mercredi 8 novembre 2017

Apprendre à étreindre une personne, Thich Nhat Hanh



Thich Nhat Hanh, moine bouddhiste vietnamien  


LA MÉDITATION DE L’ÉTREINTE

La première fois que j’ai appris à serrer quelqu’un dans mes bras, c’était à Atlanta en 1966. Une poétesse m’avait amené à l’aéroport et, au moment de nous dire au revoir, elle me demanda: « Est-ce qu’on a le droit de serrer un moine bouddhiste dans ses bras? » Dans mon pays, nous n’avons pas l’habitude d’être aussi expressifs en public mais je lui répondis « Pourquoi pas?», et je la laissai me prendre dans ses bras. Mais j’étais plutôt raide. Une fois dans l’avion, je me dis que, si je voulais travailler avec mes amis en Occident, je devrais apprendre la culture  occidentale. C’est ainsi que j’ai inventé la méditation de l’étreinte.

La méditation de l’étreinte est une combinaison de l’Orient et de l’Occident. Selon la pratique de la pleine conscience, il faut vraiment étreindre la personne qui est dans vos bras. Vous devez la rendre très réelle  dans vos bras. Vous ne le faites pas juste pour la forme, en lui tapotant le dos deux ou trois fois pour faire semblant d’être là. Soyez au contraire vraiment là, pleinement présent. Respirez consciemment pendant qu’elle est dans vos bras et étreignez-là avec tout votre esprit, votre corps et votre coeur. « En inspirant, je sais que cette personne que j’aime est dans mes bras, bien vivante. En expirant, je suis conscient qu’elle est très précieuse pour moi. »

Pendant que vous l’étreignez en inspirant et en expirant trois fois, la personne qui est dans vos bras devient réelle et vous aussi devenez réel en même temps. Quand vous aimez quelqu’un, vous voulez son bonheur. S’il n’est pas heureux, vous ne pouvez pas être heureux non plus.  Le bonheur n’est pas une affaire individuelle. L’amour véritable est synonyme de compréhension, une compréhension profonde. 

J’aime beaucoup cette étreinte consciente et je la pratique aussi avec satisfaction. Une étreinte consciente  c'est une respiration aimante qui se communique à l'autre et doucement, s'ensuit un rythme unifié, apaisant. Quelques explications me manquaient sur ce sujet. C’est complet maintenant.

Extrait du livre La terre est ma demeure

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