Romain Gary (1914-1980)
Un désespoir lumineux, presque joyeux qui est peut-être un fragment de réponse à la question que posa son geste définitif: il se suicida d'une balle dans la gorge.
Gary fut couronné par le prix Goncourt en 1965 pour Les Racines du ciel. Et un deuxième prix Goncourt en 1975 par l'imaginaire Émile Ajar pour Une vie devant soi. La "mystification Ajar" ne sera découverte qu'après la mort de l'écrivain. Il demeure le seul à avoir gagner deux prix Goncourt.
Romain Gary est né en 1914, en Lituanie, de parents juifs, dans les steppes de la Russie centrale. Sa langue maternelle est le russe mais sa mère était une francophile enragée, "Ma mère commença à me donner des cours de français en Russie. Elle parlait couramment cette langue et son rêve était d'aller vivre en France. Après un temps d'arrêt en Pologne, on se fixa à Nice. Toute cette vie de gosse sur la Côte d'Azur... j'ai eu une enfance financièrement difficile mais si je puis dire, merveilleuse."
Il répond aux questions d'André Bourin:
Je ne pense jamais à moi-même. Je suis égoïste et probablement égocentrique. Je pense beaucoup à mes désirs, à mes aspirations, à ce que je veux, mais il ne m'arrive jamais de m'analyser. Je n'ai jamais réfléchi à ce que je suis.
Je ne pense jamais à moi-même. Je suis égoïste et probablement égocentrique. Je pense beaucoup à mes désirs, à mes aspirations, à ce que je veux, mais il ne m'arrive jamais de m'analyser. Je n'ai jamais réfléchi à ce que je suis.
L'humour n'est pas une arme française. L'humour est l'arme des faibles et des vaincus. C'est une arme qu'on emploie quand on est désarmé. C'est pourquoi l'humour juif a été tellement développé: c'est une façon de tenir l'ennemi à l'écart par la plaisanterie qui donne un sentiment de supériorité provisoire. Les Français ayant toujours été un peuple d'élite, sûr de lui, dominateur, ils n'ont jamais eu besoin de recourir à l'arme de l'humour. Vous remarquerez que c'est sous l'Occupation que sont nés la plupart des mots d'humour que nous connaissons encore maintenant.
La seule chose que je voudrais pour mon fils, c'est qu'il soit amoureux de la vie. Qu'il ait un rapport très fort avec la vie. Parce que si un homme aime vraiment les arbres, si un homme aime vraiment la mer ou si un homme aime quoi que ce soit, il est sauvé. Ce qui me frappe beaucoup de la jeunesse d'aujourd'hui, c'est qu'ils n'aiment pas la vie. En Amérique, le triomphe de la drogue indique un dégoût de la vie, même de la sexualité - qui est pour moi une chose extraordinaire, merveilleuse, féconde, une aventure sans fin - Les jeunes sont absolument indispensables, c'est un aiguillon dans le rein de l'humanité, de la société qui est irremplaçable.
Romain Gary épouse Jean Seberg, une actrice-icône de la Nouvelle Vague. Ils auront un fils, Alexandre Diego. Ils divorceront et quelques années plus tard, Jean Seberg se suicidera. À son tour, un an après, Romain Gary se suicide. Dans la lettre qu'il laissa, il écrivit: aucun rapport avec Jean Seberg.
Jean Seberg
Avec un passé de résistant, un passage dans la diplomatie, un saut dans le cinéma, et une réputation d'homme à femmes, Romain Gary, né en mai 1914, aurait eu cent ans, ce 8 mai.
"La vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais".
"La vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais".
Je lis Les Grandes Heures. Entretiens réalisés par André Bourin
La réflexion sur l'humour des peuples me parle crument. Peuple québécois, champion dans l'humour/ peuple vaincu incapable de conquérir son indépendance...
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