lundi 21 octobre 2013

Le peintre Léon Bellefleur et l'infinie musique des mystères


Léon Bellefleur, 1910-1997


Je lis Léon Bellefleur, la ferveur à l'oeuvre, de Guy Robert

"Il y a tellement de choses qui nous dépassent, derrière nous, dans les futurs dont nous ne savons rien, si on y pense trop, on peut se déboussoler, c'est arrivé à des centaines d'artistes, de savants, de visionnaires, de rêveurs.

Le plus important c'est pas ce que l'on voit, mais ce qu'on imagine.


Bris de couleurs

Chacun apporte sa contribution du mieux qu'il peut à travers tellement d'obstacles et de périls que chaque oeuvre réussie devient un petit miracle. Il s'agit de tellement peu pour que tout chavire: quelques lignes en trop ou en moins, quelques taches de couleurs qui ne s'accordent pas, et c'est raté: il faut gratter, effacer. C'est pourquoi je laisse l'instinct me guider, les visions germer et se développer elles-mêmes, en intervenant le moins possible.


Doux moments

Pour le signer, oui, c'est moi, mais pour le faire, c'est moins clair: c'est ma main bien sûr mais c'est aussi autre chose, comme un souffle ou un courant qui passe. Je n'ai jamais de plans ou de programmes en commençant une oeuvre.

Les grands ancêtres sont importants pour moi. En dessein, Rembrandt et Dürer, Seurat, Lautrec, Van Gogh. En peinture, Rembrandt encore et toujours, Velasquez, aussi Klee, Miro, Kandinsky et Picasso qui est partout.

Le mystère d'une oeuvre est très important, il faut qu'il demeure et respecté comme tel. Autrement tout s'effondre, on perd le sens profond, celui qui justement ne s'explique pas. C'est une exploration sans fin ni commencement puisqu'elle vient de bien plus loin et je la sens se poursuivre en moi, et bien au-delà. 

La Quête, oui, cette quête m'a permis de découvrir  une sorte de passage secret vers le subconscient, vers des réserves insoupçonnées, inépuisables, qui appartient à toute l'humanité, à l'Univers.


À l'occasion de ses onze ans

L'oeuvre est un passage, un rituel, une sorte d'évocation du merveilleux, du mystère de la vie, du Sens de la vie que l'on cherche inlassablement, des bribes que le hasard dévoile, des émotions que j'essaie de communiquer dans mon authenticité propre, avec toute ma ferveur.

Ferveur, c'est le mot clé chez Bellefleur: "Peindre, ça répond à une sorte d'urgence, c'est partir à la recherche d'un secret oublié au fond de soi. Un mystère traverse la main du peintre pour se manifester sur la toile".

C'est cette ferveur que j'aime, qui m'émeut et c'est ce qui m'interpelle d'abord  chez tous ceux que j'aime.

Guy Robert a recueilli ces propos de Léon Bellefleur lors d'un entretien remarquable. Léon Bellefleur est l'un des plus importants peintres québécois de la deuxième partie du XXe siècle.

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