mardi 7 février 2012

Une douleur ... Hiroshima

J'ai regardé la semaine dernière, un documentaire télévisé sur la bombe atomique lancée sur Hiroshima et Nagasaki par les Américains. À vrai dire, je ne suis pas encore tout à fait remise du choc puissant que j'ai ressenti. Je pleure encore.



Les services secrets du gouvernement américain connaissaient l'audacieuse  initiative des forces  japonaises de bombarder une base américaine. La décision fut prise  de taire cette nouvelle-choc. Le peuple américain refusait de se commettre dans la guerre d'Hitler qui embrasait l'Europe; cette attaque leur donnerait  la légitimité d'entrer en guerre, avec l'appui du peuple. On craignait que l'attaque eut lieu en Californie ou en Orégon mais finalement ce fut les soldats de l'importante base militaire  d' une île du Pacifique, Pearl Harbor, qui furent sacrifiés. Les travaux ultra secrets sur la création d'une bombe atomique  se terminaient et le Japon devenait une cible parfaite.

Ce n'était pas une stratégie militaire de combat qui visait à détruire des  cibles militaires. Oppenheimer, directeur scientifique  chargé de concevoir la bombe, avouera qu'il ignorait tout de la situation militaire du Japon. Hiroshima et Nagasaki ont été choisies à cause de leur densité de population et de leur état météorologique favorable. Le recours à cette arme barbare n'a été d' aucune utilité pratique dans cette guerre contre le Japon, les Japonais étaient  déjà vaincus, prêts à capituler.  Les services secrets venaient de déchiffrer une missive japonaise parlant de cette reddition. Le Président Truman  décida de passer sous silence cette information et la classa Top Secret. On venait, dans le secret le plus absolu, de créer un monstre leur permettant une hégémonie extraordinaire et une démonstration de supériorité et de force tout aussi extraordinaire sur le monde. Il fallait en toute logique, maintenant, tester l'efficacité de cette bombe sur des humains. Et la cible choisie fut Hiroshima.

Dans le documentaire, on voit Truman écrire sur la bombe en grosses lettres: Avec toute mon affection, Truman xxx; un haut fait de cruauté et de cynisme. Après le lancement, il dira joyeux, "C'est le plus grand jour de l'histoire." Cette bombe larguée allait  réduire en cendre la chair et les os de 140 000 hommes, femmes et enfants d' Hiroshima, plus 200 000 morts d'irradiation jusqu'à la fin du XXe s. Puis, trois jours plus tard, l'attaque absolument inutile de Nagasaki.

Une campagne de désinformation fut orchestrée. On affirmait que les Japonais n'avaient pas souffert: la mort s'étant manifestée dans l'espace de temps d'une seconde. Toutes les photos des mutilés, des brûlés, des aveugles, des calcinés  ont été déclarés Top secret et cachés aux Américains. Une défense formelle fut  faite aux survivants de divulguer quoi que ce soit de l'après séisme avec menaces de représailles sévères.





Après le désastre, des médecins et scientifiques américains sont débarqués dans l'île avec la mission non de soigner  mais de mesurer le taux de radioactivité et de métaux lourds dans le sang des malades et de définir toutes les étapes de l'irradiation jusqu'à leur mort. Le Japon n'eut jamais  accès à ces utiles informations. Et tous ces gens mutilés, aveugles, blessés  sont restés sans soins et sans aide américaine.

Je ne peux que souscrire aux paroles de Camus à la diffusion de cette terrible nouvelle: " Le monde est ce qu'il est, c'est-à-dire peu de chose. Il est permis de penser qu'il y a quelque indécence à célébrer une telle découverte, qui se met au service de la plus formidable rage dont l'homme ait fait preuve depuis des siècles."

J'émerge à peine d'un marasme intérieur tenace. Nous sommes indignes de la terre et de ses beautés. Mammifères si peu évolués que nous sommes! J'ai encore des larmes à verser.

Demain, je pars aux États-unis visiter ma fille et ses trois enfants, ses "trois moucmoucs". Le trajet sera long. J'utiliserai ce temps de solitude pour réfléchir aux paroles pleines de bon sens de mon fils Dominicke afin d'apaiser la turbulence de mes désespérances, et pour préparer mon coeur à recevoir une tonne d'amour.

C'est la Loi à l'Information qui nous donnent maintenant accès à ces révélations douloureuses.



Caroline a écrit : "Ce que tu sais me toucher, Gisèle!"



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