lundi 12 novembre 2018

Mémorial 2018 en souvenir de Frédérique-Anne

                      Frédérique-Anne


11 novembre 2018… Mémorial pour Frédérique-Anne

Trois ans plus tard… Frédérique-Anne!

J’ai lu, aujourd’hui, dans mon livre d’écriture 1995, un billet que Frédérique m’a envoyé pour me consoler.

"Mom, moi, je ne te quitterai jamais! Quitte à ne pas mourir!"
Ce que c’est bouleversant!

EH! bien, elle a réussi! Elle est vivante!

Présentement je lis le dernier bouquin de Thich Nhan Tanh, un philosophe spirituel vietnamien, celui qui a propagé à travers le monde l’idée de vivre notre vie en toute conscience. Il écrit: Nous nous prolongeons dans nos enfants, dans nos étudiants, nos collègues, nos amis, dans tous ceux dont  nous avons touché la Vie.

Je  pense à tous les petits Haïtiens abandonnés qui étaient fous d’elle. Elle en prenait soin. Elle est encore dans leur cœur.

Tous les Inuits du Grand Nord émerveillés et reconnaissants, lorsqu’elle s’est rendue là-bas installer un centre de dialyse. Elle est encore dans leur mémoire.

Tous les malades qu’elle a côtoyés, les médecins, infirmiers et infirmières du Québec et des États-Unis. Elle vit encore dans leur souvenir.

-      Tous ses compagnons et compagnes d’école primaire,  du Secondaire, du Cégep, de  l’Université et les professeurs aussi, qui me parlent encore d’elle quand je les croise. mes onze petits-enfants, ma mère mes frères et sœurs, ses oncles et ses tantes.  Scott, Liz et les trois petits Lollis: William, Mathieu, Julia.  Amour! Amour! Amour!!

Sa mémoire est même inscrite et enregistrée dans la constellation  de la  Grande Ourse! L’une de ses étoiles porte à tout jamais le petit nom d’amour de Frédérique-Anne : COCO.

Imaginez la multiplicité de toutes ces ramifications d’âmes! Elle  est au centre d’une mosaïque  de lumière d’une richesse fabuleuse.

Et c’est pour ça que même si mon cœur est blessé par ce décès et bien qu’il connaisse  souvent le chemin  de mes larmes, je suis vivante! Je suis capable de dire : Je suis heureuse ! Heureuse de vivre ici  dans cette belle maison avec Pierre et Marie-Héllène, tout proches.
Frédérique-Anne est là, vous êtes tous là!

Tu es aimée Frédérique-Anne! Et nous sommes aimés de toi.
J’applaudis À LA VIE! Amour! Gi xxxxx

vendredi 14 septembre 2018

Reformons des cercles de femmes et honorons notre sororité


J'aime ce mot sororité, le pendant féminin du mot fratrie. C'est le mot qui  précise l'ensemble des soeurs d'une même famille et par extension la grande famille de toutes les femmes de la terre.

Reformons des cercles de femmes et honorons notre sororité, reconnectons-nous aux cycles de la vie et de la nature qui sont naturellement liés aux cycles féminins.

Je cogite .......

vendredi 3 août 2018

Gratitude pour les jolis matins


Ma fille, le matin, en se brossant les dents, jette un coup d'oeil sur sa mère qui fait des longueurs dans la piscine. C'est le moment d'une délicate émotion. Moi, qui ai tellement aimé regarder vivre mes enfants et petits-enfants, voilà que je vis l'inverse. Il y a regarder et être regardé. Connaître les deux, c'est une expérience d'une grande finesse émotionnelle

Merci, Marie-Héllène d'être là, si présente. Ma gratitude est un Alleluia! Et l'eau est si bonne et chaude... c'est un double Alleluia!

vendredi 25 mai 2018

Écrire, ça fait du bien!

