Blaise Cendrars, le bourlingueur
Je suis en synchronicité totale avec Blaise Cendrars. Après avoir lu L'Album de sa vie (j'en ai fait trois blogues récemment), voilà que je lis Les grandes Heures, entretiens radiophoniques diffusés sur Radio France. La collection a pour vocation de pérenniser les artistes, cinéastes, écrivains et intellectuels qui ont marqué le XXe siècle. Et parmi ces entretiens mythiques, il y a une rencontre avec Blaise Cendrars, le cavaleur sublime. La bibliothèque ne possède aucun livre de Blaise Cendrars, et après recherche par le biais des prêts interbibliothèques du Québec, on en a repéré seulement deux. J'ai finalement trouvé le beau livre L'OR de Cendrars dans une petite boutique de livres usagés. Et je l'ai lu d'une traite. C'est décevant quand même! Deux Cendrars dans tout le Québec, dont l'Album que je viens de lire. Cendrars c'est un conteur, il parle de Picasso, de Modigliani, de Rimbaud... c'est toujours juteux.
Cendrars parle de Picasso:
J'ai toujours prétendu qu'un garçon comme Picasso, qui passe pour être le père du cubisme, et d'une façon générale tous les peintres de cette époque sont de cinquante ans en retard sur ce que produisent les poètes. Un garçon comme Picasso illustre merveilleusement Mallarmé. Il se croît à l'avant-garde du monde d'aujourd'hui mais il n'a pas la moindre idée de ce que peut être la poésie moderne. Les peintres n'ont pas encore atteint la vision de Rimbaud. C'est pourquoi je dis qu'ils sont en retard. Quand Picasso chiffonne les choses, quand il chiffonne un visage, eh bien, il travaille pour la mode, il ne travaille pas du tout pour la modernité et encore moins pour la vie. Son succès, son influence universelle, son triomphe même, prouvent qu'il n'est pas un maître, sinon comment expliquer que tous les snobs de la Côte d'Azur se soient trouvés soudain initiés et comme touchés par la grâce des dieux du cubisme? On n'a jamais peint plus laid. Ah non! Picasso n'est pas un précurseur. C'est le bâtard de l'académisme. Son père était conservateur de musée. Il lutte avec son père, pas avec l'ange!
Enfin quelqu'un le pense et le dit! "On a jamais fait plus laid!"
Je lis Les Grandes Heures, entretiens réalisés par Michel Manoll avec Blaise Cendrars
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