Alice a 13 ans aujourd'hui

Alice, bon anniversaire! Même le soleil est heureux pour toi aujourd'hui!

Qu'elle vienne la vie! tes bras sont grands ouverts, une tête bien faite et un coeur plein de tendresse. Tu es une belle fille, vivante, pleine de ressources et de......contradictions....

N'a pas 13 ans qui veut!

J'ai mis deux petites ailes à mon coeur et il virevoltera toute la journée autour de ton coeur de 13 ans. Je suis là pour toi, toujours!

Et, si chère Alice, j'ai un cadeau qui vient d'Afrique pour toi.

Vas-y, Alice, empoigne-la ta vie, à deux mains!

Je te fais un beau sourire!  Mamie-Gi xxx

Houda de Monastir

C'est Nana qui nous l'a présentée. Elle s'appelle Houda et cette femme m'a laissé une forte impression. Elle parlait doucement, d'une voix grave, et ses yeux vifs et noirs, filtrés par un voile de larmes retenues me regardaient avec intensité. Cette femme très digne, très forte a ouvert son coeur, simplement.

Son fils de 20 ans, avait un rêve, venir finir ses études au Québec. Finalement devant tant d'insistance, les parents ont accepté. Kaies était heureux. Un magnifique poster nous le montrait, beau comme un coeur, souriant à pleines dents sous de gros flocons de neige, une nuit, à Montréal.

Il était assis dans une voiture, la faisant réchauffer en attendant ses amis. Il écoutait sa musique. Il écrivait à sa mère des mots de tendresse. Il était de bonne humeur. La charrue est passée, elle a refoulé la neige par dessus le tuyau d'échappement et quelques dizaines de minutes plus tard, il n'était plus de ce monde..... On l'a retrouvé avec un demi sourire, le portable sur ses genoux et sa musique encore fixée à ses oreilles. 20 ans!

Et elle, la mère, alors que nous étions encore en Tunisie, est venue au Canada, au Québec, marcher dans les pas de son fils, rencontrer ses professeurs, ses amis, ce Québec qu'il aimait tant. Une étape du deuil.

Je sais maintenant encore plus, qu'on peut survivre à cette épreuve. Je suis entrée en contact avec une mère debout, digne, ruisselante de peine intérieurement et...vivante.

Juste avant de partir, je lui ai demandé la faveur de prendre une photo d'elle. Elle a dit oui et elle m'a souri. Voilà ce beau visage de Femme!

Elle m'a dit aussi: " Puis-je vous écrire de temps en temps ?"

- "Ce sera un privilège, madame!"

Étrange mystère que celui des âmes qui se reconnaissent....

Bou d'Arkoub

Ils nous ont accueillis dans leur pays avec une générosité affectueuse. Ils nous ont fait visiter des endroits magnifiques, en dehors du circuit touristique. Lui, Sadock, c'est un seigneur, il gère d'immenses espaces plantés de vignes, d'asperges, d'orangers et de citronniers. Elle, Nana : "Chaque jour, je fais ce qu'il y a à faire et je suis essentielle".  Je trouve ces paroles vraiment inspirantes....

Ils nous ont amenés dans un tout petit village pittoresque, Erglas, qui disparaîtra bientôt pour un grand port de mer, un des plus grand de la Méditerranée. Dans un petit resto haut perché, la vue était sublime! De cette beauté qui laisse en soi une trace indéfinissable, de cette beauté qui l'espace d'un instant nous met en contact avec notre dimension spirituelle. Inoubliable! ...

Nous avons été invités dans leur maison, typiquement tunisienne, et nous nous y sommes sentis très bien. Sadock s'est penché dans un sillon de son aspergeraie et il a bougé la terre avec ses doigts à quelques endroits. Puis, il a déposé dans mes mains ouvertes des tessons d'amphores, vieux de trois mille ans. Du sol, des artéfacts de l'ère romaine surgissent continuellement. Je les garde précieusement dans une belle assiette décorée à la tunisienne.

J'ai découvert tout le côté maghrébin de Guy, dans ses longues et intéressantes conversations avec Sadock, sur le colonialisme, la vie de Bourghiba, l'Algérie, l'époque romaine etc... J'ai appris beaucoup en les écoutant.

Si nous avons tellement aimé la Tunisie c'est beaucoup grâce à eux. La présence de Nana, Sadock et Henrietta, la maman de Nana, est vivante dans nos souvenirs et nos coeurs.

