Longtemps, les Moai ont eu le regard vide. En 1978, un archéologue de l'Île réussit à reconstituer les yeux d'un de ces colosses, après avoir découvert, enfouis dans le sol, une boule de lave rouge et des débris de corail terni. Les morceaux assemblés formaient un oeil correspondant exactement à l'orbite de la statue sous laquelle il les avaient trouvés.
Le musée d'archéologie et d'histoire de Montréal, La Pointe-à-Caillière, nous a offert cette fabuleuse exposition. Elle vient de se terminer.
L'Île fut découverte en 1722, un jour de Pâques, par l'amiral hollandais Jacob Roggeveendes, un caillou volcanique perdu dans l'océan Pacifique, au large du Chili. Les anciens Rapanui ont érigé environ 900 statues, "les moai", du Xe au XVIIe siècle. Certaines statues sont vieilles de mille ans, serrées côte à côte sur une plate-forme surélevée appelée "ahu". Vigies impressionnantes au temps de leur splendeur, elles tournent toutes, sans exception, le dos à la mer.
En 1960, un raz de marée provoque un séisme sous-marin et une formidable muraille d'eau s'abat sur l'île, l'ahu explose. Quinze statues de pierre colossales, cassées, culbutées, échines tordues, nez dans la poussière roulent dans un complet désordre, sur deux hectares. Un chantier audacieux a permis de restaurer et de redresser les quinze "moai".
La société japonaise Tadano fournit aux archéologues chiliens une grue mastodonte de 43 tonnes susceptible de hisser des charges de cinquante tonnes. L'ahu a été reconstitué grâce à un logiciel informatique conçu pour le projet. Suspendre les statues au crochet de la grue relevait de l'exploit. L'un après l'autre, les "moai" ont été stabilisés et trônent maintenant dans le bon alignement.
Le film américain "Rapa Nui" coproduit par Kevin Costner, a largement contribué à la célébrité et à la prospérité insulaire. Les "moai" redressés finiront-ils par tourner le dos, non à la mer, mais aux hordes de vacanciers qui envahissent l'île par milliers?
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