Images du film Les hommes et les dieux de Xavier Beauvois
Jean-Marie Lassausse : "La violence qui s'est déversée sur les moines de Tibhirine ne laissent pas tranquille. Le fait qu'ils aient lié leur sort à la population jusqu'au bout, d'être restés fidèles, interroge et bouleverse les Algériens de 2012. Leur présence constante, toute personne qui allait frapper à leur porte était accueillie, (on pense au terroriste blessé qui avait besoin de soins dans le film), cette fidélité indéfectible fut l'expression la plus profonde et la plus authentique de leur engagement. Tout les poussait à quitter les lieux, il y avait des abbayes en France prêtes à les accueillir. Les moines sentaient leur sort lié à celui de la population de Tibhirine, ils n'ont pas désertés.
Ce fut une grave décision, âprement discutée, ils n'ont pas quitté le navire. Un jour, des terroristes armés sont venus les amener. L'inquiétude dura 45 jours, pour s'achever dramatiquement avec l'annonce de l'exécution des moines, puis, la découverte de leur tête quelques jours plus tard, violence inouïe!
Le prieur Christian dans son testament, écrit: "Je ne vois pas comment je pourrais me réjouir que ce peuple que j'aime soit indistinctement accusé de mon meurtre. Je ne saurais souhaiter une telle mort surtout si cet Algérien, quel qu'il soit dit agir en fidélité à ce qu'il croit être l'Islam. L'Algérie et l'Islam, c'est autre chose, c'est un corps et une âme."
La période du terrorisme a été une blessure qui saigne encore aujourd'hui. Mais à toute personne qui frappe, la porte s'ouvre encore. De nombreux mulsulmans viennent se recueillir sur la tombe des frères. Tibhirine vit encore aujourd'hui du souffle de la communauté assassinée. Sept moines ont donné leur vie. Frère Luc avant d'être assassiné y a vécu plus de cinquante ans et soigné des milliers de personnes. Nous sommes les invités dans la maison de l'Islam"
Témoignage exceptionnel du gardien des lieux, Jean-Marie Lassausse.
Le film obtient le Grand Prix du festival de Cannes en 2010
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