samedi 10 décembre 2011

La désolante gestion de la fécondité

Dès l'âge de 10 ans jusqu'à 52 ans, les femmes sont aux prises avec la gestion de leur fécondité. Tous les 28 jours, une éternelle appréhension affole la tranquillité d'esprit des femmes: l'écoulement de sang. Une absence d'écoulement du sang menstruel, si la grossesse n'est pas désirée, c'est une petite fin du monde.

La pilule, c'est un féroce engagement. Elle doit être prise tous les jours sans jamais faillir. Même si un événement quelconque vient perturber la routine, même si l'euphorie d'une festivité arrosée facilite l'oubli, même si la pilule fait prendre du poids, même si elle peut donner le cancer, même si elle a de sévères effets secondaires, même si on en a marre, la sécurité passe par la prise quotidienne, sinon....

Il y a les femmes qui sont irrégulières. Aucune méthode ne peut alors assurer une fécondité contrôlée, sauf la pilule si la femme la tolère, sinon... l'abstinence!!! Certaines femmes sont allergiques à la pilule contraceptive, d'autres au cuivre du stérilet. La pilule du lendemain n'existe que dans très peu de pays. Il y a aussi les circonstances non prévisibles où le désir sexuel fait loi et fait perdre la tête. Il y a aussi les insistances du partenaire et le désir d'intimité mutuelle alliés au désir de ne pas déplaire. Et il y a les viols.

La grossesse peut venir bouleverser la vie, les études, la carrière de l'adolescente ou de la femme et même celle du conjoint. Il y a les timides premières fois: l'audace et la maturité exigée de la jeune fille quand il s'agit de demander au garçon de mettre un condom, et son désarroi quand il refuse.... la femme est terriblement seule dans cette gestion et voilà qu'en bout de ligne, les hommes s'en mêlent et veulent s'arroger le droit de légiférer pour interdire et pénaliser l'avortement.

Je plains toutes les femmes esclaves, pauvres et soumises à la loi des hommes et de Dieu, le mâle des mâles.

Chaque coït est lourd de conséquences pour une fille, une femme. Des milliers de femmes en meurent sur la planète soit en accouchant, soit en se faisant avorter d'inique façon. Combien de "faiseuses d'anges" ont été brûlées et d'avorteurs menacés de mort pour avoir aidé ces femmes! Que du plaisir et de l'insouciance pour l'homme! Bien des hommes ignorent totalement le nombre d'enfants qui sont nés de leur oeuvre et les détresses, la solitude, la misère et les rejets vécus par ces mères. Et cette croyance qui a court dans certains pays que violer une fille vierge guérit du sida! Ces petites filles attrapent le sida et mettent au monde des bébés sidéens voués à la mort, et elles n'ont évidemment aucun droit à un avortement médicalisé.

Que dire des stratégies guerrières qui consistent à engrosser les femmes afin qu'elles portent en elle, bien vivant, le fruit de l'ennemi! Et de la fragilité des femmes enceintes qui ne peuvent pas fuir et qui se font lier les jambes afin que l'enfant et la mère meurent. Les femmes subissent des cruautés honteuses parce que ce sont elles qui portent les bébés, qu'ils aient été désirés ou pas et si l'accès à l'avortement est interdit tout l'équilibre psychologique des femmes s'en trouve dévasté. La générosité des femmes est incommensurable et leur solitude et leur détresse après certains coïts, poignantes. Le droit à l'avortement devrait être inaliénable.

La gestion de la fécondité est un casse-tête des plus aberrants et une bienveillance inconditionnelle s'impose de la part des hommes et des femmes aussi. Et il ne faut pas compter sur les Églises, leurs chefs étant mâles et notoirement misogynes. Et bientôt non plus, sur nos gouvernements!!! L'avortement est un acte douloureux, une tragédie, un mal nécessaire. Une affaire de femmes, inexorablement!

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