mardi 17 décembre 2013

Vonnegut désespéré...


Kurt Vonnegut

Peu importe la corruption, l'avidité, la cruauté de notre gouvernement, de nos  institutions religieuses et caritatives, la musique sera toujours merveilleuse. Si je devais mourir que ceci soit mon épitaphe: "La seule preuve de l'existence de Dieu, c'est la musique". La musique rend pratiquement toute personne plus amoureuse de la vie; même les fanfares militaires me mettent toujours de bonne humeur. J'aime Strauss et Mozart, mais le cadeau le plus inestimable que les Noirs américains ont donné au monde quand ils étaient encore esclaves est si grand qu'il est à présent la seule raison pour laquelle tant d'étrangers nous aiment encore un petit peu. Le remède à l'épidémie de dépression dans le monde entier est un cadeau qui a pour nom le blues - le jazz, le swing, le be-bop, Elvis Presley, les Beatles, les Stones, le rock'n'roll etc... dérivent du blues.

Le merveilleux écrivain Albert Murray,  historien de jazz a raconté que pendant la période de l'esclavage dans ce pays - une atrocité dont nous ne pourrons jamais complètement nous remettre - le taux de suicide parmi les propriétaires d'esclaves était bien plus élevé que parmi les esclaves eux-mêmes. Les Noirs pouvaient chasser le Vieux Père Suicide en jouant et chantant le blues. Les étrangers nous aiment pour notre jazz et ils nous détestent à cause de notre arrogance. 

Nos enfants se retrouvent héritiers de l'histoire incroyablement récente de l'esclavage, d'une épidémie de sida, des sous-marins atomiques sommeillant au fond des fjords, avec des équipements prêts à transformer des quantités industrielles d'hommes, de femmes et d'enfants en déchets radioactifs et en engrais azotés. Le monde vit au jour le jour.


Requiem

Lorsque le dernier être vivant
sera mort à cause de nous
comme il sera poétique
d'entendre la terre dire, 
d'une voix s'élevant peut-être
du fond du Grand Canyon:
"Tout est accompli.
Les gens ne se plaisaient pas ici..."

Kurt Vonnegut

Je lis Un homme sans patrie  de Kurt Vonnegut



Et me voilà en train de dériver et de penser que si tout est foutu, que le dernier des humains quitte la Terre en jouant sur son harmonica un air de blues nostalgiquement mystique! ...  Fin! 

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