lundi 21 septembre 2009

Michelle entre à la Maternelle


Michelle

Elle est tendue, irritable et ... elle crie. Elle commencera sa Maternelle bientôt. C'est dur dur ça, pour une petite fille de 5 ans! J'ai eu la chance d'être avec elle, ce premier matin-là... une petite boule d'anxiété.

Nous avons fait un travail toutes les deux. Sur une grande feuille, j'ai dessiné une petite fille, la Michelle qui entrait cet après-midi même, en Maternelle. Plus loin, une école et au bout de la page, un soleil. J'ai dessiné un gros M sur le chandail de la petite fille et quelques bulles noires qui virevoltaient autour d'elle. "Ce sont tes peurs ça, tes petites misères face à l'école. Peux-tu les nommer?"  Elle a été songeuse un moment puis elle a pointé une bulle : " Elle, c'est parce que je suis gênée". Avec une toute petite voix, presque dans un chuchotement, elle a su très bien identifié les causes de son insécurité. Elle a dit aussi : "Je voudrais que ma maman vienne avec moi dans la classe". - "Parler à ton professeur, est-ce que c'est facile pour toi?" Elle a avancé son petit visage très près du mien et elle m'a dit: Je veux pas parler! Et j'écrivais tout ça au-dessus des bulles.

- Est-ce que tu veux-tu garder ces bulles noires près de la petite Michelle? - Non.

Alors, je lui ai dit : Imagine qu'une lumière brille dans ton coeur, une lumière capable de péter toutes ces bulles. Quelle couleur serait cette lumière? - Jaune. On a colorié en jaune tout le corps de la petite fille et dessiné des rayons qui se dirigeaient vers les bulles.

Avec la pointe de mon stylo, elle travaillait avec la lumière à crever les bulles. Et nous avons acheminé tous les fragments éparpillés vers le soleil. - Pourquoi le Soleil?  - Toi, tu n'en veux plus, lui, il accepte de les prendre et de les faire disparaître dans sa grosse boule de feu.

Cette petite fille avait peur. J'ai fait avec elle un travail d'apaisement.

Elle s'est rendue à l'école avec sa maman. Elle n'a pas pas pleuré lorsque celle-ci est allée rejoindre les autres parents. J'ai reconnu son âme de guerrière quand Anne m'a raconté qu'à la fin, elle s'est approchée de son professeure et presque tout bas, timidement, elle lui a dit quatre mots: "Moi, j'ai un frère."

J'ai ressenti en moi toute une émotion d'amour et de respect pour cette enfant capable d'un si haut fait de communication dans un moment de vie déstabilisant. Elle venait de confier à son professeure quelque chose de très personnel. Moi, j'ai un frère!... Quatre mots magiques, porteurs de toutes les audaces.

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