mardi 28 juillet 2015

Annie Leclerc et Nancy Huston, deux femmes de grande qualité



Annie Leclerc (1940-2006)

Je  lis Passions d'Annie Leclerc. Ce livre écrit par Nancy Huston, romancière canadienne, est un hommage à son amie décédée un an auparavant: Annie Leclerc, philosophe, écrivaine et féministe. Dans les années 70, j'ai lu avec passion les livres de cette femme bouleversante de sincérité et d'authenticité. Elle a eu une grande influence dans ma vie de femme et de mère. Comme le dit Nancy, "Je l'ai laissée se marier à mes neurones".  Avec ce si beau livre , je la retrouve à nouveau et c'est avec une délicate jubilation que je me joins à elle et aux  milliers de femmes qui aiment  encore Annie Leclerc d'amour.

Nancy:
Gilgamesh , le plus ancien héros, le plus ardent, le plus intrépide, celui qui alla jusqu'à braver la mort, disait: "Je vis pour émerveiller ma mère lorsqu'elle me tenait sur ses genoux".

Cette phrase de Gilgamesh, prélevée dans l'une des plus anciennes épopées humaines (XVIII siècles avant notre ère) est comme un drapeau rouge dans l'oeuvre d'Annie Leclerc. Elle dit, cette phrase, le rêve de gloire des hommes. Elle dit leur besoin d'exploits, d'héroïsme, de preuves viriles; en un mot elle dit que l'on ne naît pas homme, mais qu'on le devient et que dans cette histoire de sexe, d'oppression, l'aliénation n'est pas forcément là où l'on croit.

Annie:
À mes yeux, ce n'est pas du côté des femmes mais des hommes que régnait l'aliénation la plus grande. C'étaient eux qui avaient le plus oublié ce que c'était de vivre, penser, aimer, être ensemble. C'étaient eux d'abord qui adoraient les faux dieux de la possession et de la domination. Pas nous qui savions encore qu'il n'y a pas de plus grande jouissance que de donner à jouir et de recevoir celle de celui qui donne à jouir.



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