Tenir un Journal est moins une façon d’écrire qu’une façon de vivre. Les recherches de James W. Pennebaker ont démontré qu’écrire environ 20 minutes quotidiennement durant 3 ou 4 jours renforçait le système immunitaire. ''Ce qui ne s'exprime pas s'inscrit dans le corps''. (S. Assente). Le cahier est un lieu où l'on peut enfin dire l'indicible. Ce qui polluait à l'intérieur déménage à l'extérieur de soi.

Écrire exige de la concentration, une mobilisation consciente du corps. Noircir du papier mobilise le corps et l'esprit dans un projet commun. On ne fait rien d'autre. On est en présence de soi. On est là dans ''l'ici-maintenant''. Même le rapport au temps se modifie. (Isabelle Minière)

Écrire engendre le plaisir!
Moi, je vis ce plaisir tout le temps.

jeudi 5 avril 2018

Un prêtre révolutionnaire... je l'honore!


John Shelby Spong

Ancien évêque anglican de Newark, New-Jersey, John Shelby Spong est un chrétien libéral qui croit en Jésus-Christ. Mais il rejette des vérités historiques proclamées par certaines doctrines chrétiennes,  les incohérences bibliques etc... Il est aussi un  fervent défenseur du féminisme. 

Voici un extrait écrit par Jacques Musset, tiré de l'avant-propos du livre ''Né d'une femme'', de J.S. Spong.

Parmi les figures qui ont particulièrement contribué  à dévaloriser la sexualité et en donner une image faussée, il y a le ''grand'' Saint-Augustin (335-430 de notre ère), l'inventeur du péché originel! Certes, l'évêque d'Hippone s'est inspiré du récit de ''la chute'' au début de la Genèse, mais il a élaboré une doctrine autrement plus précise et effrayante: le péché d'Adam et d'Ève a été transmis à leurs descendants par la voie de génération charnelle, c'est le le péché originel. De sorte que tous les humains naissent pécheurs et coupés de Dieu en endossant la faute d'Adam. Seul le Baptême est en mesure d'effacer la faute originelle qui souille l'âme des enfants. Doctrine endossée en 1992 par le pape Jean-Paul II.

Le mérite du livre de John Spong ''Né d'une femme'' est de remettre en cause les tabous dogmatiques, vérités considérées comme divines et soi-disant contenues dans les textes évangéliques. Il y a notamment la conception virginale de Jésus, sa divinité, la virginité perpétuelle de Marie...Ce livre aidera nombre d'hommes et de femmes de notre temps, chrétiens ou non à comprendre comment à partir  de lectures erronées des évangiles, on en est venu à diviniser Jésus  et désincarner Marie, à mépriser le corps et la sexualité et inférioriser les femmes.

John Shelby Spong écrit: Pendant la majeure partie des deux mille ans  d'histoire depuis la naissance de Jésus de Nazareth, l'Église chrétienne a participé à l'oppression des femmes et l'a soutenue. La Bible a  été produite à une époque patriarcale. Le patriarcat et Dieu sont si profondément et si naïvement liés au genre par la hiérarchie exclusivement masculine de l'Église que les hommes n'ont pratiquement pas compris en quoi cette alliance est utilisée au détriment de toutes les femmes. Puisque Marie est connue sous le nom de LA VIERGE  elle a contribué à ce schéma particulièrement chrétien qui consiste à considérer les femmes principalement en termes de fonctions sexuelles. Elles ne sont autorisées qu'à devenir des religieuses vierges ou des mères prolifiques. ces préjugés sexistes perdurent et dénaturent encore les femme jusqu'à aujourd'hui .

Je ne crois pas qu'une vierge mère puisse être présentée de manière crédible aux hommes et aux femmes d'aujourd'hui comme une mère idéale. Je crois que cette histoire a porté atteinte à l'humanité de Marie et qu'elle est devenue une arme aux mains de ceux dont les préjugés patriarcaux dénaturèrent l'humanité de tous, et des femmes en particulier.

