mercredi 26 novembre 2014

L'assassinat d'Oscar Romero, archevêque du San Salvador




Oscar Romero 1917-1980

L'archevêque Romero est l'un des dix martyrs du XXe siècle à travers le monde dont le nom est gravé dans la pierre au-dessus de la Grande Porte Ouest de l'Abbaye de Westminster à Londres.

Enfant d'une famille pauvre du Salvador,  il  fut ordonné prêtre à Rome en avril 1942. De retour au Salvador, le Père Romero devint le curé d'une paroisse à St-Miguel et le resta pendant plus de vingt ans. Là, il se révéla être un prêtre de communauté exemplaire et joua un rôle important dans la promotion de la construction d'une cathédrale à St-Miguel. Il était connu comme une personnalité conservatrice et discrète, il n'aurait en aucun cas discuté l'autorité  papale ou gouvernementale. En 1977, Oscar Romero enfila la tenue de nouvel Archevêque du San Salvador.

Trois semaines après, Romero connut ce qui allait être un tournant dans sa vie. À cette époque, on commençait à soutenir "la théologie de libération" en Amérique latine. On voulait que les prêtres s'impliquent de plus en plus en politique ou dans des campagnes pour la justice sociale, défendant les masses opprimées par les régimes militaires du continent. Mais de tels points de vue progressistes étaient dangereux à défendre sous les généraux qui dirigeaient le San Salvador dans les années 1970. Mais voilà que le Père Rutilio, un ami très proche de Romero, fut assassiné alors qu'il allait célébrer la messe. Sa mort eut un profond impact sur Romero. Il s'agissait d'une révélation, qui lui ouvrit les yeux sur le sort de ceux que Rutilio avait tenté de secourir. Ce soir-là, il alla voir le corps de son ami et il déclara: "Lorsque j'ai vu la dépouille de Rutilio, je me suis dit que s'il avait été tué pour avoir fait ce qu'il avait fait, je devais suivre le même chemin". Il pressa le gouvernement du président Arturo Molina d'enquêter sur ce crime, mais celui-ci ignora cette requête et la Presse contrôlée par l'État garda le silence sur cet événement.

Le meurtre du Père  Rutilio avait radicalisé Romero, et lui avait donné le courage de se faire entendre. Durant les années qui suivirent, il devint un adversaire acharné de la pauvreté et d'une injustice sociale endémique. Il combattit également la corruption politique, le recours habituel à la torture et à la fréquence trop élevée des assassinats. Ses discours et ses écrits furent entendus dans le monde entier, et en 1979, il fut nominé pour un Prix Nobel de la paix.

À cette époque, la guerre civile avait éclaté au Salvador et le Salvador entra dans une période d'anarchie sanguinaire de douze années qui vit naître les escadrons de la mort de mèche avec l'armée. Ce désastre coûta la vie à 80 000 personnes, en grande partie des civils. La victime la plus connue des escadrons de la mort fut Romero lui-même. L'archevêque prévient le président Carter de cesser l'aide militaire américaine, de plus en plus importante au Salvador qui finirait par renforcer l'injustice et la répression des personnes qui ne se battaient que pour leurs droits élémentaires. Carter ignora les plaintes de Romero.

Romero mourut le 24 mars 1980. Ses assassins agirent alors qu'il célébrait la messe dans une petite chapelle près de sa cathédrale. La veille, son sermon avait rappelé aux soldats à désobéir aux ordres qui violaient les droits de l'homme. Ce matin-là, alors qu'il terminait son homélie, des hommes non identifiés, débarquèrent dans la chapelle et tirèrent à plusieurs reprises dans sa direction. Sans surprise, les meurtriers ne furent jamais arrêtés.

Romero fut enterré dans la crypte de sa propre cathédrale. Plus de 250 000 personnes assistèrent à ses funérailles. Durant la cérémonie, des troupes de sécurité du gouvernement lancèrent des bombes dans la foule alors que des tireurs de l'armée, habillés en civils, firent feu depuis les balcons ou le toit du palais national, provoquant un véritable chaos. Quarante-deux civils furent tués ce jour-là, et des centaines d'autres furent blessés. La mort de Romero ne changea malheureusement rien à la violence au Salvador. Les atrocités atteignirent leur paroxysme avec le meurtre et le viol de Jean Donovan, une missionnaire catholique américaine laïque, partisane de Romero, par un escadron de la mort du gouvernement suivi du massacre d'El Mozote, durant lequel les forces armées du Salvador tuèrent environ 900 civils dans deux villages, dont des femmes et des enfants. L'année suivante, un nouveau parti politique (ARENA) fut créé et qui triompha; trois ans plus tard la guerre civile prit fin. Et le meurtre de l'Archevêque resta impuni.

Un autre être d'exception assassiné! Je me souviens de ce jour de tristesse. En classe, plus tard , nous avons fait une recherche sur cet homme; ce fut pour nous un modèle de courage. Quelle perte cruelle pour les Salvatoriens et pour nous tous de par le monde qui l'aimions. Je me sens priante, ce soir...

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