mercredi 22 janvier 2014

La mort de Camille Claudel



Camille Claudel  1864-1943

Rodin est son amour et sa haine, son bonheur et sa torture. Elle aimait aussi son père. Elle apprend qu'il est mort et enterré et que personne de sa famille ne l'a prévenue. C'est un drame pour elle de ne pas avoir été là dans les derniers instants. Elle est foudroyée quand elle apprend que son frère Paul a pris contact avec le directeur de l'asile pour la faire enfermer. 

Camille parle tout le temps de Rodin mais elle n'est dangereuse ni pour elle ni pour autrui. Auguste Rodin et Camille Claudel ont été amoureux dans une tempête de création faite de passion, de séparations et d'union solide comme le marbre. Mais Rodin l'a quittée. Où commence le génie et la folie de l'artiste? On aime Rodin et pas du tout Camille, femme moderne et créatrice, chaque millimètre de ses sculptures est une émotion de beauté surgie de la terre et la glaise. Elle polit les pierres, taille le plâtre, l'onyx et le marbre et ainsi "La vague" reste figée à jamais.


La vague ou les baigneuses

La porte de l'asile se referme définitivement sur Camille par sa mère. "Elle est folle" et la rumeur devient réalité pour la plus grande satisfaction de Rodin ainsi débarrassé d'une maîtresse gênante par son génie et par son amour possessif pour lui. Jamais sa mère n'ira la voir. À la fin de la guerre, un psychiatre demandera à la famille de la libérer et de pouvoir la suivre en consultation. Sa mère refusera. Paul Claudel pourtant, voyait sa soeur abandonnée dépérir et souffrir de plus en plus. 

Les hôpitaux d'aliénés de l'époque sont un massacre, où les viols se mêlent aux meurtres entre malades sans surveillance. Camille attendait et son attente était sordide comme un long étranglement.


Camille Claudel dans son atelier

Pétain, dictateur et paillasson des nazis, émet ses premiers décrets contre les maladies psychiatriques et ils sont radicaux: les restrictions font que les malades reçoivent moins que 500 kilocalories par jour. En six ans, près de 50 000 aliénés seront exterminés par la faim. Les Français de la collaboration vont laisser mourir ces malades comme le recommandaient les nazis. La France a eu ses propres camps de concentration. Tout le monde se fout des fous et encore plus en temps de guerre. 

À l'état psychologique de Camille  s'ajoute maintenant la faim. Elle maigrit à vue d'oeil, elle perd ses cheveux, ses dents, sa peau se flétrie. Elle souffre de nombreuses infections de la peau, des poumons, sa vue se trouble. Son état s'accompagne d'oedèmes des membres inférieurs. Elle n'a plus de force pour marcher, elle reste allongée, son corps est décharné et elle ne parle presque plus. Il est écrit qu'un arrêt cardiaque l'emporta. Elle est enterrée dans le cimetière de Montfavet. Puis comme il faut de la place pour enterrer tous les cadavres de l'hôpital, sa dépouille sera jetée dans la fosse commune.

La République a enfermé une femme lucide pendant trente ans. Son cas a contribué à révolutionner la pensée des psychiatres sur l'enfermement, sur le lien entre le génie et la folie, entre l'amour et la passion.

Camille Claudel dévastée, est morte de faim, en 1943 à  soixante-dix-neuf ans.


Cette femme magnifique et rebelle, je lui donne une  place dans ma famille cosmique; puisse mes pensées de compassion la consoler! À cause de  cette certitude métaphysique que nous sommes tous interreliés et que le temps n'existant pas, ma compassion peut s'infiltrer  dans le passé et la rejoindre dans son présent de douleurs. Je t'aime Camille Claudel.

Blog antérieur sur l'Implorante: 
http://githibault.blogspot.ca/2010/10/limplorante-de-camille-claudel.html


Je lis un livre de Patrick Pelloux, On ne meurt qu'une fois et c'est pour longtemps 

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