Blaise Cendrars
Le Brésil ne connaît pas la peine de mort. Un Blanc brésilien-Hollandais était condamné à la prison à vie. Il était chef de gare et il avait ouvert la poitrine de son rival d'un coup de couteau pour lui arracher le coeur et le dévorer cru, à pleines dents! Il y avait déjà vingt-cinq ans qu'il était enfermé. Il allait au bout de son acte sans se plaindre. Quand je suis venu le voir, je lui ai demandé: "Dites, si l'on vous relâchait aujourd'hui, est-ce que vous recommenceriez? - Je recommencerais! m'a-t-il répondu avec un sourire de délectation morose.
Jusqu'à ce jour, je croyais que les prisons servaient à quelque chose. Par cette réponse, la preuve est faite qu'elles ne servent à rien du tout, on peut donc les démolir tranquillement. Il n'y a que l'âme de l'homme qui compte. Les fers et les murs sont de la frime.
Je lis Les Grandes Heures. Les entretiens avec Cendrars ont été réalisés par Michel Manoll
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