lundi 24 février 2014

Marie Curie, une passion dévastatrice...




Dans sa chambre de sanatorium, Marie Curie se bat contre sa maladie, en quelque sorte professionnelle. Elle souffre beaucoup et la moindre toux l'épuise. Polonaise, elle est née à Varsovie dans une famille d'enseignants ou le travail se fait dans l'austérité et la pauvreté. Elle tient la douleur à distance pour maintenir l'apparence d'un prompt rétablissement. Les douleurs sont pourtant épouvantables.

En ces temps sinistres, comme depuis des siècles, la femme n'est pas l'égale de l'homme, pourtant, elle a voulu devenir scientifique. Incroyable pour l'époque! De plus, elle est immigrée, ce qui est une audace supplémentaire en ce début du XXe siècle. Venue à Paris pour terminer ses études, elle a fini première en physique et en mathématique. Elle devint aussi la première femme a recevoir le prix Nobel de physique en 1903 et de chimie en 1911. Génie intellectuel et scientifique, elle travaille sans relâche. Même l'amour de sa vie, elle l'a rencontré dans ce milieu des sciences. Pierre et Marie Curie auront deux enfants. Mais une voiture à cheval écrase et tue Pierre Curie en 1906. Peine cruelle.



Pierre et Marie Curie

De fioles en tubes, d'expériences en équations dans son hangar glacial l'hiver et étouffant l'été, elle cherche sans relâche. Elle continue le travail entamé avec Pierre sur les substances radioactives. Elle prend ces produits si dangereux à pleines mains. Elle ignore qu'elle va découvrir sans le vouloir les conséquences des radiations sur le corps humain. Des années durant, elle a été en contact du radium et du polonium. Lorsque ses mains sont rouges et brûlantes, elle est en train de détruire son corps. À cinquante-six ans, elle devient quasi aveugle à cause d'un glaucome dû aux radiations. Les médecins lui enlève ses cristallins; elle commence une rééducation. Quatre ans après, elle finit par retrouver une  vue normale grâce à de grosses lunettes. "Je vaux ce que je veux" répétait-elle. Mais des petites quantités de radiations continuent sournoisement à la détruire en cassant sa moelle osseuse qui crée et forme son sang.

Depuis la mort des ouvriers qui travaillaient dans les mines de radium, la communauté scientifique se doute de la nocivité des rayons. On diagnostique grippe, bronchite, asthénie fébrile et on lui demande de faire ce qu'elle ne peut pas faire: se reposer. Elle se moque des médecins. La fatigue, la fièvre, l'amaigrissement, les saignements des gencives et du nez et les bronchites récidivantes font partie de son quotidien et deviennent permanents. Elle ignore que trois lignées sanguines, les globules rouges, blancs et les plaquettes sont en train de s'effacer avec le temps. Les globules blancs ne se fabriquent plus, son système immunitaire tombe. Le moindre germe contamine Marie qui doit faire face à de nombreuses infections à une époque où il n'y a pas d'antibiotiques. Rien ne l'arrête. Un jour, ses collaborateurs la somment de rentrer chez elle. Elle ne pourra plus jamais revenir au 36, quai de Béthume. Les médecins refont des radios avec les appareils que Marie a contribué à inventer pour secourir les blessés de la Guerre de 1914. On l'envoie au sanatorium. Elle est irradiée, elle n'a plus aucun organe qui fonctionne. C'est la fin. Le corps de Marie n'est que douleur: globules blancs et rouges  sont proches de zéro. Elle meurt de n'avoir pas su se protéger.

Lorsque son cercueil fut posé sur celui de Pierre, de la terre de Pologne fut jetée dessus. En 1995, Mitterand transfère Marie Curie et son Mari au Panthéon. Ainsi sont-ils ensemble pour l'éternité. Au dernier moment, les autorités envelopperont son cercueil dans un autre, de plomb, car même dans la mort, Marie rayonne encore. Marie Curie est morte à soixante-six ans.

Tiré du livre On ne meurt qu'une fois et c'est pour si longtemps - derniers jours des grands hommes- Patrick Pelloux

Je suis bouleversée d'admiration pour cette femme, éternellement....

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