Enfin, un homme d'Église parle avec intelligence et érudition. Au Moyen Âge, on l'aurait brûlé.


lundi 26 mars 2018

Nul besoin de croire en Dieu pour prier...



Frédéric Lenoir

Nul besoin de croire en Dieu ou à une quelconque divinité pour prier, pour remercier, pour demander, pour sentir son coeur vibrer à l'unisson au coeur du monde. Toute parole, toute pensée, tout regard adressé à la force mystérieuse qui anime l'univers nous relie à l'âme du monde et porte des fruits. La prière peut rester simplement un coeur à coeur silencieux dans lequel l'homme savoure l'amour  qui émane de l'âme, quelque soit le nom qu'il lui donne.

Et lorsque vous êtes reliés à l'âme du monde, celle-ci vous inspire des idées soudaines que nous appelons l'intuition. L'intuition est là pour nous guider au-delà de la logique rationnelle. Elle peut aussi prendre la forme d'une inspiration artistique ou intellectuelle.

L'âme du monde, c'est la formule des philosophes grecs de l'Antiquité, au-delà de tout dogme religieux. Il signifie la présence dans l'univers d'une force mystérieuse et bonne qui maintient l'ordre du monde. Pour les croyants, elle évoque la présence de Dieu ou d'une intelligence organisatrice du monde, sa providence. Pour les autres, l'énergie spirituelle qui maintient en harmonie la nature, comme l'âme par rapport au corps.

Je lis L'âme du monde de Frédéric Lenoir.  Magnifique livre!

Nul être ne nous appartient...



Frédéric Lenoir, philosophe et sociologue. Il a écrit une cinquantaine d'ouvrages traitant surtout du bonheur, du bien-être du développement spirituel...

Je lis L'âme du monde
Nul être ne nous appartient, chaque personne suit sa propre destinée. Ne laissons jamais le poison mortel de la possession envahir notre âme. Il nous faut apprendre à nous arracher de tout notre coeur aux êtres qui nous sont chers, créer une certaine distance avec nos émotions et nous rappeler sans cesse que tout est éphémère et que nul ne nous appartient. 

Une distance sereine face aux événements de la vie agréables ou douloureux  est une étape évolutive importante. Celui qui parvient à cette équanimité est le plus libre des hommes.


vendredi 23 mars 2018

Hemingway et son expérience de décorporation



Ernest Hemingway

Ambulancier pour la Croix-Rouge, Hemingway est chargé du ravitaillement des soldats sur le front italien. Au cours d'une distribution, il est touché aux jambes par l'explosion d'un mortier. Cet épisode est retracé dans le roman L' Adieu aux armes, à travers le personnage du lieutenant Frederic Henry, interprété par Rock Hudson. ''J'essayai de respirer, mais j'avais le souffle coupé et je me sentis sortir tout entier de moi-même, emporté loin, bien loin par le vent.Tout mon être s'enfuyait rapidement et je savais que j'étais mort et que c'était une erreur de croire qu'on mourait comme ça, sans s'en apercevoir; puis j'eus l'impression de flotter et, au lieu de continuer dans mon vol, je me sentis retomber. Je respirais, j'étais revenu à moi.''

Ce passage décrit sans ambiguïté possible une expérience de décorporation. Il affirmera que ce passage était une description fidèle de l'accident dont il avait été victime. Il écrira à ses parents: ''Les 227 blessures infligées par le mortier de Milan ne m'ont pas fait le moindre mal sur le moment, après être revenu à moi, je ressentais mes blessures comme 227 petits démons et clous plantés dans la chair.'' Et encore: ''Mourir est une chose très simple, j'ai regardé la mort en face et vraiment, maintenant je sais. Si j'avais dû mourir, cela aurait été ... clairement la chose la plus facile que j'aie jamais faite.''

