mardi 8 mars 2016

Des milliers de chevaux domestiques s'échappent pour retourner à l'état sauvage...





Chevaux sauvages en Alberta

34 000 mustangs galopent en liberté dans les plaines américaines

Une barrière chancelante. Un filet déchiré. La porte entrebâillée d'une cage. Ce frisson qui parcourt l'échine: l'appel des grands espaces et de la forêt. Cette année encore des centaines de milliers de chevaux, ânes, chiens, chats, vaches, cochons, chèvres, lamas, dromadaires ou saumons d'élevage s'enfuiront. 368 000 saumons ont réussi à s'échapper des fermes aquacoles norvégiennes. Direction: la vie sauvage. C'est l'ensauvagement.

Malgré des millénaires d'apprivoisement et de dressage  nombre d'animaux parviennent à survivre dans la nature hostile. Certaines de ces espèces prospèrent même durablement jusqu'à faire peser  de sérieuses menaces sur les écosystèmes en place. Une fois dans la nature, chaque animal aura la liberté d'exprimer des comportements hérités de ses ancêtres.Très vite l'absence de l'homme n'a plus aucune espèce d'importance. Chassez le naturel, il revient au galop.

Historiquement, à l'origine, il y eut  les montures perdues par les Conquistadores dès 1518. Les chevaux  relâchés après la guerre de Sécession se sont greffés à eux. La conquête des grands espaces (Australie, Amériques) a favorisé cet état d'ensauvagement à cause d'éleveurs pas assez nombreux ou attentifs. Les pertes de contrôle viennent aussi suite à des catastrophes naturelles par exemple: l'ouragan Katrina a libéré en 2005, des volées de poules qui aujourd'hui continuent  de caqueter dans les rues de la Nouvelle-Orléans. Il y a les exodes rurales, les bêtes abandonnées. La crise économiques de 2008 a fait en sorte que ceux qui ne pouvaient plus entretenir leurs chevaux les libérèrent pour qu'ils rejoignent les hardes sauvages.

Cet ensauvagement revient, ni plus ni moins, à effacer les effets de la domestication, un processus aussi marquant dans l'histoire que l'invention de l'écriture ou du calcul. Mais l'administration américaine a beau mobiliser ses meilleurrs scientifiques, elle n'a toujours pas trouvé de solution au boom démographique des chevaux sauvages dans l'Ouest. Cette grave évasion cause des problèmes insolubles. Et que dire de la fureur des écologues contre les chats laissés en liberté, ces tueurs-nés d'oisillons et de petits mammifères (des milliards par année) partagent 95% de leurs gènes avec les tigres. Leur carnage surpasse les effets de n'importe quelle activité humaine.

L'ensauvagement est simplement une nouvelle aventure évolutive. On pourra toujours s'en émerveiller, accuser le coup, protester ou rester indifférent, les problèmes déclenchés par ces animaux affranchis sont aussi de notre fait. Le renard avait bien averti le Petit Prince: "Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé". 

Extraits d'un texte écrit par Vincent Nouyrigat, publié dans Science & Vie.

Notre civilisation est telle qu'elle est en train de  provoquer la plus formidable fugue de l'histoire!

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