samedi 5 octobre 2013

Pour honorer Gaétan Soucy...


Gaétan Soucy

Pour honorer Gaétan Soucy, je me permets de reproduire ici, un résumé du livre La petite fille qui aimait trop les allumettes, document produit par les Éditions Boréal. Extrait d'un texte de Peter O Dabachian


Ce livre est indiscutablement un livre très fort. De ceux qui font frissonner, font dresser les poils sur votre peau. Une impression d'ivresse totale peut vous envahir. Vous risquez de vous sentir pris dans un tourbillon de mots. Le style comme l'histoire peuvent  vous enivrer, vous emporter. Comme lorsqu'on lit ce livre de William Faulkner : "Tandis que j'agonise".

Il s'agit de l'histoire étrange de deux enfants d'une quinzaine d'années qui se retrouvent seuls et perdus, dans une immense demeure, une sorte de château. Ils sont confrontés à une soudaine liberté, de façon dramatique. Et ne savent pas comment apprivoiser cette liberté.

Leur père, un tyran familial brutal et torturé par ses démons, obsédé par la culpabilité et l'idée de châtiment, les a élevés complètement retirés du monde et de la plus élémentaire réalité. Ce matin-là, celui où commence l'histoire, le père vient de se pendre. Les deux enfants ont trouvé sa dépouille au lever du jour. L'un des deux adolescents cherche comment s'en sortir, cherche à démêler les fils du passé, à comprendre comment ils en sont arrivés là, et ce qui les attend. L'autre adolescent, après la perte du père et des repères, fonce tête baissée comme une brute irréfléchie.

La quête d'un cercueil pour enterrer le père, amène l'un des enfants à la rencontre des habitants du village. Elle évoque l'errance des personnages de "Tandis que j'agonise" accompagnant la dépouille de la mère.

Comme les personnages de Faulkner, les deux enfants sont maintenus autour de la dépouille qu'ils conservent;  une espèce de saga familiale imperméable au reste du monde. Une saga qui les entraîne vers une issue déraisonnable, à la mesure de leur délire. Des deux enfants, l'un écrit tout ce qu'il se passe : il instruit le déroulement du passé, des souvenirs, le mystère familial, comme le déroulement du destin terrible qui les attend forcément (ils ont vécu en reclus, personne ne comprend le monde étrange dans lequel le père les a enfermés). Cet enfant-là, l'écrit-vain, celui qui a apprivoisé les mots et qui les utilise pour se sauver, le père l'a surnommé le "secrétarien". Parce que dans le style de Gaëtan Soucy, il y a le même jeu enivrant avec les mots, la même invention avec le langage qu'il peut y avoir chez Réjean Ducharme.

Ce livre est un bijou à  lire en ces temps de deuil.

Bon vent, Gaétan Soucy!

Aucun commentaire: