dimanche 7 mars 2010

La Tunisie sous les vents


Le souk de Sousse





Aujourd'hui, il fait 16 °, le ciel est gris et un vent d'ouest fait ployer les branches des palmiers, moutonner la mer et gémir les fenêtres. Il fait froid. J'ai l'âme barbouillée. Une ¨petite bassesse¨ je crois. Je m'ennuie de mon pays, de ma famille, de ma mère, de Mimi malade. Et Judith qui parle de déguster des huîtres à notre retour...

Je pense au petit Mathieu souffrant d'arthrite rhumatoïde qui le fait boîter et pleurer. Je pense à lui tous les jours et la mer entend parler de lui tous les jours.

Nous sommes allés marcher dans le quartier arabe et le moral est revenu... C'est un amalgame d'odeurs, de couleurs et toute une vie sympathique foisonne dans les ruelles.

Guy aime tellement ces longues ballades lentes et jouissives, cet univers arabe lui rappelle son ¨autre vie¨.

vendredi 5 mars 2010

Hammam tunisien

Expérience fameuse! D'abord la jeune fille a lancé des seaux d'eau sur un banc de pierres lisses pour qu'il soit chaud afin de m'y accueillir. J'étais presque nue, la consigne était de ne garder que le slip. J'avais les deux pieds dans une bassine d'eau très chaude et attentive, blottie dans mon coin, j'ai laissé la vapeur d'eau m'entourer pour ouvrir doucement les pores de ma peau. C'est un spectacle surprenant que de voir toutes ces femmes aller et venir dans une totale aisance avec la nudité de leur corps. La jeune femme Moha, je pense, m'a dit: viens avec moi! Et j' ai changé d'alcove. Avec un savon qui faisait une crème jaune pâle elle a lavé tout mon corps, ses mains douces glissaient sur moi et je me suis retrouvée dans un curieux état, une sorte de régression, une résurgence de la petite fille lavée par sa mère. C'était étrange et bon! Puis, elle m'a rincé entièrement, à coup de grands seaux d'eau. Le temps du gommage était venu.

J'entendais rire ces femmes et je me sentais femme avec elles. J'ai vu une femme cesser le massage qu'elle faisait, elle a rejeté sa tête en arrière et dégageant sa gorge, elle a projeté un long chant, un ¨youyoulement¨ joyeux et strident, comme dans les films. Tous les gestes se sont arrêtés. C'était un chant annonçant un mariage. J'ai eu envie d'applaudir! Je me sentais privilégiée d'être là.

Le gommage continuait et j'étais plutôt gênée de voir les petits rouleaux qui s'accumulaient sur ma peau. Mais j'étais là justement pour ça, ce grand récurage! Grands seaux d'eau pour finir. Le temps du massage était venu. Et ce n'était pas des caresses, elle y allait à fond la caisse! Après, je suis restée seule, étendue sur mon banc de pierre et j'ai senti une grande chaleur envahir mon corps en entier. J'avais le même agréable feeling qu'après avoir bu cul sec une bonne lampée de cognac. Mais une chaleur non logée dans l'estomac mais dans tout le corps. Divin!

Quand je suis sortie de là, Guy m'a amené boire un thé dans un petit bistro ¨pour me ramener dans mes bottines¨. J'ai tellement hâte que son tour vienne, cet endroit était réservé aux femmes. Mais elles nous ont donné une bonne adresse pour le hammam des hommes.

Et moi, je me sens ¨glorieuse¨!

Merci Nana pour le vrai mot du youyou. C'est le " zaghrit."

mercredi 3 mars 2010

Douja Harran




J'ai rencontré une femme singulière. Je n'ai jamais rencontré une femme comme elle. Elle a un beau visage rieur qui garde encore des traces d'une espièglerie qui vient de l'enfance. Elle a le verbe haut, la gestuelle large et un bagout phénoménal. L'oeil vif, elle parle de son mari, de ses enfants, de ses amies, des Tunisiens avec une telle gouaille qu'à l'écouter je ne pouvais rien faire d'autre que rire et rire encore. Elle dit descendre d'Abraham, lui-même! Elle est drôlement rafraîchissante!

Elle a une passion: Facebook. Elle a des milliers d'amis virtuels et elle est l'instigatrice de plusieurs blogs avec des thèmes particuliers, dont celui des blagues. Alors là, les rires continuent de dégringoler...

Je crois que je vais m'inscrire à Face Book, juste pour lui demander: est-ce que je peux devenir ton amie. Quelle femme!

mardi 2 mars 2010

Mahdia, Tunisie




Henrietta, Nana, Gi et Guy



Ruines romaines




Porte ouverte sur l'infni


Un autre petit village à faire rêver, Mahdia! La vue sur la mer y est grandiose et à la lisière de l'eau, des vestiges de constructions romaines s'y élèvent encore avec une dignité usée et une longivité remarquable. Ce que j'aime voir ça! En face de la mer, de l'autre côté de la rue, un cimetière. Les petites pierres de marbre blanc magnifées par un soleil éclatant m'ont fait penser que pour les gens qui restent, la perspective que les êtres aimés soient enterrés devant un lieu si vibrant de beauté, doit être une consolation.


