vendredi 18 avril 2008

Houda de Monastir

C'est Nana qui nous l'a présentée. Elle s'appelle Houda et cette femme m'a laissé une forte impression. Elle parlait doucement, d'une voix grave, et ses yeux vifs et noirs, filtrés par un voile de larmes retenues me regardaient avec intensité. Cette femme très digne, très forte a ouvert son coeur, simplement.

Son fils de 20 ans, avait un rêve, venir finir ses études au Québec. Finalement devant tant d'insistance, les parents ont accepté. Kaies était heureux. Un magnifique poster nous le montrait, beau comme un coeur, souriant à pleines dents sous de gros flocons de neige, une nuit, à Montréal.

Il était assis dans une voiture, la faisant réchauffer en attendant ses amis. Il écoutait sa musique. Il écrivait à sa mère des mots de tendresse. Il était de bonne humeur. La charrue est passée, elle a refoulé la neige par dessus le tuyau d'échappement et quelques dizaines de minutes plus tard, il n'était plus de ce monde..... On l'a retrouvé avec un demi sourire, le portable sur ses genoux et sa musique encore fixée à ses oreilles. 20 ans!

Et elle, la mère, alors que nous étions encore en Tunisie, est venue au Canada, au Québec, marcher dans les pas de son fils, rencontrer ses professeurs, ses amis, ce Québec qu'il aimait tant. Une étape du deuil.

Je sais maintenant encore plus, qu'on peut survivre à cette épreuve. Je suis entrée en contact avec une mère debout, digne, ruisselante de peine intérieurement et...vivante.

Juste avant de partir, je lui ai demandé la faveur de prendre une photo d'elle. Elle a dit oui et elle m'a souri. Voilà ce beau visage de Femme!

Elle m'a dit aussi: " Puis-je vous écrire de temps en temps ?"
- "Ce sera un privilège, madame!"
Étrange mystère que celui des âmes qui se reconnaissent....


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