On relève là certains éléments classiques d'une expérience de mort éminente NDE ( Near death experience): l'impression de sortir de son corps, la conviction d'être mort et l'absence de douleur sont des composantes souvent rapportées. L'écrivain a décrit clairement certains éléments caractéristiques  plus de 40 ans avant la popularisation de ce phénomène par Raymond Moody dans son livre La vie après la vie.

L'un des aspects d'un NDE  peut être examiné à la lumière de l'expérience d'Hemingway. Les rescapés changent souvent de comportements et de point de vue sur  la vie après leur accident. Ils n'ont plus peur de la mort et développent une conscience aigüe de certaines valeurs spirituelles. Certains ont vu dans son roman le plus célèbre Le vieil homme et la mer, un tournant tardif vers un certain mysticisme. Pour Hemingway une longue déchéance l'a conduit au suicide. Il fut hospitalisé à plusieurs reprises et soumis à des séances d'électrochocs. Il accusa ses médecins de brouiller sa mémoire. Il avait raison, cette déperdition de ses facultés mentales, en plus de le rendre incapable d'écrire, comptèrent beaucoup dans sa décision de mettre fin à ses jours. Le suicide lui paru le remède idéal dans la situation intolérable du  cancéreux insomniaque qu'il était. D'une simple pression du doigt, il répondit à l'appel de la mort qu'il portait en lui.

Extrait d'un texte écrit par Sebastian Dieguez, neuropsychologue de l'École polytechnique de Lausanne, en Suisse.

Regard sur Hemingway, un titan génial et désespéré




Hemingway restera dans l'histoire comme l'un des plus grands écrivains du XXe siècle. Son style unique laissera transparaître une lucidité troublante sur la mort et le suicide. Dans sa biographie, on constate qu'il a failli mourir sur un champ de bataille, et qu'il aurait alors vécu une ''expérience de mort éminente'',  cet état limite dont on ne revient que d'extrême justesse. Cet épisode a marqué son oeuvre.

Hemingway est l'un des écrivains les plus populaires et les plus lus au monde, et il reçut le prix Nobel de littérature en 1954. Il a connu trois guerres, quatre mariages et d'innombrables pays. La guerre, le déracinement, la dépression et l'alcoolisme sont autant de thèmes abordés dans ses romans, et largement autobiographiques. Hemingway buvait toute la journée sans être vraiment saoul; une lucidité sous forme de brouillard éthylique est à la source de ses héros, virils, désabusés, machos stoïques devant l'adversité et le danger.

Amateur de grands espaces et d'aventures, il n'a pas ménagé sa peine pour se créer un destin hors du commun. Engagé volontaire sur le front pendant la Première guerre mondiale, il est décoré pour avoir bravé le feu des mitraillettes et sauvé un camarade alors qu'il était lui-même grièvement blessé. Il se lance également dans les Brigades internationales de la guerre civile espagnole et assiste à la libération de Paris en 1944. La mort et l'action étaient des compagnes fidèles. Dans ses moments de détente, il chassait dans des safaris, pêchait le gros poisson et sa grande passion était la tauromachie. Il survécut à un accident d'avion et à d'innombrables blessures d'ivrogne. Il avait un caractère tourmenté et il souffrait vraisemblablement d'un trouble bipolaire chronique et d'insomnie. Plusieurs membres de sa famille se sont suicidés et il a été particulièrement troublé quand son père s'est donné la mort. Hemingway  lui-même mit fin à ses jours en 1961. On comprend que le suicide et la mort sont des thèmes récurrents de son oeuvre. Les personnages heureux, vertueux et agissant comme si la vie avait un sens sont dépeints comme des faibles dans son oeuvre. On imagine aisément qu'une jeunesse passée au contact de la guerre ait laissé de profondes traces dans l'esprit de l'écrivain.