Les ruelles du village sont bellement pittoresques et très très étroites. Nana nous pilotait d'une main ferme. La maman de Nana, Henrietta nous accompagnait. Une belle dame gentille, délicate et pleine de douceur.


Nous sommes entrés dans un petit café. Les murs étaient tendus d'un grand voile rouge. Il faisait 35 degrés dehors et une fraîcheur parfumée nous arrivait d'une grande fenêtre décorée d'une grille blanche en fer forgé typiquement tunisienne. Nous dégustions en silence un thé sucré, des pignons flottaient sur le liquide chaud à travers les feuilles de menthe. Sublime!

Et tout à coup, j'ai ressenti le phénomène d'adéquation si cher à Muriel Barbery dans ¨L'élégance du hérisson¨. Instants s'inscrivant dans la perfection du temps, du lieu, des êtres. Moments de grâce subtile laissant une trace d'apaisement délicieuse en soi. Merci Maude de m'avoir fait connaître ce livre et cette histoire si belle. J'aime les livres qui laissent un goût en bouche, comme un bon vin.



Gi et Nana à Mahdia

Le sang des Borgia


Guy a beaucoup lu sur ce balcon avec souvent de longues contemplations

Je lis ce livre de Mario Puzo avec intérêt. Trente ans après ¨Le Parrain¨, il fait revivre la plus célèbre ¨famille¨ criminelle de l'histoire, celle des Borgia.

Suite à une visite à Rome en 1983, fasciné par la Renaissance italienne et surtout par les moeurs et la cruauté des Borgia, Mario Puzo décide de transposer cette histoire dans un roman. Pour lui, c'était la première grande ¨famille¨ criminelle, bien plus retorse que toutes celles de la mafia. Les papes étaient des ¨parrains¨ avant l'heure, et Rodrigo Borgia, le pape Alexandre VI, fut le plus grand de tous.

L'argent pouvait acheter les églises, les prêtres et même le pardon de Dieu. Alexandre VI est mort avant d'avoir pu réaliser son rêve de voir son fils César accéder au trône pontifical. Il avait été tellement indigne de son Pontificat aux yeux de ses contemporains qu'après sa mort, ses successeurs ne voulurent pas habiter les pièces du palais dans lesquelles il avait vécu. Devenu le représentant de Dieu sur la Terre, dès qu'il sut que Christophe Colomb avait découvert l'Amérique, il la partagea entre l'Espagne et le Portugal par une bulle papale. Couraca, chef indien de l'Amérique du Sud dit: ¨Votre saint Père, comme vous l'appelez devait être fou ou ivre au moment où il a distribué les terres d'autrui¨.

Guy, à son tour est plongé dans ce livre sulfureux. C'est bon lire des grosses briques en vacances! Présentement je lis ¨L'amour au temps du choléra¨ de Gabriel Garcia Marquez, c'est réellement magnifique!

lundi 1 mars 2010

Houda



Je l'ai revue une deuxième fois avec un très très grand plaisir. Cette femme si belle et si digne, avec au coeur de sa vie une douleur indicible, un fils décédé à l'âge de 20 ans, chez-nous au Québec, alors qu'il y faisait des études universitaires.

Cette femme a une grande force en elle, c'est une guerrière. Elle relève ce cruel défi avec des mots. Elle écrit sa souffrance et elle s'en libère mots après mots. Elle aimerait bien que je l'aide à faire un livre de toutes ces pages libératrices. Je veux bien!

Elle nous a offert un dessert spécial. Le jour de l'anniversaire de naissance du Grand Prophète, les femmes se lèvent tôt et elles font ce dessert fait avec 2 sortes de pignons, des blancs et des noirs. C'était délicieux!

En partant, nous avons vu sur d'immenses vasques au bord de la rue, une lettre gravée sur chacune d'elles: K, A, I, S. Kaïs, le prénom de son fils!

Korba, Tunisie


L'Afrika Jade


Voyage d'exploration avec Nana et Serge, un ami, à la découverte de Korba, petit village au bord de la Méditerrannée.

Le sable était compact et lisse, sans une ride et nos pieds envahissants faisaient craquer le sable blond en de multiples petites crevasses autour des traces de nos pas. Il n'y avait derrière nous, que nos pas intrusifs. Nous étions absolument seuls et émerveillés. La mer était d'un bleu intensément bleu et pleine de miséricorde, elle allait et venait, réconfortant nos pieds nus et fatigués.



La plage de Korba, Nana et Gi

Nous étions à l'Afrika Jade. Lieu de délices et de beauté: jardins fabuleux, sculptures et art nègre, dôme de verdure et fauteuils confortables. En harmonie avec toute cette beauté, et avec une satisfaction évidente, nous savourions une bonne bière fraîche.

La présence attentive de Nana brillait comme une gemme précieuse dans cet instant de vie.