La reine Aliénor et le roi Louis VII (1147-1149)
À la mort de son père Guillaume X, Aliénor est la seule héritière du duché d'Aquitaine. Son mariage avec le prince Louis faisait entrer dans la mouvance capétienne un très vaste territoire englobant le Poitou, la Gascogne, le Périgord, l'Auvergne et le Limousin. Mais l'Aquitaine ne s'agrégeait pas totalement à la France, elle gardait son autonomie. Le futur Louis VII avait seize ans, Aliénor, quinze. Ce roi ne connut guère que des échecs.
Le jeune roi était éperdument amoureux de sa femme et celle-ci en profita, s'occupant assidûment de politique. Elle fut la première femme française chef d'État à part entière. Elle obtient la demi disgrâce du vieux conseiller Suger et l'éviction de sa belle-mère. Subjuguant son époux par sa beauté et ses caresses, elle n'hésita pas à le jeter dans une sombre aventure d'adultère au profit de sa soeur ce qui permit au comte Thibault de Champagne, lésé, de lancer un défit au roi, s'estimant offensé. S'ensuivit une guerre, Louis envahit la Champagne et fit incendier la ville de Vitry, 1300 personnes furent incendiées dans l'église où elles s'étaient réfugiées. Champagne capitula honteusement et il aurait perdu son comté sans l'intervention du pape et de saint Bernard. Et Louis dût remettre les terres acquises. Il avait sacrifié sans profit, des vies humaines et beaucoup d'argent. Le souvenir des brûlés de Vitry le hantera toute sa vie.
Se croyant un grand stratège et rêvant de se couvrir de gloire en devenant un chevalier de légende, il voulut éblouir sa jeune épouse. Bernard de Clairvaux propose une croisade. Il prononce une vigoureuse allocution puis fixe une croix de drap rouge sur la poitrine du roi. La reine Aliénor se croise également et après elle, dans l'enthousiasme, tous les grands du royaume. Aliénor et le roi gagnent la Terre Sainte. Ils font une escale à Antioche, le maître d'Antioche est l'oncle d'Aliénor; ils ne se quittaient plus. Jaloux, Louis hâte son départ pour Jérusalem et Aliénor lui oppose un refus. Il amena Aliénor quasi de force, elle, femme d'envergure, cultivée, déterminée et hautaine! La mésentente paraissait d'ores et déjà sans remède. Louis VII et Conrad III empereur d'Allemagne, assiègent Damas. Le siège fut si mal conduit qu'ils échouèrent lamentablement. Conrad repart pour l'Allemagne et Louis pour la France, presque seuls. Il ne restait rien de leur superbe armée.
À la mort de Suger, un grand homme d'état, tout se dégrada. Il ne restait plus à Louis VII qu'une faute à commettre pour ruiner l'oeuvre de son père et de Suger: la répudiation d'Aliénor impliquant la perte d'Aquitaine, une masse territoriale considérable et... le retour aux anciennes limites. Aliénor ne lui avait donné que deux filles, elle n'avait pas rempli sa mission d'assurer la pérennité de la dynastie des capets. Prétextant la consanguinité, Alienor obtient l'annulation de son mariage. C'est la première fois qu'une reine demande et obtient le divorce. Et la belle Aliénor regagna sa chère Aquitaine.
Deux mois plus tard, puissante et dans toute la beauté de ses trente ans, elle jette son dévolu sur Henri de Plantagenêt, duc de Normandie et comte d'Anjou.
Je lis Les rois qui ont fait la France, Georges Bondonove
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