samedi 30 avril 2016

Cuba : un mystérieux personnage.....


Hippocampus Sapiens

J'ai trouvé cette oeuvre au petit mercado de Las Dunas. Fascination, c'est le mot approprié. J'ai tellement pensé à ce tableau que j'y suis retournée et je l'ai acheté.

C'était pour David. Il n'y a que David capable de saisir la beauté de ce personnage. Un être issu d'un monde parallèle, un extra-terrestre...

Il est très difficile d'imaginer un personnage autre qu'un Homo Sapiens et qui serait beau, intelligent et spirituel. Il n'y a qu'à se rappeler  les créations hideuses du Seigneur des Anneaux. Les anges et Yoda ne sont que des Homo Sapiens modifiés. Celui-ci est magnifique, mage, initié, roi, sage, gourou, grand-prêtre, maître, Dieu... qui sait!

Sa poitrine est tatouée de signes mystérieux; je pense que David avec sa sensibilité d'artiste pourrait les décrypter. Et, en regardant attentivement ce personnage étrange on le découvre mâle et femelle tel le Dieu de la légende des Saintes Écritures.

Ce geste  veut  saluer le passage de David  à l'Université, une université située dans un autre pays appelé "Ontario".

Je t'aime David.

Romain Gary, ultimes paroles...




Romain Gary 1914-1980


Je prétends que le premier homme à avoir parlé d’une voix féminine au monde, c’est Jésus-Christ. Les valeurs de tendresse, de compassion, d’amour sont des valeurs féminines et elles ont été prononcées par un homme qui s’appelle Jésus.

En réalité on est toujours étonné qu’un agnostique comme moi soit tellement attaché au personnage de Jésus.

Ce que je vois dans Jésus et dans le christianisme - en dépit du fait qu’il soit tombé dans des mains masculines et devenues sanglantes par définition - c’est la voix de la féminité en dehors de toute question d’appartenance catholique que je peux avoir techniquement. On ne comprendra absolument rien à mon œuvre si l’on ne comprend pas le fait très simple que ce sont d’abord des livres d’amour et presque toujours, l’amour de la féminité. Si j’écris un livre dans lequel la féminité n’apparaît pas, elle y figure comme un manque, comme un trou.

Je ne connais pas d’autres valeurs personnelles, en tant que philosophie d’existence, que le couple. Je reconnais que j’ai raté ma vie sur ce point. Ce que j’ai fait de plus valable, c’est d’introduire dans tous mes livres, dans tout ce que j’ai écrit, cette passion de la féminité.

Si on me demande de dire quel a été le sens de ma vie, je répondrai toujours – et c’est vraiment bizarre pour un homme qui n’a jamais mis les pieds dans une église autrement que dans un but artistique – que cela a été la parole du Christ dans ce qu’elle constitue pour moi l’incarnation de la féminité.

Je pense que si le christianisme n’était pas tombé entre les mains des hommes mais entre les mains des femmes, on aurait eu aujourd’hui une tout autre vie, une tout autre société, une tout autre civilisation. Je voudrais seulement avoir encore le temps de continuer dans la même direction aussi longtemps que possible, simplement par amour de la femme. Je ne voudrais pas qu’il y ait plus tard, quand on parlera de Romain Gary, une autre valeur que celle de la féminité.

Ce texte est un extrait d’un entretien accordé par Romain Gary à Roger Grenier de Radio-Canada « Ces paroles ultimes serrent le cœur » écrit-il.

Moi aussi j’ai le cœur serré.  Peu de mois après l’enregistrement, Romain Gary mettait fin à ses jours, le 2 décembre 1980, d’une balle dans la tête.

vendredi 29 avril 2016

Cuba, l'aube



Les couleurs de l'aube



Dimanche

À l'aube, avec une amie, je suis allée vers la naissance du jour. Je pensais aux Incas révérencieux adorant le Dieu Soleil, nimbés de lumière, totalement reconnaissants parce que leur Dieu leur octroyait encore une fois la faveur d'un jour nouveau. Devant la beauté de cette naissance, j'étais admiratrice aussi, de la Beauté du Monde. J'ai vu le soleil en majesté, surgir des nuages et les colorer de rose et d'or, tout en faisant flamboyer la mer. C'était une expérience spirituelle.

La Terre continuera donc de tourner...

J'ai pensé avec beaucoup de douceur à mes enfants, j'ai prié pour eux et pour ma mère.

Je vous aime intensément.... et tout autant, la manière dont vous avez assuré "ma" suite du monde. Onze fois. Merci infiniment!

Une toute petite bruine bien-aimée est venue me rafraîchir un court moment aujourd'hui. Avec mes yeux intérieurs, j'ai continué de suivre mes respirations méditatives. Trois minutes, trois fois par jour.

Mes amies partiront demain. Je redeviendrai... une femme seule dans une foule, en terre cubaine. Puis, je partirai aussi, le coeur contant.

mardi 26 avril 2016

Cuba, lieu d'amitié



Samedi

Je me suis levée tôt et j'ai commencé ma journée au bord de la mer. La mer n'avait pas commencé à se parer du bleu des yeux de mes filles. Se baigner dans la mer alors que la mer est juste à soi c'est un feeling qui tient des joies de l'enfance. Nager seule dans une mer d'un bleu-bébé c'est un peu se rappeler l'extrême confort des eaux dans le ventre de la mère. À ce moment-ci, j'étais vraiment heureuse. Et la mer calme avait retrouvé ses couleurs intenses de yeux bleus.
À l'entrée du resto italien, deux femmes m'ont invitée à me joindre à elles. Simplement. Le mystère des rencontres fortuites nous a enveloppées et la joie circulait réconfortante. Pauline et Danielle. Tard dans la soirée, nous sommes allées marcher ensemble au bord de la mer. Nous nous tenions par la main parfois, l'obscurité était assez dense.

Seule, j'y suis retournée une nuit, assise sur les marches de bois de la passerelle. 

La mer, la nuit, c'est autre chose. Le bruit des vagues projette un petit quelque chose qui tient de l'effroi, de l'envoûtement, de l'incantation. Un bruit mystérieux, hypnotique, venu du fond de l'Atlantique charriait avec lui un côté troublant, puissant, dévastateur. Ce bruit me tenait en alerte. Bien en sécurité, j'aime les relents de terreur qu'il charrie, mémoire de tsunami, noyades et pleurs des femmes de marins. Et malgré tout, le ravissement demeure... J'aime la mer!


Dimanche

Le soleil et la chaleur m'accablent un peu. Ce soleil si magnifique me crée une fatigue... bienfaisante. Le patio avec son ombre reposante et son vent doux est le plus accueillant des abris. J'écris, je médite, je lis. Je déménage un fauteuil sur le patio pour un confort très délicieux. Je ressens l'apaisement du coeur qui s'installe. Je suis bien. 







J'aime savoir que sur cette île, des gens que je connais peu me saluent et prennent  plaisir à ma présence. Je suis en gratitude constante!

Cuba, une île d'apaisement



Gi à Cuba

Vendredi

J'ai décidé de faire des respirations-méditations, trois minutes trois fois par jour. C'est la respiration de la cohérence cardiaque. Parfois, je pose la main sur mon coeur et laisse pénétrer l'air en moi à travers ma main. Un espace se crée et ma respiration entre dans mon coeur par ma main et y ressort à l'expiration. J'aime ça, ça me fait du bien.

Un tsunami émotionnel nommé Frédérique-Anne m'a mise k.o. Une douleur m'a empoignée, la douleur d'exister. Les larmes coulaient et mouillaient ma blouse. Je n'avais aucune retenue. Je me laissais pleurer sans fin. Jusqu'à la fin du monde. Elle me manque tellement cette enfant. Mais on finit toujours par arrêter de pleurer.  Je me suis mouchée, et j'ai repris mes respirations. Peu à peu, par à- coup, j'ai accueilli l'apaisement.  Une abondante peine s'est écoulée hors de moi. Mais mon corps en garde encore une mémoire. Un point douloureux à l'omoplate, celui de l'agonie, réapparaît;  mal musculaire qui veut sortir hors de moi lui aussi, on dirait.






Je suis allée voir les voiliers sur la mer. La Beauté du monde m'est guérissante. Dans la réalité, je me sens presque constamment en gratitude. La chaleur, le sable d'un blanc crémeux et la mer que j'aime tant me vont bien! La solitude aussi. Et je comprends très bien le côté addick des marins.

