dimanche 17 août 2014

Quelques mises au point sur le Moyen Âge...



Jacques Le Goff, écrivain médiéviste français 1924-2014

Les philosophes du XVIII siècle ont vu dans le Moyen Âge une époque obscurantiste à cause de la place qu'y faisait la religion. Les Anglais lui ont attribué un qualificatif qui lui est longtemps resté: "dark age". Attention, "moyen" ne veut pas dire "médiocre". C'est un âge intermédiaire entre deux périodes plus riches, brillantes: l'Antiquité et la Renaissance. Mais ceci n'est pas vraiment vrai car la Renaissance ce n'est pas une Révolution (guerres de religion, peste, ni une période de science). Le Moyen Âge a été traversé par toute une série de mouvements qui furent des renaissances. Celle du XIIe siècle où l'on commence à recopier les oeuvres de l'Antiquité, où l'on remet à l'honneur la pensée d'Aristote, Ciceron... L'absolutisme de la royauté ne peut être considéré comme un progrès. 




Suite au Concile de Latran, tous les chrétiens de plus de 14 ans ont été obligés de se confesser au moins une fois l'an. Un bouleversement extraordinaire: le péché qui n'était qu'une faute objective rachetée par une pénitence, devait être maintenant évalué par les prêtres. Les manuels des confesseurs sont de véritables enquêtes dans les consciences, qui leur permettaient de pénétrer jusqu'au coeur de la pensée individuelle.

Mais il y a aussi les cathédrales avec le personnage le plus important, l'évêque. Mais aussi l'Université, qui demeure la base de l'enseignement non seulement en Occident, mais dans le monde. C'est aussi au sein des villes que naît la mesure exacte de l'heure. Auparavant, il existait des heures canoniques qui scandaient la vie des moines. Ces heures ont laissé comme trace l'Angelus.

L'Église engage une lutte sans merci contre tout ce qui rappelle le paganisme. Pour commencer, la destruction des temples et des idoles puis la superposition des pratiques, des monuments et des personnages chrétiens aux prédécesseurs païens. Les collines dédiées à Mercure seront consacrées à Saint Michel, la création de monstres diaboliques  tués par des saints pour annuler les processions de grands dragons d'osier dans les rues afin d'attirer la bénédiction divine sur les récoltes.

L'Église invente le purgatoire. Pour l'Église traditionnelle, il n'y a que deux endroits dans l'au-delà, l'enfer et le paradis. Avec le purgatoire, un troisième lieu qui ne durera qu'un temps contrairement aux deux autres. La peine, une fois purgée, il n'y a qu'une issue: le paradis. Pour sortir du purgatoire, il faut bien sûr des prières, des messes, des aumônes ce qui renforce le pouvoir et les richesses de l'Église. Évidemment cela donne aussi une nouvelle solidarité aux relations entre les vivants et les morts.

La grande sottise de la chrétienté et surtout de l'Église, ce sont les croisades. Elles ont appauvri l'Occident et elles ont laissé des souvenirs de cruauté qui pèsent encore contre les Occidentaux dans les pays où elles ont été menées.

Je lis  Le Moyen Âge de Jacques Le Goff

Je lui rends hommage à ma façon, c'était un historien émérite, un érudit de l'époque médiévale.


Aucun commentaire: