vendredi 25 août 2017

Entrer dans une église...


Bernard Émond
''Je ne suis pas vraiment un optimiste mais je n'ai pas perdu l'espérance. Par l'attention au monde, on peut trouver la beauté''.


Je lis avec une vraie ferveur son dernier livre ''Camarade, ferme ton poste'', (2017)


Il y a peu d'endroits où je me sens aussi bien que dans une église, dans n'importe quelle église, que ce soit une chapelle isolée, une église de village ou une cathédrale du Vieux Continent. Je peux être touché par une mosquée, un temple bouddhiste ou une église orthodoxe. J'aime aussi l'austérité des temples protestants, même le baroque délirant de certaines églises, même la puissance écrasante de Saint-Pierre de Rome. Moi, qui marche beaucoup dans ma propre ville, Montréal, je regrette que si peu d'églises n'y soient ouvertes en dehors des heures de culte. Il me semble qu'on m'interdit ainsi des choses dont j'ai le plus grand besoin.

Et avant tout le silence, cet apaisement, ce bien-être qu'on ressent tout à coup. C'est que le silence d'une église n'est pas n'importe quel silence. Quelque chose l'habite. Et ce ''quelque chose'' nous touche. Le silence d'une église est plein d'une sorte de présence. Présence du divin peut-être. Rémanence ou parfum si on veut, de la foi et des prières des générations qui se sont succédé sur ses bancs. Il y a là quelque chose de très émouvant. Dans ces chemins de croix, dans ces statues, dans ces tableaux, même les plus naïfs, il y a un rappel de ce qui a été au centre de la culture occidentale depuis vingt siècles. Ce que nous sommes, ce que nous pensons  a été façonné par le christianisme. Mais quelle culture n'a pas ses côtés sombres? Faudrait-il à cause de cela préférer l'oubli de ce que nous sommes, de ce qui nous a fait? Je déplore une perte peut-être  irréparable.

Assis dans une église presque vide, je ne peux m'empêcher de penser à ce que nous avons perdu, au fait que parmi les jeunes gens, seule une petite minorité est aujourd'hui capable de décoder l'ensemble des signes présents dans une église. Qui sont ces personnages peints ou sculptés? Que représentent ces quatorze tableaux qui bordent la nef? Que signifie cette table nappée de blanc et cette chose, là, avec le petit disque blanc entouré de rayons d'or? Il ne restera bientôt plus personne pour savoir à quoi pouvait bien servir un ciboire et ce que pouvait représenter une hostie. Quelques privilégiés l'apprendront dans des cours d'histoire de l'art. Eux seuls sauront ce qui se joue dans un tableau de Léonard de Vinci, dans une fresque de Giotto ou dans une sculpture du Bernin.

Cette réflexion est la mienne aussi. Vous êtes dans ceci un miroir  touchant. Merci, monsieur Émond!

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