jeudi 24 décembre 2015

Premier Noël sans Frédérique-Anne


Je suis là!


J'ai le coeur brisé.

Mais mon coeur continue d'aimer, continue de vous aimer. Vous tous qui m'avez supportée avec tant de compassion... Vous qui avez passé la frontière pour mêler votre tristesse à la nôtre... Vous qui avez écrit tant de messages bouleversants et vibrants d'amour pour ma fille...

Vous avez créé un ancrage sur lequel je m'appuie pour "vivre" à nouveau. Je vous en suis profondément reconnaissante.

Je vous aime et sachez qu'il sera joyeux, même si plein de petits pleurs, ce premier Noël sans Frédérique-Anne. J'ai une famille qui m'aime et ensemble nous nous épaulerons et nous saurons pleurer et rire et lever nos verres en son honneur.

Joyeux Noël, à vous tous, mes amis et que l'année qui vient vous soit mémorable en bonheurs!

vendredi 18 décembre 2015

Et la terre tombait sur les cendres de Frédérique-Anne




Ma fille...
Nous ne la reverrons plus jamais.

Father Collins arpentait les allées du cimetière, il nous attendait. Il était très élégant avec sa chasuble recouverte d'une longue bure en lainage noir. Il nous a accueilli et ses yeux étaient pleins de compassion pour notre chagrin. Il nous a rassemblés  autour de lui, il a ouvert son bréviaire, il a lu des psaumes et terminé cette entrée par une courte allocution spontanée, il connait le langage du coeur.

Une petite fosse était déjà creusée. Scott y a déposé une boîte contenant la partie des cendres de Frédérique-Anne qui restera en terre américaine, et chacun de nous avons jeté symboliquement une poignée de terre humide sur la boîte. Difficile de retenir les larmes qui coulaient sur les joues.

Puis une étrange chose s'est produite. William s'est penché et il a empoigné de la terre avec ses mains jointes en coupole et il a commencé à jeter cette terre sur la boîte au fond de la fosse. Mathieu et Julia se sont joints à  lui.  Ils travaillaient en silence. Comme si cela leur revenait à eux, les enfants, de terminer le travail du fossoyeur. J'ai décidé de les aider, je ramenais la terre près du trou avec le revers de ma botte. La boîte disparaissait petit à petit. William et moi avons reposé la planche par-dessus le trou. La  pierre tombale viendra plus tard. C'était fini. C'était la toute fin.

Moments particuliers, bouleversants et libérateurs aussi.

Trois petits enfants ont posé un ultime geste d'amour envers leur maman. Merci William, Mathieu et Julia pour avoir participé si bellement à ce rituel sacré. Ces gestes de vie ont teinté de douceur cette dernière étape.

Frédérique-Anne, nous avons été près de toi tout le temps, jour et nuit jusqu'à ce moment-ci où nous avons vu la boîte contenant tes cendres disparaître définitivement sous la terre lancée par les mains de tes enfants animés d'une singulière mission.

Salut mon p'tit coeur... nous ne pourrons désormais rien faire d'autre que de  continuer à tant t'aimer.



lundi 14 décembre 2015

Hommage funèbre à Frédérique-Anne






Lors de la cérémonie d'adieu, à l'église St-Thomas de Hanover, je me suis présentée au micro et à la première phrase, j'ai eu un blanc. Je devais m'identifier en anglais en disant: "I am Frédérique's mother!". Je n'ai trouvé à dire  que :" I am Frédérique..... ". C'est touchant je trouve ... "je suis Frédérique!".
  
J'ai continué la lecture de mon texte, en français évidemment, texte plutôt poétique,  je ne voulais ni me dévaster ni m'écrouler!!! 



Frédérique-Anne, ma fille,

Difficile de parler de toi sans parler d'Anne-Emmanuelle, ta soeur jumelle. Une aura d'amour fascinante irradiait largement autour de vous. Vous vous aimiez.

Nous avons été bouleversés de constater la trace d'amour que tu as laissée chez tous les êtres que tu as côtoyés. Des centaines de témoignages nous ont émus aux larmes

Ton âme chantait et tes sourires nous éblouissaient

Ton âme souriait et des milliers d'éclats de rires jaillissaient autour de toi

Ton âme priait et ton regard bleu comme le ciel nous rendait meilleurs

Ton âme souffrait et nous avons pleuré avec toi.

Je te salue ma chère Frédérique-Anne,

Je salue... l'amour immense que tu portais à tes enfants, William, Mathieu, Julia

L'amour que tu portais à ta mère, à tes soeurs, Marie-Héllène,  Anne-Emmanuelle et à ton frère aîné Dominicke

Je salue ton dévouement, ta façon de séduire les coeurs par la joie et les rires

Ta noblesse de coeur

Et... ta beauté remarquable.

Tu vas tellement nous manquer!

C'est un adieu: je t'aime mon petit coeur jusqu'au bout de l'éternité.

Ta Mom xxx


dimanche 15 novembre 2015

Une étoile pour Frédérique-Anne




Ma fille Frédérique-Anne. si vivante, si belle

Quand les gens qui aiment ma fille viennent m'embrasser et me prendre dans leurs bras pour partager la douleur, je sens monter larmes et chagrin. Et moi, je me retiens car la douleur brusquement peut s'affoler et briser toutes mes résistances et alors, je coule dans une inconsolable peine.

