jeudi 31 mars 2016

Une belle histoire d'Hubert Reeves

  

Hubert Reeves nous parle de la sonde spatiale américaine  Voyager I qui vient de sortir hors du système planétaire et qui fait progressivement son entrée dans le gigantesque espace vide entre les étoiles, au-delà des dernières planètes à près de 20 milliards de kilomètres du Soleil.


Il était une fois....
il y a cinq ou six millions d'années, quelque part en Afrique apparaissent les premiers hominidés, bien mal équipés pour survivre dans un environnement difficile. Il leur faut manger et ne pas être manger. Or, ils ne sont pas dotés de solides carapaces comme les tortues, ni de longues griffes comme celles des tigres. Mais la nature leur a donné un précieux cadeau: une forme d'intelligence supérieure à celle des autres animaux. Elle leur permet de fabriquer des armes et d'assurer leur subsistance et celle de leurs enfants.

Leur population ne cessant d'augmenter, tout comme leur esprit d'aventure, ils entreprennent de sortir de leur territoire d'origine pour en occuper de nouveaux. Ce sont là les premiers pas d'une conquête qui, depuis, n'a jamais cessé. Nous sommes les descendants de ces premiers hominidés. Il y a cent mille ans, nos ancêtres Homo sapiens commencent leur long périple, hors de leur berceau africain, d'abord vers d'autres continents terrestres: Asie et Europe. Puis vers l'Amérique  il y a moins de vingt mille ans. Il faut attendre le XIXe siècle pour qu'ils s'aventurent jusqu'en Arctique et en Antarctique, conquérant ainsi tous les continents. C'est alors vers l'espace qu'ils se tournent au XXe siècle où, au moyen de sondes spatiales, ils débarquent pour la première fois  sur la Lune en 1969 puis envoient des instruments survoler ou se poser sur d'autres planètes du système solaire: Mars, Vénus, Mercure, Jupiter, Uranus, Neptune, et leurs satellites. Belle brochette de territoires nouveaux pour ce petit Terrien, après son départ pour l'Afrique.

De véritables prouesses technologiques ont permis à la sonde spatiale Voyager de naviguer hors du système planétaire. Viendra-t-il ce moment où nos descendants aborderont le domaine des astres lointains? Aujourd'hui, les difficultés techniques semblent insurmontables. Mais demain?

Nous sommes capables de faire d'extraordinaires choses, c'est bon de se le rappeler! Mais l'hégémonie est l'éternelle tentation...

mercredi 30 mars 2016

Des prêtresses représentées dans des catacombes romaines



Des fresques du IIIe siècle après J-Christ

Deux fresques des catacombes de Priscille, restaurées à Rome, déclenchent la polémique car elles pourraient représenter des femmes prêtres. L'une montre une femme voilée vêtue d'une tunique ample - peut-être un habit liturgique - levant les bras comme si elle célébrait la messe. L'autre un groupe de femmes attablées, elles aussi bras tendus, peut-être un banquet eucharistique...

Le Vatican rejette cette interprétation. (L.B.)


L'interdiction de l'Église catholique  de permettre aux femmes d'accéder à la prêtrise perdra l'Église catholique.

lundi 28 mars 2016

C'est seulement par les vivants que le niveau de conscience peut s'élever


Je lis  Mon hypothèse sur l'immortalité de Gustav Carl Jung 


Le degré de conscience atteint, où que ce soit, est la limite supérieure que les morts peuvent accéder. De là, la grande signification de la vie terrestre et de la valeur considérable de ce qu'un humain emporte «de l'autre côté» au moment de sa mort. C'est seulement ici, dans la vie terrestre où se heurtent les contraires, que le niveau général de conscience peut s'élever. Cela semble être la tâche métaphysique de l'homme. Le mythe est le degré intermédiaire inévitable et indispensable entre l'inconscient et la connaissance consciente. S'il n'est pas possible d'apporter une preuve valable au sujet d'une survie de l'âme après la mort, il y a cependant des événements qui donnent à penser. Je considère ces événements comme des indications sans pourtant avoir l'audace de leur conférer la valeur de connaissance.

