lundi 7 août 2017

Il y a de ces paroles amoureuses....


Jean Charlebois
Son livre Hanches neige a été choisi parmi les vingt-cinq plus beaux livres au Canada par Design Canada en 1977.


Texte tiré d'un article du Devoir à la sortie du livre La nuit comme le jour 

Il y a de ces paroles amoureuses, dites dans l'amour même, qui laissent pantois :'' Quand tu auras décidé de mourir, je te dirai de mourir ma chérie. Juré. je te tiendrai la main et je veillerai de tous mes yeux sur toi. Lorsque tu m'as demandé un jour de te tenir la main, quand tu mourras, j'ai été ému au sang. Ce tout petit si grand geste... Je tiens ta main pour toujours. Plus un jour si tu veux''.

Dès le début du recueil, nous sommes saisis devant la beauté du chant d'amour pour celle qui meurt, là, à l'instant, et à laquelle il dit de mourir: '' Meurs. Prends tout ton temps, je reste avec toi pour le reste de ma vie. Juré. Sois sans crainte. Sois belle et très toi. Meurs. Tout de suite''.

Il y a là un moment tremblé et si tendre qu'on aurait le goût de fermer le livre, ou de relire le texte; et on se dit que, peut-être, plus loin, nous attend un vacillement aussi grand, au coeur des poèmes. Et on dérive de page en page, dans cette jubilation de la langue propre à Charlebois parce que dans son amour humain se glisse celui des mots et des délices.

Recueil à maints égards bouleversant dans la densité amoureuse des vocables qui s'y déploient parce qu'un poète ''se parle'', ce qui produit fatalement du sens pour les autres. Vie et mort d'un être aimé, de soi et des autres, angoisse et passion, effervescence des souvenirs ressurgis vifs et pleins de sens dans l'actualité du poète. 

Ce livre d'une rare intensité apprend à tout aimer, et à admirer un poète qui a la force de sa propre lucidité.

J'écris à travers mes larmes. Nous tenions ce langage d'amour à Frédérique-Anne alors qu'elle mourait et nous aussi, un peu, en même temps qu'elle.

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