dimanche 6 mars 2016

Coatlicue, la terrifiante déesse enterrée




La déesse Coatlicue



Peu après l'invasion du Mexique par les Espagnols en 1519, Coatlicue fut enterrée sous la grande place de la ville. Mise au jour par hasard en 1790, l'afflux d'adorateurs qui venaient allumer des bougies autour d'elle incita les autorités à l'enfouir. En 1803, on la déterra pour en couler le moule, et on l'enterra aussitôt après. Il fallut attendre vingt ans pour qu'elle soit exposée au grand jour. Aujourd'hui encore, dans le musée national d'anthropologie, les visiteurs détournent les yeux. Le regard de  l'homme n'est pas fait pour contempler une puissance aussi pure et féroce. C'est l'une des plus terrifiantes images jamais créées.

Il est probable que les Aztèques aussi l'aient tenue secrète. Son regard était peut-être mortel pour les non initiés. Coatlicue, la déesse de la Terre, donnait naissance à toutes les créatures, et décidait aussi de leur mort. La vie et la mort était intimement liés dans la foi aztèque. Lors des sécheresses, des famines ou d'une bataille perdue, des guerriers-aigles choisis parmi l'élite étaient sacrifiés afin que leur sang chaud monte au ciel apaiser la colère des dieux. Les envahisseurs chrétiens furent horrifiés de ces pratiques "barbares" (malgré la crucifixion de leur sauveur, et leur histoire jalonnée de martyrs ayant connu d'effroyables sorts).

La signification profonde de cette sculpture complexe nous échappe; elle ne devait être connue que d'une certaine élite. Le crâne et les mains tranchés qui pendent devant les seins participent de l'incarnation des forces impérieuses de la création et de la destruction. Deux énormes serpents, les crocs découverts, se heurtent de front pour former le visage de Coatlicue. Leurs yeux deviennent les siens et de leurs mâchoires jointes naît son terrifiant sourire. La dualité engendre l'unicité. Cette force que nous ressentons dans l'attraction sexuelle, en donnant la vie ou en la quittant. C'est elle qui cimente la double hélice de l'ADN aux prémices de la vie.

D'après une analyse de Julian Spalding


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