Une nuit, je ne dormais pas et pensais à la mort subite d'un ami. J' eus le sentiment qu'il était dans ma chambre, debout devant moi. Il se dirigea vers la porte et me fit signe de le suivre. En somme, je le suivis en imagination; il fallait que je joue le jeu avec lui. Il me conduisit hors de la maison, dans le jardin, dans la rue et finalement dans sa propre maison. Il me fit entrer dans son bureau. Il monta sur un tabouret et m'indiqua le second volume d'une série de cinq, reliés en rouge. Alors, la vision s'évanouit. Je ne connaissais pas sa bibliothèque et j'ignorais quels livres il possédait. Cet événement me parut si étrange que, le matin suivant, je me rendis chez la veuve de mon ami et lui demandai de m'autoriser à pénétrer dans la bibliothèque pour une vérification. C'était des traductions des romans de Zola. Le titre du deuxième volume était: Le testament des morts. Le contenu me paru dépourvu d'intérêt mais le titre était, en revanche, très significatif.

La mort est une horrible brutalité - on ne saurait se leurrer - non seulement en temps qu'événement physique mais plus encore en temps qu' événement psychique: un être humain se trouve arraché à la vie et ce qui reste n'est que silence de mort, tous les ponts sont coupés. La brutalité et l'arbitraire de la mort peuvent remplir les humains d'une telle amertume qu'ils en viennent à conclure qu'il n'y a ni dieu miséricordieux, ni justice ni bonté. Pourtant, pour d'autres civilisations, la mort paraît être un événement joyeux. Sur les sarcophage grecs, on représentait par des danseuses l'élément joyeux. À la Toussaint, dans certaines contrées, on organise un pique-nique sur la tombe des morts.

Un mythe très répandu à propos de la mort  est celui de la réincarnation. Je prends note avec respect la profession de foi hindoue, sans pouvoir, il est vrai, défendre une opinion avec certitude.

mercredi 23 mars 2016

Carl Jung: «Je crois que les morts attendent des réponses de nous»




Gustav Carl Jung: Mon hypothèse sur l'immortalité

«Ce ne furent pas  seulement mes propres rêves, mais aussi, ceux d'autres personnes, qui donnèrent forme à mes conceptions sur la vie post mortem. Une de mes élèves âgée de près de soixante ans, fit ce rêve deux mois avant de mourir. Elle arrivait dans l'au-delà et dans une salle de classe, sur les premiers bancs étaient assises plusieurs de ses amies défuntes. Une atmosphère d'attente générale y régnait. Elle regarda autour d'elle, cherchant un maître ou une conférencière mais ne put trouver personne. On lui fit comprendre que la conférencière c'était elle, parce que tous les défunts devaient, tout de suite après leur mort, présenter un rapport sur la somme des expériences qu'ils avaient faites durant leur vie. Les morts s'intéressaient au plus haut point aux expériences de vie apportées par les défunts, comme si les faits et les événements de la vie terrestres étaient décisifs. Ces gens s'intéressaient ardemment au résultat final psychologique d'une vie humaine qui n'a rien de remarquable - non plus que la conclusion qu'on pourrait en tirer - selon notre manière de penser. Mais le "public" semblait s'intéresser  à ce qui lui manque le plus dans l'état où il est.

Une nuit, j'ai fait un rêve où je me trouvais dans une assemblée d'illustres esprits des siècles passés. L'entretien se déroulait en latin. Un monsieur  m'adressa la parole et me posa une question difficile; je fus incapable au réveil de me rappeler sa teneur.  Je n'avais pas une connaissance suffisante de la langue pour lui répondre en latin. J'en fus tellement confus que l'émotion me réveilla. Ce n'est que longtemps plus tard que je compris le rêve. L'Ancien m'avait posé des questions auxquelles je ne savais que répondre. Il était encore trop tôt à cette époque. En quelque sorte, c'étaient mes ancêtres spirituels qui m'interrogeaient dans l'espoir qu'ils pourraient apprendre ce qu'ils n'avaient pas su savoir de leur temps, seuls les siècles ultérieurs pouvaient le créer et le leur apporter. Il me semble bien qu'un savoir sans limite est présent dans la nature, mais ce savoir ne peut être saisi par la conscience que si les conditions temporelles lui sont propices.

