Kossi Efoui, un visage inspirant...
Je commence à peine ce livre et déjà je laisse mon désir grandir de vous partager une page qui m'a troublée, chapitre 4, page 25.
La crête de l'île aux acacias avait les nuances d'un bleu chauffé à blanc. Les feuilles d'arbres tombées dans la nuit s'écoulaient maintenant avec la levée tranquille du vent.
Grace dit: Repose-toi Joyce, n'oublie pas de te regarder. Regarde-toi Joyce, tu es revenue. N'oublie pas de t'appeler par ton nom.
Et Joyce gardait les yeux baissés sur l'oiseau aux ailes déployées dessiné dans le sable par la coulée blanche de farine et d'eau mêlée que Grace répandait par terre, sans se baisser, buste droit et bras levé, dirigeant le tracé depuis cette hauteur et prononçant:
Ceux à qui ta présence inspire l'amour
Que mille oiseaux blancs les saluent
En ton nom.
Dans la même position, elle versa à présent la mousse frétillante du vin de palme et chantonnait:
Ceux à qui ta présence inspire la haine
Que l'ivresse de l'alcool les emporte dans la joie
Et qu'ils oublient de prononcer ton nom.
Une bénédiction émouvante de beauté et une malédiction faite de bienveillance!
Grace, devineresse, enchanteresse et guérisseuse avait été visitée par une vision prometteuse. Et... la petite Joyce leur était arrivée, inanimée, sur un radeau flottant.
Grace disait: Il faut se mettre à trois pour faire un enfant. Le mâle, la femelle et l'invisible. Joyce, l'enfant de la promesse, avait eu besoin de deux mères.
Cette histoire se passe sur la terre africaine. Et le rituel initiatique de la grand-mère et de l'adolescente nues et huilées, face à face, qui répètent des formules glorifiant le pouvoir de la femme m'a fascinée.
J'aime déjà ce livre, j'aime cette sorte de bonheur déjà en moi et devant moi. Ce livre est coté 4 étoiles par Le Devoir.
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