Martin Luther King 1928-1968
En 1963, Martin Luther King s'était adressé à une foule de plus de 250 000 personnes, et avait prononcé l'un des discours les plus mémorables du XXe siècle, I have a dream... Il avait réussi à faire voter le Civil Rights Act de 1964 et avait gagné le prix Nobel de la Paix. En mars 1968, il s'était lancé dans une nouvelle campagne pour combattre la pauvreté, et il se trouvait à Memphis, dans le Tennessee, pour soutenir des Afro-Américains en grève. Il s'adressa à une énorme foule au Mason Temple. Bien qu'il n'eut que 39 ans, il réfléchissait beaucoup sur la mort, affirmant que "peu m'importe ce qui peut m'arriver maintenant":
Comme tout le monde, je voudrais vivre longtemps. La longévité à son prix. Mais je ne m'en soucie guère maintenant. Je veux simplement que la volonté de Dieu soit faite. Et il m'a permis d'atteindre le sommet de la montagne. j'ai regardé autour de moi, et j'ai vu la Terre promise... Ainsi, je suis heureux, ce soir. Je ne m'inquiète de rien. Je ne crains aucun homme.
Ses mots semblent prophétiques. Le lendemain, King mourait, assassiné par un petit malfaiteur raciste dans cette ville du Sud.
À 18 heures, par la belle et chaude soirée du 4 avril, Martin Luther King était penché au balcon du deuxième étage du Lorraine Motel de Memphis. Tout le monde savait qu'il logeait là quand il venait à Memphis. Devant sa chambre, la 306, sa préférée, il regardait la rue. Une minute plus tard, on lui tirait dessus d'en bas. La balle lui ravagea le visage, passa dans sa moelle épinière et alla finalement se loger dans son épaule. Des amis qui se trouvaient à l'intérieur, se précipitèrent vers le balcon et virent King étendu sur le sol. Ils ne purent pas appeler immédiatement l'ambulance car le standardiste du motel avait subi une crise cardiaque en voyant la scène. Vingt minutes plus tard, le véhicule de secours arriva, et la mort de King fut prononcée à l'hôpital St-Joseph à 19h05.
À l'annonce de l'assassinat de Martin Luther King, les communautés afro-américaines, indignées, provoquèrent une vague d'émeutes qui se répandit dans plus de soixante villes du pays. Le 9 mai, le président Johnson déclarait une journée de deuil national pour le défenseur des droits civiques que la nation venait de perdre.
Ce jour-là, King "parla" à ses propres funérailles dans l'église baptiste dans l'État de Géorgie, où, tout comme son père, il avait été pasteur. Il avait grandi dans ce quartier. Un enregistrement de son sermon "sur l'instinct du tambour-major" fut diffusé lors de la cérémonie. Dans ce sermon, il demandait que l'on ne mentionne pas, lors de ses funérailles, ses nombreux prix, mais qu'on se souvienne simplement de lui comme étant "celui qui nourrit ceux qui avaient faim, qui vêtit ceux qui étaient nus et celui qui aima et servit l'humanité". Son amie, la chanteuse Mahalia Jackson chanta son hymne préféré "Take my hand, Precious Lord", comme il l'avait souhaité. Le vice-président Hubert Humphrey assista aux funérailles pour représenter le président Johnson, qui préféra participer à une réunion sur la guerre du Vietnam, choix évidemment très controversé.
L'assassin s'appelait James Earl Ray. C'était un repris de justice âgé de quarante ans. Il s'était évadé de prison un an plus tôt. Le 4 mai, il quitta les lieux du crime, et, réussit à quitter les États-Unis sur un vol transatlantique. En juillet 1968, il fut arrêté à l'aéroport de Londres alors qu'il essayait de quitter le pays muni d'un faux passeport canadien. Il fut rapidement extradé vers le Tennessee et accusé du meurtre de Martin Luther King. Il fut condamné à 99 ans de prison. Trois jours après son aveu de culpabilité, il proclamera sans cesse son innoncence. Il passa les dernières années de sa vie à essayer d'avoir un nouveau jugement.
Ce meurtre comme celui de Kennedy a fait naître de nombreuses théories de complot car Ray était certainement passé aux aveux sous la contrainte. Sa fiche ne contenait aucun meurtre. Vers le milieu des années 1960, le FBI essaya de discréditer Martin Luther King en faisant des révélations publiques sur sa vie privée mouvementée. Le FBI lui envoyait des lettres anonymes racistes le menaçant de révéler des informations s'il ne cessait pas de militer pour les droits civiques. Mais ce stratagème honteux avait clairement échoué. Le jour de l'assassinat, les agents du FBI observaient le Lorraine Motel depuis une caserne de pompiers fermée. Ils observaient Martin Luther King par de petits trous qu'ils avaient faits dans le papier couvrant les fenêtres au moment où il se fit tuer. Les six agents sortirent immédiatement et se précipitèrent vers le blessé et furent les premières personnes à lui administrer les premiers soins. La présence du FBI sur les lieux laisse à penser qu'il jouait un rôle central dans l'assassinat. Aujourd'hui de nombreuses personnes et même la famille King pensent encore que Ray n'avait rien à voir avec le meurtre. En 1997, la justice ordonna que toutes les copies de cassettes et autres documents resteraient inaccessibles au public jusqu'en 2027.
Le 6 avril 2002, le révérend Ronald Wilson raconta au New York Times que le véritable assassin était en fait son père, Henri Clay Wilson, et non Jame Earl Ray. Son motif n'était pas racial mais anti-communiste. Ray mourut en prison d'une insuffisance hépatique le 23 avril 1998 clamant son innocence jusqu'à la fin.
C'est au Lincoln Memorial, que King prononça le plus célèbre de ses discours devant 250 000 personnes: I have a dream. Aujourd'hui encore, cette allocution qui électrisa la foule, est considérée comme l'une des plus belles que l'Amérique ait jamais entendues.
J'ai un rêve qu'un jour cette nation se lèvera et vivra véritablement son Credo: Nous tenons pour vérité que tous les hommes naissent égaux.
J'ai un rêve qu'un jour, sur les collines de terre rouge de Georgie, les fils des anciens esclaves et les fils des anciens propriétaires d'esclaves pourront s'asseoir ensemble à la table de la fraternité.
J'ai l'espoir qu'un jour, même l'État du Mississipi, un désert étouffant d'injustice et d'oppression, sera transformé en une oasis de liberté et de justice.
Ceci est notre espoir. Avec cette foi nous pourrons tailler une pierre d'espoir dans une montagne de désespoir. Avec cette foi, nous pourrons faire des dissonances de notre nation une belle symphonie de fraternité. Avec cette foi, nous pourrons travailler ensemble, prier ensemble, nous lever ensemble, défendre ensemble la liberté, en sachant qu'un jour nous serons libres (...) Si l'Amérique veut être une grande nation, cela doit se produire.
Je suis émue.
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