mercredi 24 février 2016

Et si le monde était sauvé par les pauvres...


Comment comprendre qu'un pauvre donne tout ce qu'il possède à un plus pauvre que lui? Que des gens beaux, riches et en santé comme Edward Stachura et Simone Weil ou que des saints comme saint François d'Assise, s'exposent aux démunis, aux désespérés ou aux lépreux, au péril de leur santé physique et mentale ?

Pour notre monde qui a déchiré le tissu social en lambeaux et fait de nous des atomes tournant en orbite autour de la valeur du travail et de l'argent, l'empathie, la compassion, l'altruisme seraient des valeurs à jeter au rebut avec toute religion.

Pourtant, les anthropologues nous ont appris depuis longtemps que ces valeurs sont portées par bien des peuples n'ayant jamais médité ou vu une croix de leur histoire.

Les scientifiques ont aussi identifié des "neurones miroirs" qui seraient le substrat des réactions d'empathie, et montré que le filon génétique des grands singes dont est issue la lignée d'Homo sapiens pratiquent la compassion depuis la nuit des temps: toute la tribu se prodigue des soins essentiels à tour de rôle, sans quoi la survie des petits et des aînés serait impossible. 

Il semble bien que l'espèce humaine jusqu'à maintenant s'explique par la mise en commun des biens et des maux de chacun. Ce souci de l'autre serait inscrit en nous et dans la nature, comme une intuition, en vertu duquel les parties sont nécessairement reliées entre elles de façon harmonieuse.

Est-il possible que la compassion inverse les données habituelles de l'économie, que ce soit celui qui donne qui reçoive le plus et que le monde soit sauvé par les pauvres, comme le dit Bernanos ? 

Il suffit parfois d'un geste ou d'une parole pour nous redonner notre humanité.

Rien ni personne ne peut exister sans un minimum de bonté. Hitler aimait les chiens.

Je lis: Figures de compassion sous la direction d'Yvon Rivard et Sarah Rocheville

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