Vivement du champagne et de l'eau fraîche!

Je fais vraiment mon possible.....

lundi 25 avril 2016

Cuba, voyage initiatique




Mercredi
J'ai quitté neige, pluie froide et temps sombre pour la mer, le soleil et le farniente. Seule!!!! c'est mon exploit personnel. Je n'avais encore jamais osé ça. Étonnamment, cette décision était parfaite. Mon feeling de "drive" personnelle ne m'a jamais quittée. Y avait trois lits dans ma chambre... pour une personne seule, c'était encombrant. On m'a trouvé la chambre idéale, patio au niveau du sol. 

Je suis allée saluer la mer. Elle m'a tellement manqué! J'adore le petit vent doux qui me suit partout. Et ce vert et ce bleu qui s'entremêlent. C'est d'une spirituelle beauté! La ligne à l'horizon d'un bleu profond me fait penser aux beaux yeux des jumelles.



Jeudi

Je me promène partout sur le site, lentement. J'adopte une posture que j'aime particulièrement pour marcher, le "maintien de la dignité". J'abaisse mes épaules, dos droit, j'imagine un fil qui tire finement ma tête vers les nuages et j'abaisse un tout petit peu mon menton pour dégager la nuque. Je me sens royale! Je me perds et je me retrouve dans une tranquille dignité, une tranquille jubilation. Faut dire que quelques flûtes de champagne accompagnent mes déambulations. Y a toujours quelqu'une avec un cabaret et un beau sourire qui me croise!!!


Prières pour ceux que j'aime


J'ai deux gros stress.
Les cartes magnétiques qui servent à ouvrir la porte se déchargent pour un tout et pour un rien. Je dois faire recharger ma carte au lobby. En plus, hier soir, un énorme taon noir ou cafard se baladait dans ma chambre. Je l'ai pris avec un papier mouchoir et je suis sortie le mener dans le jardin. La porte s'est refermée. J'ai réalisé que j'étais dehors et nue sous mon djellaba et j'ai du me rendre au lobby en utilisant un vieux truc de sorcière: je me suis rendue invisible. Croix de fer, croix de bois, personne ne m'a vue.

Le deuxième stress, c'est le wi-fi. L'internet, c'est pourri à Cuba. J'ai finalement pu donner de mes nouvelles aux enfants, après de longues irritations!

vendredi 8 avril 2016

Élise Fontenaille N'Diaye et le Blue Book




Élise Fontenaille N'Diaye

Madame Fontenaille N'Diaye a retrouvé dans le catalogue d'une bibliothèque de Prétoria, le Blue Book de Thomas O'Reilly. Ce rapport, ultime rescapé, n'a jamais été publié ni traduit dans aucune langue.

En 1919, quelques mois après avoir remis son rapport, le major O'Reilly meurt mystérieusement, au Cap, à 36 ans, officiellement de la grippe espagnole. Il a disparu sans laisser de traces en dehors de cette liasse non signée, le Blue Book.

Un jour, un délégué du ministère des Affaires Étrangères allemand demanda à rencontrer en privé son homologue britannique à Londres. Il déposa sur son bureau un épais document relié en toile blanche le White Book et qui contenait une compilation des principales atrocités commises par les grandes puissances européennes dans leurs colonies au cours du XIXe siècle. "Soit vous détruisez tous les exemplaires du Blue Book soit nous publions le White Book et nous le diffuserons largement". Le gouvernement britannique rappela tous les exemplaires du Blue Book et les fit détruire sur-le-champ. Un seul fut conservé mais mystérieusement disparu. Élise Fontenailles N'Diaye l'a retrouvé.

L'histoire s'est répétée avec les Juifs sous Hitler. Un exercice préparatoire inconnu avait été fait. L'Île Shark Island fut jadis un effroyable camp d'extermination où des milliers de Namas et Hereros ont connu une fin atroce.

En 2004, la ministre allemande déléguée à la Corporation s'est excusée, en son nom, pour les exactions que son pays avait commis un siècle plus tôt au Sud-Ouest africain. Des Hereros ont exigé des excuses officielles, mais la ministre a refusé: le faire aurait entraîné des demandes de dédommagements, et cela, le gouvernement allemand refusait d'en entendre parler. Le Musée anthropologique à Berlin a restitué vingt crânes de Hereros et Namas à la Namibie. Vingt crânes parmi les milliers profanés et volés. Ces crânes numérotés et répertoriés  étaient depuis plus d'un siècle dans les placards de l'hôpital. Les têtes avaient été retranchées des corps et conservées dans du formol. Ces reliques ont été remises à une délégation namibienne, venue avec une grande émotion, chercher les restes de ses ancêtres. Aucun représentant du gouvernement allemand n'était présent, ce qui a irrité la délégation. 

Néanmoins, depuis une dizaine d'années, le budget allemand de coopération avec la Namibie est devenu le premier en terme d'aide étrangère, avant même celui d'Israël. Est-ce une forme de contrition ou une aide aux descendants allemands, aux colons toujours établis en Namibie et qui restent les premiers détenteurs des richesses foncières du pays, dont les mines de diamants? Les deux peut-être...

Les Hereros étaient beaucoup plus humains sur un champ de bataille; c'était un peuple fin, beau et subtil.  

Quelle misère!

jeudi 7 avril 2016

Les grandes puissances européennes se partagent un continent: l'Afrique



Je lis Blue Book de Élise Fontenaille N'Diaye. Livre retrouvé dans le catalogue d'une bibliothèque de Pretoria. Le Blue Book de Thomas O`Reilly avait été micro filmé. Heureusement! L'ordre avait été donné de détruire tous les exemplaires de ce livre. 


La conférence de Berlin est une date clé de novembre 1884 à février 1885. Le chancelier du Reich convoqua les ministres des affaires étrangères des grandes puissances européennes pour se partager un continent: l'Afrique. L'Allemagne s'octroie le protectorat des Territoires du Sud-Ouest africain (Namibie actuelle). Chacun s'attribue sa part du gâteau africain, on signe une avalanche de traités afin de ne pas empiéter sur le  territoire de l'autre, européen s'entend.

Un ouragan de violence va bientôt se déchaîner sur ces ethnies... et c'est Heinrich Göring - le père d'Hermann Göring, futur bras droit d'Hitler - qui est nommé gouverneur de la colonie que l'Allemagne vient de s'octroyer. Il s'arrogea leurs terres, il est bien sûr en accord avec ce concept de races inférieures dominées par les races supérieures. La première d'entre elles, c'est évidemment la race germanique, supériorité entérinée à l'époque par la plupart des anthropologues allemands qui mesurent les crânes des indigènes et qui par des écarts dérisoires - quelques millimètres de différence - entre les os pariétaux, justifient la supposée infériorité raciale.


Deux peuples, les Hereros et les Namas ont été martyrisés, affamés, massacrés, pendus. Plusieurs témoignages ont été relevés, des viols de femmes et de filles sont accablants et remplis d'atroces détails. "Des femmes étaient attelées par huit aux chariots et devaient les tirer comme des bêtes de somme. Elles mouraient fouettées et d'épuisement. Les Allemands ont tué des milliers de femmes et d'enfants sur le bord des routes. Ils les passaient à la baïonnette ou les battaient à mort avec la crosse de leur fusil. Les cadavres étaient laissés sur place livrés aux charognards avant de pourrir". (témoignage de Jan Kubas) 

Les récits issus de l'enquête de O'Reilly, rapportés par des témoins oculaires et retranscrits par ses soins, étaient assez nombreux pour former, reliés, plusieurs volumes. Le livre Blue Book témoigne comment l'ordre d'extermination  a été appliqué. "Les Allemands n'ont épargné aucun enfant, aucune femme, ils en ont tué des milliers et des milliers. J'ai été témoins de ces boucheries pendant des jours et des jours. Les femmes et les filles Hereros étaient violées avant d'être tuées" (Témoignage de Johamer Krüger)

"Les prisonniers étaient battus à mort. La manière dont ce châtiment était effectué était particulièrement atroce, des lambeaux de chair volaient dans toute la pièce. Les prisonniers survivants de la guerre, ont été emprisonnés sur l'île Shark Island. Bien qu'au bord de la mort, les femmes étaient employées comme ouvrières sur le chantier du chemin de fer et brutalement violées la nuit". (témoignage de Johann Nouhout) 

suite.....