Zahi Hawass, égyptologue au chapeau d'Indiana Jones. Il incarnait l'Égypte presque autant qu'Hosni Moubarak
Je lis Trésors volés de Philippe Flandrin
En ce 9 février 2011, sur la grand place où s'écrit l'histoire, le peuple exige depuis 15 jours le départ du dictateur Hosni Moubarak. Une barricade de fer et de tôle défend l'accès de la place Tahir, à la hauteur du Musée Égyptien, le bâtiment rose où sont conservés les trésors des pharaons. L'armée veille, ses blindés sont partout. Le 28 janvier, on est passé tout près de la catastrophe quand, à 19 heures, les policiers ont subitement abandonné leur poste. Ce soir-là, l'État égyptien dont le Musée illustre l'histoire, avait cessé d'exister. Des milliers de prisonniers s'étaient évadés et la pègre s'emparait de la rue, incendiant et prenant tous les symboles de la richesse.
Alors, place Tahir, le flot humain s'est déplacé vers le Musée, une chaîne humaine s'organise, les Égyptiens protègent leur patrimoine. Mais ils oublient de surveiller l'escalier de secours. Les voleurs étaient déjà entre les murs du Musée.
Le
lendemain, le docteur Hawass, patron des antiquités et vice-ministre de la
culture annonce qu'une dizaine de vandales étaient entrés dans le Musée après
avoir fracturé l'une des verrières du toit. Il annonce au peuple que les
criminels ont été arrêtés et que placé sous la protection militaire, le Musée
était à nouveau protégé. En tout, une dizaine d'oeuvres avaient été
endommagées. Le 31 janvier, le célèbre égyptologue était promu ministre d'État
et chargé des antiquités. Mais des voix s'élèvent: le musée aurait subi des
pertes importantes et des oeuvres majeures auraient disparues. D'autres sites
auraient été attaqués; Hawass oppose un démenti formel à ces informations:
"À Saqqarah, rien n'a été abîmé ou volé". Un grand silence pèse sur
Saqqarah comme sur le Musée Égyptien, personne n'ose parler. L'ampleur du
pillage semble couvert par un secret d'état: "Tout va bien, le Musée et
les sites sont en sécurité". répète Hawass.
Vendredi, le 11 février 2011, 18 heures, Hosni Moubarak s'est démi de ses fonctions comme chef d'État, il a abdiqué. La fête commence. La presse est libre, les langues se délient. Voilà que le samedi, 12 février, Hawass révèle soudain que des antiquités de grande valeur ont disparu du Musée: une statue votive de Toutânkhamon et une autre de Néfertiti. Mais on doute maintenant de sa bonne foi. Il a mis 15 jours avant de s'apercevoir de la disparition de ces oeuvres majeures connues du monde entier!!! Hawass se retrouve dans la tourmente. (à suivre)
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