D'après l'opinion traditionnelle, ce sont les morts qui possèdent le grand savoir, l'opinion règne qu'ìls savent beaucoup plus que nous en raison de la doctrine chrétienne qui suppose que dans l'au-delà nous regarderons les choses «face à face». Mais apparemment, les âmes défuntes ne savent que ce qu'elles savaient au moment de leur mort et rien de plus. D'où leurs efforts de pénétrer dans la vie pour participer au savoir des hommes. Souvent, j'ai le sentiment qu'elles se tiennent directement derrière nous, attendant de percevoir quelles réponses nous leur donnerons et celles que nous donnerons au destin. Il me semble que ce qui leur importe à tout prix, c'est de recevoir des vivants - c'est-à-dire de ceux qui leur ont survécu et qui existent dans un monde qui continue de se transformer - des réponses à leurs questions. Les morts questionnent comme s'il n'était pas à leur disposition de tout savoir, comme si l'omniscience ou l'omniconscience ne pouvait être l'apanage que de l'âme incarnée dans un corps qui vit. L'esprit des vivants semble au moins en un point être avantagé sur celui des morts.

J'avais oublié que je connaissais cet enseignement.

Carl Jung: L'Inconscient nous envoie dans les rêves des allusions à l'immortalité


Je lis: Mon hypothèse sur l'immortalité, texte de Gustav Carl Jung

Il est important et salutaire de parler de ce que l'esprit ne peut saisir. L'homme doit pouvoir apporter la preuve qu'il a fait tout son possible pour se former une conception ou une image de la vie après la mort. L'instance interrogative qui parle en lui est un héritage très lointain de l'humanité, un archétype, riche d'une vie secrète, qui voudrait s'ajouter à la nôtre pour la parfaire. Notre vie, jour après jour, dépasse de beaucoup les limites de notre conscience, et, sans que nous le sachions, la vie de l'inconscient accompagne notre existence. Plus la raison critique prédomine, plus la vie s'appauvrit; mais plus nous sommes aptes à rendre conscient ce qui est inconscient, plus est grande la quantité de vie que nous intégrons.

L'inconscient nous donne une chance par ses communications et par ses allusions imagées. Il est aussi capable de nous communiquer ce que, en toute logique, nous ne pouvons savoir. Pensons aux phénomènes de synchronicité et aux pressentiments. Un jour, au moment où le train se mit en marche, l'image d'un homme qui se noyait s'imposa à mon esprit. C'était le souvenir d'un accident qui était arrivé durant mon service militaire. J'étais inquiet. «Que s'était-il passé?». Adrien, le fils de ma fille, avait failli se noyer. Son frère aîné l'avait repêché à  l'instant où dans le train, j'avais été assailli par mon souvenir. L'Inconscient m'avait donc fait signe. Pourquoi ne pourrait-il pas me renseigner aussi sur d'autres choses? Une partie, au moins, de la psyché échappe aux lois de l'espace et du temps. La preuve en a été apportée par les  expériences bien connues de Rhine: l'homme est capable d'avoir des perceptions extrasensorielles.

Si de tels phénomènes peuvent se produire, l'image rationaliste de l'univers perd toute valeur, parce qu'elle est incomplète. La possibilité d'une réalité autre existant derrière les apparences, devient un problème inéluctable, et nous sommes contraints d'ouvrir les yeux sur ce fait que notre monde de temps, d'espace et de causalité est en rapport avec un autre ordre de choses, derrière ou au-dessus de lui, ordre sans lequel «ici et là», «avant et après» ne sont pas essentiels. À mesure que l'on s'éloigne de la conscience, on semble s'élever jusqu'à la non-spatialité et une intemporalité absolue.

Moi, qui présentement ne crois ni à dieu ni à diable, sur la pointe des pieds, je me retrouve face à mes anciennes perceptions et croyances spirituelles. Mais je résiste encore un peu. (à suivre)




samedi 19 mars 2016

Carl Gustav Jung: la mort et l'au-delà....



Carl Gustav Jung est mort en 1965 à l'âge de 86 ans. Disciple de Freud pendant cinq ans, il rompit avec lui, lui reprochant de restreindre le psychisme aux seules pulsions sexuelles. Il découvre l'inconscient collectif, la chronicité etc... Toute son oeuvre témoigne de sa quête obstinée de ces «images anciennes qui appartiennent au trésor commun de l'humanité». Jung et considéré comme un des guides spirituels du monde occidental. J'aime cet homme!


«Les hommes s'imaginent n'être rien de plus que ce qu'ils savent d'eux-mêmes. Je prête une oreille attentive aux étranges mythes de l'âme, j'observe ce qui se passe, ce qui m'arrive, que cela concorde ou non avec mes présuppositions théoriques. Il faut clairement consentir à ce qu'il n'existe aucune possibilité d'obtenir une certitude sur les choses qui dépassent notre entendement.

Pour la plupart des hommes, cela a une grande importance de supposer qu'au-delà de leur existence actuelle leur vie aura une continuité indéfinie. Alors, ils vivent plus raisonnablement, se portent mieux et sont plus tranquilles. Mais il est des humains qui n'éprouvent nul besoin d'immortalité et qui frémissent à l'idée  qu'il leur faudrait pendant des millénaires, rester assis au milieu d'un nuage à jouer de la harpe! Il en est d'autres - et ils sont nombreux - que la vie a si mal traités ou qui éprouvent un tel dégoût de leur propre existence, qu'une fin absolue leur paraît bien plus enviable que la survivance.

Mais dans la plupart des cas, la question de l'immortalité est si pressante, si immédiate, si indéracinable qu'il faut se faire une conception  à ce sujet. Mais comment? 

Mon hypothèse est que nous pouvons y parvenir grâce aux allusions que nous envoie l'inconscient. Si une idée vient à moi, par exemple suite à un rêve, je tiens à lui accorder mon attention. Je dois même avoir assez d'audace pour édifier une conception, même si cette idée  doit à jamais rester une hypothèse impossible à prouver».

Je suis totalement fascinée... suivez-moi,  la suite est du plus haut intérêt.


mercredi 16 mars 2016

Pompéi et le Vésuve au Musée des Beaux-Arts de Montréal
























Après avoir admiré ces oeuvres superbement sauvées par les archéologues, la direction du Musée avait aménagé les deux dernières salles dans le but de nous faire frémir de désolation et d'effroi. Assise par terre, nous ne regardions pas le Vésuve exploser, nous étions au coeur même de l'incandescence.

Au début, nous avons simplement vu sur l'immense écran, des volée d'oiseaux qui s'exilaient, puis les cris d'oiseaux ont fait place à toutes sortes de bêtes affolées qui  couraient, tous les chiens qui gardaient les opulentes demeures, collier au cou, prisonniers au bout de leur laisse aboyaient leur détresse impuissante. La salle s'assombrissait, la poussière de cendre tournoyait au plafond, les flammes devenaient de plus en plus magnifiquement effrayantes et des étincelles dorées flottaient au dessus de nos têtes. Le bruit était celui d'un enfer. Le spectacle était saisissant, la lave rouge descendait jusqu'à nous frôler presque. Des effets spéciaux qui asséchaient ma gorge. Spectacle terriblement beau!

Dans la dernière salle une grande tristesse m'a saisie! Les corps pétrifiés ensevelis sous les cendres ont été reconstitués. On a percé un trou à travers cendres et pierres et on a coulé du plâtre ou du ciment dans les espaces vidés de toutes substances, vingt siècles plus tard. Il y avait, éloigné des adultes,  un petit enfant couché face contre terre, il devait avoir le visage enfoui dans son oreiller, son petit corps gisait exactement positionné comme le petit Syrien abandonné sur une plage et qui avait ému le monde entier. J'avais le coeur serré. Je me suis assise à l'écart, et j'ai pris le temps de me remettre de mes émotions et de prier pour eux. Je me sentais liée à eux.

Une exposition inoubliable!