Extrait d'un article paru dans la revue  Cerveau et Psycho  écrit par Sébastian Dieguez. (suite à venir)

dimanche 18 mars 2018

Jean d'Ormesson et le livre



Texte de Jean D'Ormesson

Les livres auront donné, pendant quelques millénaires, l'image de la dignité et de la puissance de l'homme. Et, plus que rien au monde, à l'exception de l'amour, plus que l'argent, plus que le pouvoir, plus que les paysages les plus magnifiques et les plaisirs les plus rares, ils auront fait leur bonheur.


Je peux bien l'aimer! Nous pensons de la même sorte de pensée ...  livresque!




Claude Tousignant et la vitalité énergétique des couleurs



Claude Tousignant 1932-2017 



Méfiez-vous de l'apparence simple des oeuvres de Claude Tousignant. Au même titre qu'un Rothko, un Molinari, un Mondrian, ses tableaux sont là pour stimuler et défier votre sensibilité perceptive. Tousignant est de ceux qui à travers  un processus d'épuration de signes, ont poussé l'abstraction jusqu'au minimalisme. Il dit: "Ce que je veux c'est amener la peinture à sa source, vidée de toute  chose qui lui est étrangère, là où elle n'est que sensation."

Au lieu d'explorer la disparition d'objets, comme le fait l'art abstrait, les plasticiens étudieront proprement les couleurs pour ce qu'elles sont, des perceptions visuelles. Les grands tableaux circulaires, la plupart réalisés entre 1965 et 1978, démarquent l'artiste des autres plasticiens.  Créées à partir de bandes concentriques, ces cibles chromatiques transmettent la vitalité  énergétique des couleurs. Ses oeuvres sont exposées partout au Canada et de part le monde et exercent un grand pouvoir de fascination.




Tousignant appelle ces immenses disques: des accélérateurs chromatiques

Extraits d'un texte de Céline Mayrand, tiré de la revue Parcours

mercredi 28 février 2018

''Alice'' du peintre Modigliani



Cette tableau d'Amedeo Modigliani fut peint en 1915 et est exposé au Statens Museum à Copenhague, au Danemark. J'adore cette oeuvre! Yeux et cheveux noirs..... ET LE BEAU NOM D'ALICE!

vendredi 23 février 2018

Quatre étreintes par jour...


Enseignement de la chamane  Oh’Shina: « Pour que l’homéostasie de l’humain maintienne son équilibre, quatre étreintes par jour lui sont nécessaires. Après l’étreinte, il y a augmentation des globules blancs.»

J’ajoute : quatre  étreintes faites dans la conscience.




mercredi 21 février 2018

Tout ce qui nous arrive est grâce...


Je me suis réveillée avec en tête le souvenir d’un pur bonheur.

Voilà deux personnes que je n’avais jamais vues. Immédiatement, une concordance des âmes s’est mise à brasiller.

Lui, le poète du bois, me manifestait sa connaissance des essences et les couleurs des bois, avec la tendresse et l’humilité de celui qui connaît aussi toutes les autres essences, même la mienne. «Je vais vous fabriquer un stylo avec ce bois rouge, le plus beau!». Je comprenais, je suis celle qui écrit...

Elle, quand j’ai eu bu la dernière goutte du vin de ma coupe, elle m’a tendu la sienne. Geste insolite ... un moment de grâce... et j’y ai bu avec une conscience aiguë: un vin devenait  élixir... «Je vais connaître  vos pensées, alors!» lui dis-je. Mais nous nous saisissions déjà.

Tout moment de lumière est porteur de son côté sombre... une grâce aussi, semble-t-il...

Je ne les reverrai jamais! 
Ils demeureront à tout jamais vivants!

lundi 29 janvier 2018

Un livre qui m'enchante: Cantique de l'acacia



Kossi Efoui, un visage inspirant...

Je commence à peine ce livre et déjà je laisse mon désir grandir de vous partager une page qui m'a troublée, chapitre 4, page 25.