Si je suis seule à la maison, une photo, un texto, un souvenir et soudain, la vague du chagrin déferle et me défait.

Si j'étais dans le désert, je pense que la simple vue d'un caillou tout à coup pourrait me parler d'elle.

Et si je regarde le ciel, il y a une étoile  particulièrement étincelante qui me regarde tout le temps, avec amour. Je la choisis pour me consoler.

Tu me manques mon coeur.... et là, maintenant, rien ne peut me consoler...

vendredi 6 novembre 2015

Frédérique-Anne va mourir

Frédérique-Anne n'a plus beaucoup de moments d'éveil mais quand elle ouvre les yeux, souvent, elle nous dit:  I want  to go home!

David Kessler qui a travaillé et écrit des livres avec la légendaire Élisabeth Kübler Ross est l'un des plus célèbres spécialistes de la mort et de la fin de vie. Dans son dernier livre sur le sujet, il relate une phrase maintes fois entendue: "Je retourne à la maison!". Il ajoute : quand ces gens parlent de partir en voyage, c'est qu'ils sont sur le point de mourir.

Une autre gestuelle a été remarquée. Frédérique-Anne avec une lenteur et une grâce émouvante refait sans cesse un geste très beau. Avec sa longue main racée et ses doigts délicats, elle froisse doucement sa couverture comme si elle caressait la chevelure d'un être aimé. Il est dit que ces signes  et d'autres nous signalent une fin qui approche.

Frédérique-Anne va mourir. C'est une mort annoncée. Nous sommes à la porte d'un grand mystère.

Notre douleur est violente mais une bribe d'apaisement s'infiltre. Ce destin pathétique, incompréhensible, c'est le sien et l'inéluctabilité de cette ultime expérience nous changera à jamais. Ce destin, c'est le nôtre aussi.

Et je la regarde... Son visage reste si beau... 


vendredi 4 septembre 2015

Un lieu où la présence de Dieu nous empoigne, la Corse dite "Île debeauté"

Dans son livre  Comme un chant d'espérance, Jean d'Ormesson écrit: "Dieu n'existe pas mais il est. Il n'est rien d'autre que rien, c'est à dire tout". Dans un tout petit chapitre, il nomme les lieux où il a senti la présence de Dieu. Il nomme les Calangues ou autrement dit, les Calanches de Porto en Corse. Je  me suis sentie interpellée par Jean d'Ormesson lui-même, je n'ose dire par Dieu lui-même.

Je pars pour la Corse demain et je sais qu'elle me donnera beaucoup. L'apaisement de ma tristesse, la beauté du monde de celle  qui élève l'âme, des amitiés nouvelles et la bonne et réconfortante présence de mon amie Carmen.

Et la Provence par surcroît !!! J'ai le coeur qui déborde de gratitude.

lundi 10 août 2015

D 'Ormesson nous parle de la pensée, l'événement le plus important de l'histoire de l'univers..




Jean d'Ormesson, philosophe et romancier est un "immortel" élu à l'Académie française en 1973

Je lis Comme un chant d'espérance



"Il est impossible aux habitants de ce monde de se faire la moindre idée du néant, de l'infini et de Dieu. Avec l'espace et le temps, avec les nombres, avec la nécessité et le hasard tombés tous ensemble de cette main de l'Éternel dont nous savons bien qu'elle n'est pas une main et de son esprit qui n'a rien à voir avec la nôtre, le monde sort du néant. 

Qu'est-ce qui a bien pu pousser Dieu à faire sortir notre tout, de ce tout primitif qui se confondait avec rien? Pourquoi y a t-il quelque chose au lieu de rien?

L'apparition de la pensée est à coup sûr l'événement le plus important de l'histoire de l'univers depuis sa sortie du néant. On dirait que le monde est créé pour la seconde fois selon une méthode très différente de la première. La première: un coup de tonnerre dans le vide. La seconde: une greffe sur ce qui existe déjà. Dans les deux cas, une lente évolution à partir d'un point de départ minuscule vers de prodigieuses conséquences.

La pensée, grâce au cerveau qu'elle abrite dans sa tête, derrière ses yeux, son nez, ses oreilles et sa bouche a quelque chose de foudroyant qui la rapproche du divin. On peut comprendre qu'elle ait rendu fou d'orgueil et de puissance le misérable primate qui avait décroché le gros lot grâce à elle.

Fou de grandeur. Fou de petitesse. La pensée pense le monde. Elle pense Dieu. Elle se pense elle-même. Elle pense aussi la vie de tous les jours, les impôts, la scarlatine, l'argent, la carrière, la sottise, la vanité, la jalousie. Elle est la reine de la longue histoire racontée par le temps sous les yeux d'un Dieu remplacé par les hommes.

Elle aurait tort, pourtant, la pensée triomphante, de croire qu'elle est le but et la fin de l'histoire. Il n'est pas impossible que d'ici quelques millions ou quelques milliards d'années -ou peut-être demain- sorte de la pensée quelque chose de nouveau, de puissant et d'inimaginable.

Nous autres les hommes et les femmes, nous sommes le sommet, le chef d'oeuvre de la création. Les dinosaures l'ont été aussi. On les trouve maintenant sous terre, dans les musées. En dépit de leur pensée et malgré leur orgueil, je doute que le sort lointain des hommes soit beaucoup plus enchanteur que celui des dinosaures."