Autoportrait d'Egon Schiele (1890-1918)
Schiele s'inscrit dans la liste des peintres maudits. La première grande exposition de ses oeuvres fut jugée pornographique. Le monde de Schiele est réduit aux seules représentations érotiques du corps humain, hors du lieu et du temps. Ses modèles sont caractérisés par une incroyable liberté vis-à-vis de leur propre sexualité, de l'autoérotisme et de l'homosexualité. Les critères de la beauté féminine, du poli parfait et de la froideur sculpturale ne l'intéressent pas. Il sait que la pulsion du voyeur est intimement lié aux mécanismes du dégoût et de l'attraction, c'est le pourquoi de l'étrange aspect de chair tuméfiée des corps peints par l'artiste. Le corps renforce en lui la puissance du sexe et de la mort et homme de son temps, Schiele souscrit à la façon nouvelle de considérer la sexualité comme une pulsion existentielle de l'être humain.
Accusé de détournement de mineure et d'enlèvement d'enfant, Schiele fit en 1912 un séjour en détention préventive avant de passer en jugement. Les jours passés derrière les barreaux furent un véritable traumatisme pour lui. Les parents de la jeune fille revinrent sur leurs déclarations au profit de l'accusé et Schiele fut simplement condamné pour avoir exposé des oeuvres érotiques dans un endroit public. Si la première accusation avait été maintenue, une sentence de 20 ans de prison était prévisible.
Les dernières années de sa vie furent marquées par une période de bonheur personnel, par des succès dépassant largement l'Autriche et une sérénité croissante. Il disait: "Mes oeuvres devraient être exposées dans des édifices semblables à des temples!"
Une terrible épidémie fera entre 20 et 25 millions de victimes dans le monde. Sa femme enceinte de six mois, succombe à la grippe espagnole et trois jours après, Schiele meurt à son tour.