La crête de l'île aux acacias avait les nuances d'un bleu chauffé à blanc. Les feuilles d'arbres tombées dans la nuit s'écoulaient maintenant avec la levée tranquille du vent.

Grace dit: Repose-toi Joyce, n'oublie pas de te regarder. Regarde-toi Joyce, tu es revenue. N'oublie pas de t'appeler par ton nom.

Et Joyce gardait les yeux baissés sur l'oiseau aux ailes déployées dessiné dans le sable par la coulée blanche de farine et d'eau mêlée que Grace répandait par terre, sans se baisser, buste droit et bras levé, dirigeant le tracé depuis cette hauteur et prononçant:

Ceux à qui ta présence inspire l'amour
Que mille oiseaux blancs les saluent
En ton nom.

Dans la même position, elle versa à présent la mousse frétillante du vin de palme et chantonnait:                      

Ceux à qui ta présence inspire la haine
Que l'ivresse de l'alcool les emporte dans la joie
Et qu'ils oublient de prononcer ton nom.

Une bénédiction émouvante de beauté et une malédiction faite de bienveillance!

Grace, devineresse, enchanteresse et guérisseuse avait été visitée par une vision prometteuse. Et... la petite Joyce leur était arrivée, inanimée, sur un radeau flottant.
Grace disait: Il faut se mettre à trois pour faire un enfant. Le mâle, la femelle et l'invisible. Joyce, l'enfant de la promesse, avait eu besoin de deux mères.

Cette histoire se passe sur la terre africaine. Et le rituel initiatique de la grand-mère et de l'adolescente nues et huilées, face à face, qui répètent des formules  glorifiant le pouvoir de la femme m'a  fascinée.

J'aime déjà ce livre, j'aime cette sorte de bonheur déjà en moi et devant moi. Ce livre est coté 4 étoiles par Le Devoir.

Placide Gaboury parle d'Art


Placide Gaboury, philosophe, professeur, écrivain, peintre et pianiste professionnel (1928-2012)

''L'art pour moi est une création humaine qui m'émeut. Elle peut en émouvoir d'autre que moi sans que je l'éprouve ou l'estime - c'est encore de l'art. Mais quand elle me touche, moi, j'appelle ça de la Beauté! L'art doit me toucher comme une chanson de Piaf (C'est l'amour qui fait qu'on s'aime) ou Brel (Entre Bruges et Gand). Le grand art pour moi est celui qui bouleverse.


C'est quand j'ai été  touché par de la beauté que je fais une aquarelle et l'émotion passe par le pinceau,  purifiée. Si quelqu'un observe la peinture et que son sentiment est éveillé à son tour, c'est un miroir, une communication, un acte d'amour. J'exprime ce qui est en moi, je ne sais pas si cela fait de moi un bon peintre. Mais ça fait un peintre sincère. L'art est totalement subjectif, mais dans notre rencontre avec la vie, les choses et la beauté, c'est notre coeur, notre être entier qui réagit, d'une réaction unique. 

Ce n'est pas parce que c'est du Picasso que ça me touche. Je lui accorde du génie mais je trouve que c'est aussi un manipulateur, un exhibitionniste qui croyait que tout ce qui l'habitait  valait de paraître sur toile ou autrement. Beaucoup de ses toiles me laissent complètement froid. J'aime ses dessins classiques, ses périodes bleue et rose mais à part ça, je n'aime pas Picasso. Je le trouve violent.

Ce que je disais de Picasso je le dirais également de Bach, de Mozart, de Beethoven. La forme est parfaite mais le coeur - le mien du moins n'est pas toujours là. Le compositeur qui me prend le plus c'est probablement Schubert, j'aime le concerto de Brahms pour piano, les sonates et concertos de Bach, la sonate pour deux pianos de Mozart, les concertos et symphonies de Beethoven, Chopin, et certaines pièces de Debussy comme En bateau et Clair de lune.

Quand une oeuvre nous touche, elle peut créer en nous ordre, harmonie et beauté.