samedi 9 août 2014

Rimbaud, une âme égarée parmi nous tous...



Rimbaud  1854-1891


À dix-neuf ans, au milieu de son existence, Rimbaud rendit l'âme. Sa muse est morte à ses côtés parmi ses rêves massacrés. Pourtant ce fut un prodige qui en trois ans, avait donné l'impression d'avoir épuisé l'art de générations entières. "Je vis que tous les êtres humains ont une fatalité de bonheur.  L'action n'est pas la vie mais une façon de gâcher quelque chose, un énervement". Et ... il se précipita dans le maelström. À pied, il sillonne l'Europe en tous sens, se fait toujours rapatrier malade ou sans le sou, il occupe une kyrielle d'emplois, apprend plus de douze langues. Et au lieu de faire le commerce des mots, il se livre à celui du café, des épices, de l'ivoire, des peaux, de l'or, des fusils, des esclaves. Sans arrêt, le travail qu'il hait, mais par-dessus tout l'ennui! Il n'entrera jamais dans le royaume de l'amour. 

"Je suis prêt pour la perfection" déclare-t-il. On a tellement insisté sur cette phrase: "... long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens." On a tellement disserté sur sa jeunesse débauchée, sur sa vie de bohème. N'avait-il donc pas conscience qu'il possédait un trésor, qu'il détenait la puissance, qu'il occupait une position inexpugnable, lorsqu'il était poète tout simplement? Il y a des aveuglements inexplicables. On ne peut s'étonner qu'il s'ennuyait à mourir. Il ne pouvait vivre avec lui-même. 

Vers la fin de sa vie, quand il fut "le grand malade", quand sa jambe fut coupée, une formidable tumeur s'épanouissait sur son moignon et, progressaient à travers son corps les germes sournois du cancer. Ce qui me laisse perplexe c'est sa vie, tellement à l'opposée de sa vision. "Raffinons nos doigts, c'est-à-dire tous nos points de contact avec l'extérieur". Une seule chose est claire: la joie ne l'habitait pas. Ce qui nous reste à travers la gorge c'est qu'il ait déserté l'art. "Une âme égarée parmi nous tous", voilà comment il se décrit à plusieurs reprises.

Ce poète me bouleverse profondément, ce personnage d'après me blesse le coeur.

Je lis Le temps des assassins, essai sur Rimbaud par Henry Miller

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