Souvenirs d'Afrique, la cathédrale St-Louis

Dans la Sainte-Chapelle, à la stupéfaction de tous, Louis IX annonce qu'il se croise à nouveau. En 1270, la 8e croisade arrive devant Tunis. Mais l'armée est victime d'une épidémie de dysenterie et le roi de France meurt de la peste aux portes de Tunis, sans avoir vu les troupes de son fils Charles qui arrivait en grand renfort. La force d'âme du roi mourant, dans un camp ravagé par la peste, fit plus pour sa renommée que n'eût fait une victoire. Le Bey Hussein II donne l'autorisation au consul de France d'ériger une chapelle sur la colline de Byrsa, au centre de l'acropole punique. Une croix, la seule debout à cette date en Tunisie, surmontait la chapelle. En 1884, sous le protectorat français, on édifie une cathédrale aux côtés de la chapelle Saint-Louis. Après l'indépendance de la Tunisie, la cathédrale devint un centre culturel, l'Acropolium.

C'est une des plus belles photos de notre séjour en Tunisie. Attenant à la cathédrale, dans un petit bistro, nous avons siroté un thé sucré, émus de penser que nous avions peut-être marché dans les pas de saint-Louis, roi de France .

Souvenirs d'Afrique, Kébilia

Nous sommes allés au port. J'ai pensé à Jacques Brel et au port d' Amsterdam. Des pêcheurs réparaient leurs filets dans des effluves de sel et de poissons. Je les ai regardés travailler, on aurait dit des dentelières. L'un d'entre eux m'a fait signe d'approcher. Il m'a donné une alène : "Veux-tu m'aider? Essaie! " J'ai fait quelques loupes laborieusement, mais je jubilais.

Kélibia remonte à l'époque punique. En 2007, des archéologue ont trouvé des vestiges constituant la première preuve d'une présence antique du judaïsme dans la région du Cap Bon. Le monument trouvé est constitué d'une mosaïque dont les dessins représentent 12 chandeliers à 7 branches et ne laisse aucun doute sur la présence d'un lieu sacré juif.

Kélibia a fait renaître le plus ancien vignoble au monde et nous offre un vin vieux de plus de 3 mille ans, le ¨Passum¨. La plus ancienne cuvée connue, au VIIe siècle avant J.C., fut vinifiée par le grand Magon, général carthaginois et frère d'Hannibal. Le¨Magon¨ trônait sur toutes les tables à l'Hôtel, il va sans dire!

Souvenirs d'Afrique- Sidi Bou Saïd

Sidi Bou Saïd porte le nom d'un saint, Abou Saïd, surnommé le "Maître des Mers". Les marins naviguant à proximité du site pensaient être protégés et bénis par lui. Il mourut en l'an 1231.

Le village est délicieusement attrayant, toutes les maisons étant obligatoirement peintes en blanc et bleu, sur fond de mer! Sidi Bou Saïd devint le premier site classé du monde (1915). Le site est surnommé "Le petit paradis blanc et bleu"

En compagnie de nos amis tunisiens, nous nous sommes prélassés au Café des Délices devant un thé sucré, à la menthe, servi avec pignons rôtis. Et le paysage était d'une beauté saisissante! Nous étions heureux et détendus. J'ai osé... fumer le narghilé! L'objet est magnifique. C'est une pipe à long tuyau et la fumée du tabac passe par un flacon rempli d'eau de rose. Ce fut pour moi, une expérience belle et poétique .

Nous sommes allés visiter un autre resto célèbre: le Café des Nattes. Il n'y a pas de chaises, que des nattes sur matelas, petites tables basses et... des narghilés. Je comprends pourquoi Simone de Beauvoir, André Gide, Lamartine, Flaubert... s'y plaisaient tant!

Sidi Bou Saïd, c'est beau comme un poème...

Souvenirs d'Afrique- Carthage et la légende d'Élyssa

La dame de Carthage, VIe siècle, Tunisie

Premier gros coup de coeur pour les ruines romaines de Carthage! Nous avons marché dans les ruines fameuses des thermes d'Antonin. Mais Carthage existait bien avant les Romains. Voici la légende d'Élyssa, fondatrice de Carthage.

