vendredi 25 octobre 2013

Marie, la Vierge....



Icône russe de la Vierge Marie

La naissance miraculeuse de Jésus, fils d'une vierge est un ajout relativement tardif à la doctrine. Certitude absolue, au milieu du Ier siècle, l'apôtre Paul ne sait rien de ce prodigieux détail concernant l'origine de celui qu'il tient néanmoins pour "Fils de Dieu" et presque Dieu lui-même. Il souligne que Jésus est bien né par la chair, de la Maison de David, né d'une femme "gunès" et non d'une vierge "parthenos". Il est infiniment probable que Pierre, lui aussi mourut dans la même ignorance que Paul d'une naissance due à l'opération du Saint-Esprit.

A quel moment cette légende apparut-elle chez ses disciples? Le plus vraisemblable pour l'heure, est de supposer que dans leur conquête de l'Asie Mineure, quand les propagandistes du Nazaréen rencontrèrent, en Phrygie peut-être, le culte d'une Cybèle/Démeter, vierge et féconde, ils ne supportèrent pas d'être dépassés en prestige. Pour donner naissance à Jésus - l'épouse d'un charpentier rural d'allure, face à une déesse intacte et immensément créatrice - il se peut  qu'ils aient voulu rivaliser avec cette mythologie païenne faisant du Nazaréen l'enfant d'un miracle, le produit d'une intervention divine.

Chez Mathieu et chez Luc, une généalogie de Jésus - deux textes discordants - aboutit à Joseph, descendant du roi David mais c'est sans intérêt puisqu'il n'y est pour rien dans l'enfantement de Jésus. L'ange annonciateur, chez Luc, dédie à Marie une prédiction fausse: "Au fils que tu vas concevoir, le Seigneur Dieu donnera le trône de David". Mais Mathieu raconte autre chose. Pas de scène d'annonciation chez lui, mais un Joseph qui prend assez mal la grossesse de sa fiancée qui n'est pas encore son épouse. Elle ne lui a donc rien  expliqué? Et c'est un ange qui apparaît à Joseph en songe pour lui révéler l'acte générateur accompli dans les entrailles de Marie par l'Esprit-Saint.

Le nom de Marie n'apparaît qu'une seule fois chez Luc (41-50) Étrangement, la mère de Jésus n'est nullement nommée  alors que sont nommées les femmes qui de loin, assistaient à la crucifixion. Ce n'est pas Marie qui réclame le cadavre de Jésus à Pilate - ce qui retire toute valeur commémorative aux innombrables "pieta" peintes ou sculptées, où l'on voir Marie tenant dans ses bras le corps de son fils décloué de la croix - Marie n'a pas été, non plus, choisie parmi les privilégiés à qui Jésus est apparu après sa résurrection. Le texte de Mathieu, où sur la croix, Jésus remet sa mère à son disciple préféré est considéré par les exégètes comme une possible fiction ajoutée.

Ce n'est qu'au XVe siècle que Marie est proclamée "Mère de Dieu" et c'est au XIXe et XXe siècle que la papauté, soudain, prit feu dans une mariologie galopante, effrénée. D'abord Pie IX déclare Marie exempte du péché originel, bénéficiant par conséquent d'une Immaculée Conception, alors que ce cadeau divin lui avait été expressément refusé par saint Augustin au Ve siècle, saint Bernard au XIIe siècle, et au XIIIe siècle par saint Thomas d'Aquin. En 1950, Pie XII ajoutera en l'honneur de Marie, un nouvel article de foi, l'Assomption de Marie dès son dernier soupir, enlevée par un  irrésistible appel d'air céleste afin qu'elle soit dispensée, dans sa résidence désormais éternelle, du triste sort de toute chair  terrestre après le trépas. L'Assomption est proclamée dogme par l'infaillibilité de Pie XII, et dès lors, les apparitions ne cessèrent de se multiplier. Depuis, dans tout missel autorisé, à l'ordinaire de la messe, à l'occasion du Mea culpa, est invoqué "la bienheureuse Marie, toujours vierge! Après deux mille ans!

L'infaillibilité du pape en prend un coup, un coup de poing!

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