent des émotions non ressenties, utiles à montrer.

Une analyse de la position des yeux lors du mensonge est intéressante aussi. Vous êtes en face d'une personne et vous posez une question. Si le regard de la personne se tourne vers la droite (votre gauche) il s'agit d'une création, d'une réponse inventée. Si le regard s'oriente vers la gauche (votre droite), il s'agit d'un appel à la mémoire.


Paul Ekman

dimanche 4 novembre 2012

Bernard Émond et le poète polonais



Edward Stachura, poète polonais (1937-1979). Il avait 20 ans sur cette photo.


Je viens d'aller voir le film: Tout ce que tu possèdes de Bernard Émond. Je me suis retrouvée émue par la fascination du personnage Pierre Leduc, incarné par Patrick Drolet, pour  un poète totalement inconnu de moi, Edward Stachura. J'ai cherché.

Edward Stachura est né en France dans une famille polonaise. Cette France, quittée malgré lui à onze ans, va le poursuivre toute sa vie. Il devint écrivain et poète, il traduisit des poèmes inédits de Rimbaud, Beaudelaire et Lautréamont et... les poèmes de Gaston Miron. Il chante et traduit les chansons de Brel et Brassens. En avril 1979, il subit un accident de train mystérieux, il refuse de s'éloigner de la voie ferrée le long de laquelle il se promenait, en dépit du fait qu'il voyait le train s'approcher. Il a subi une commotion cérébrale et sa main droite fut broyée. Il fut, un temps, hospitalisé dans un service psychiatrique. À sa sortie, il se rend chez sa mère et il s'acharne à écrire avec la main gauche. De nouveau hospitalisé, il s'enfuit, et dans sa maison à Varsovie, il tente en vain de se trancher les veines avec un couteau, finalement, il  réussit son suicide par pendaison. Il ne cessera d'écrire que quatre jours avant sa mort.

La scène du film ou Pierre Leduc traduit ligne après ligne le dernier poème de Stachura est absolument bouleversante.

Lettre à ceux qui restent:
Je meurs
pour mes fautes et pour mon innocence
pour le manque que je ressens avec chaque particule de mon corps
et chaque particule de mon âme
pour le manque qui me déchire en lambeaux
comme un journal rempli de mots tapageurs
sans signification pour la possibilité de s'unir
avec l'Innommable. L'Anonymat. L'Ineffable
et avec l'Inconnu
pour le jour nouveau ...

Edward Stachura et le Pierre Leduc du film sont deux "tordus"  d'une même essence sublime. 

vendredi 2 novembre 2012

Gabriel Nadeau-Dubois est jugé....



Gabriel Nadeau-Dubois

Je réagis avec dépit et insatisfaction  au verdict de culpabilité intenté par le juge Denis Jacques contre Gabriel Nadeau-Dubois. Outrage au tribunal!!! Actuellement la Commission Charbonneau nous montre  des escrocs et des politiciens véreux qui  volent sans vergogne le peuple québécois depuis des dizaines d'années. Ces hommes corrompus   vont sans doute se tirer d'affaires, en toute impunité... Et voilà que la justice québécoise condamne Gabriel Nadeau-Dubois. Cet étudiant courageux, incisif et passionné de justice sociale est susceptible d'écoper d'une peine d'un an de prison! À l'émission Tout le monde en parle, on a invité l'homme d'affaire corrompu Lino  Zambito et il a été chaudement applaudi comme une star. Un jeune de vingt ans, on lui tord le cou. C'est dur ça! Indécent!


Luc Vaillancourt a réagi à sa manière à cette condamnation. Il  a changé deux ou trois mots dans la fable fameuse de La Fontaine. Tout est admirablement dit.

Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
Qu'il fallait écrouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Donner son avis ! quel crime abominable !
Rien que la prison n'était capable
D'expier son forfait : on le lui fit bien voir
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

Jean de La Fontaine

Délit d'opinion dit Luc Vaillancourt.
Quelques  travaux communautaires dans la collectivité seraient diablement mieux acceptés par les étudiants et les citoyens qu'une sentence de prison puisqu'un jugement de culpabilité semble irrévocable.

Micheline Thibault a commenté votre lien:
Considérant toute la saleté et les odeurs nauséabondes qui se dégagent de la Commission Charbonneau je trouve en soi que c'est un outrage à l'intelligence publique que de mettre en prison un jeune de cette qualité si, bien sûr, c'est la peine qu'on lui inflige. 

Carmen a écrit : « En fait, Gabriel Nadeau-Dubois est-il plus coupable que ceux qui ont bravement piqueté devant les dits CEGEP/universités, pour tenir en respect les briseurs de démocratie, qui voulaient retourner en classe MALGRÉ le vote de grêve??? Pourquoi ne pas tous les mettre en prison? Quelle genre de société voulons-nous quand on envoie en prison (peut-être) nos leaders? »