À sa mort, le roi de Tyr légua le pouvoir à ses deux enfants Pygmalion et Elyssa. Le fils préféra gouverner seul, d'autant plus que sa soeur avait épousé leur oncle Acherbas, grand prêtre qui jouissait d'une autorité aussi grande que celle du roi et disposait d'une richesse fabuleuse. Il fit assassiner Acherbas pour s'approprier sa fortune. Se sachant menacée, la reine phénicienne s'enfuit avec ses gens restés fidèles. Elle brava la mer et partit à la recherche d'une ville neuve. Son navire accosta sur les côtes africaines. Nous sommes alors au IXe siècle.

Élyssa sollicita l'amitié des habitants qui voyaient avec joie l'arrivée de ces étrangers avec qui faire des échanges et du commerce. Puis, elle voulut faire l'acquisition de terres pour bâtir sa ville. On lui offrit un morceau de terre grand comme la peau d'un boeuf ! Elle accepta. Rusée, elle fit couper la peau en très fines lanières et occupa ainsi plus d'espace qu'elle en avait demandé. Les constructions commencèrent. Les gens du voisinage accoururent en foule apporter aux étrangers des marchandises et des présents et finirent par s'établir avec eux. Ensemble, ils construisirent Carthage. Et pour que Carthage vive et prospère, Elyssa fit monter un grand feu et devant son peuple, elle s'immola. Étrange fin pour cette femme si brillante. Mais une histoire d'amour déçu avec Énée sous-tend aussi cette histoire.

Carthage garda des liens étroits avec Tyr. Les habitants se définirent comme ¨puniques¨ pour se distinguer de la cité mère. Descendants des Phéniciens, en terre d'Afrique, ils ont créé une culture différente.

Les longues guerres puniques finirent par  dévaster cette ville mythique. En 146 avant l'ère chrétienne, les Romains brûlèrent Carthage. Le censeur romain Caton voyant l'immense influence de cette ville sur la Méditerranée, terminait tous ses écrits et ses discours par : "Il faut détruire Carthage!" Ce qui fut finalement fait!

Trois siècles plus tard, Jules César décida de la reconstruire et Carthage devint la troisième plus grande ville du monde romain.

Puis elle tomba aux mains des Vandales et finalement, elle fut conquise par les Arabes en 698.

Pendant des siècles, Carthage fut pillée et spoliée. Maints châteaux et cathédrales se sont érigés partout en Europe à partir de ses pierres, ses marbres, ses mosaïques, ses chapiteaux etc... Carthage, trois fois millénaire appartient au patrimoine de l'humanité. Ses ruines exercent encore une fascination mélancolique et nous les avons parcourues avec une émotion pleine de respect et d'admiration.

Plage de Carthage

Et Frédérique-Anne chuta pour la troisième fois

Frédérique-Anne et William sous la neige

Une première fois, Frédérique-Anne courait pieds nus sur le bord d'une piscine et elle a glissé. Elle a perdu connaissance. Il me semble encore entendre ce bruit, ce bruit sourd d'un crâne frappant les dalles... Les autorités ont fait évacuer la piscine et les ambulanciers l'ont emportée... Hospitalisée pendant 24 heures, elle nous est revenue indemne !

Une deuxième fois, déjà un premier drame, notre chien Méphisto venait d'être frappé. Il gisait sur le bord de la rue. Attirée par le bruit et les cris, Frédérique-Anne, sort de la cour et traverse la rue entre deux voitures et à son tour, elle est happée par une auto. J'ai vu son petit corps d'enfant projeté dans les airs et retomber sur le pavé. Je l'ai prise dans mes bras et je l'ai bercée, la forçant à rester éveiller. Mais sans cesse, elle reperdait connaissance. Les ambulanciers l'ont amenée... Marie, Manou et Nounou pleuraient dans mes bras et je pleurais avec eux. Et.... elle nous est revenue indemne avec une récompense: une cage avec 2 petits pinsons dedans. Il est de ces mystères si grands qu'on se plaît à les vénérer! 

Une dernière chute. Sa pantoufle restée prisonnière d'un clou, elle déboule l'escalier menant à la cave. Elle s'évanouit. Heureusement, son mari était là et les 2 enfants dormaient. Les ambulanciers l'ont amenée. Et ... elle nous est revenue indemne, carcan protecteur au cou et un besoin urgent de sa mère! Cette enfant de 37 ans, me met encore dans des états émotionnels tempétueux! Je la crois divinement prise en charge par une légion d'anges!!! J'en ai bien pris soin, j'ai pris soin aussi de ses 2 petits bonshommes.

Trois chutes! Le cycle est terminé. Ouf!

Mais je pose dans l'Invisible des petits yeux au bout de ses pieds !!!