lundi 3 juillet 2017

Ravissement et stigmates de François d'Assise



Les stigmates de François d'Assise peint par Giotto

Je lis  Je cherche l'Italie de Yannick Heanel (suite)


À quarante-trois ans, François d'Assise désire être seul: il a passé sa vie à travailler pour la communauté, il veut maintenant s'isoler. Un noble toscan, le comte Roland, lui fait don d'une montagne à l'écart, couverte de bois, qui s'appelle l'Alvergne, la Verna.

C'est à  la Verna, sur une pointe de la falaise que François est devenu limpide, désert et source à la fois. C'est là qu'il a connu le ravissement absolu: un séraphin lui apparaît, il a un visage d'homme, il est crucifié. François reçoit une douleur et une joie qui à la fois déchirent son corps et embrasent son âme. Quand l'ange disparaît, il constate que sur son corps des blessures  répètent celles du Christ: ses mains et ses pieds sont percés, une plaie saigne sur son côté. Ces stigmates le rendent semblable à Jésus. L'Évangile  s'est écrit sur le corps de François en lettres de sang. 

Une extase qui se répand  dans le temps et déborde tous les lieux.

"Y a-t-il quelque lieu en moi où puisse venir mon Dieu?"   Saint-Augustin

Yannick Heanel : " Être seul à l'époque des réseaux  relève de l'impossible. Les flux d'informations nous transperce à chaque instant. Impossible d'échapper à cette connectivité qui abolit les distances, nous poursuit à tous les points du globe - même les plus isolés - , nous oblige à être reliés, c'est-à-dire à fraterniser avec l'inessentiel. Personne n'est épargné par ce conditionnement, personne n'est indemne. C'est pourquoi la solitude va  devenir nécessairement un enjeu politique, en même temps qu'une denrée rare : une chose pour laquelle on va se battre, et qui déclenchera des guerres''.

Le souverain pontife Sixte V ordonna d'insérer dans le martyrologue romain, la mémoire des stigmates de saint François d'Assise, au 17 septembre. (O.D.M.)

dimanche 2 juillet 2017

L'étrange et magnifique François d'Assise



Saint François peint par Giotto


Je lis Je cherche l'Italie de Yannick Haenel

François se rend à pied au "rocher" avec quelques compagnons, Léon, Ange et illuminé. En chemin, ils trouvent une église abandonnée, et s'y abritent. Tandis que ses compagnons dorment, François se jette en prière. Le combat avec les démons est si violent  que François est molesté, empoigné, transporté hors de l'église, jusque dans un bois, où sa ferveur et ses larmes de piété confondent ses adversaires.

Au matin, brisé de fatigue, François ne peut continuer sa route à pied, ses compagnons lui trouvent un âne. Parvenu au pied du rocher de la Verna, il se tient des journées et des nuits entières, ouvert à la perfection de la prière. On raconte que la contemplation des fissures et des crevasses qui marquent la roche le porte à des extases où il reconnaît la souffrance du Christ; selon Mathieu, à l'heure de la Passion, les pierres se brisèrent. 

François désire être plus seul encore: au flanc de la montagne, il avise une pointe qui se tient d'elle même dans le vide, "très horrible et effrayante", dit son biographe. Il faut jeter une planche pour y accéder. Frère Léon est autorisé à s'approcher une fois par jour, avec un peu d'eau et de pain, qu'il laisse sur la planche.  

François se prend d'amour pour la punaise qui ronge sa couche,  il  lèche la toile d'araignée au coin de sa cellule et ce n'est pas pour vaincre la répugnance de ces créatures.  

François s'est retiré, à la Verna, en 1224, deux ans avant sa mort. Il est affaibli par la maladie, fatigué par les dissensions qui affectent son ordre et aux exigences de la Curie romaine, qui voit la réalisation intégrale de l'Évangile comme un scandale - défit à son pouvoir temporel.

François n'a jamais cessé d'oeuvrer: prédication itinérantes, soins aux lépreux,  réparation d'églises - ce sont 20 années d'activité qui le voient traverser l'Italie en tous sens, s'embarquer plusieurs fois pour la Terre sainte, accompagner les croisés. Le comportement sanguinaire de ces derniers l'écoeurera et le traumatisera. Son existence est fondée sur une extase combative qui connaît le déchirement des conflits. (suite : Ravissement et stygmates de François)

J'aime profondément ce saint que je  qualifie  désormais comme un ''fou de Dieu''.