lundi 30 novembre 2009

Boris Vian



Cette année, on parle beaucoup de Boris Vian, on se remémore les événements de sa vie, ça fait 50 ans qu'il est décédé. On veut se souvenir... lui rendre hommage.

J'ai décidé de relire "L'écume des jours". À l'époque, c'était un roman nouveau-genre, d'avant-garde, maintenant il au dixième rang des 100 plus beaux livres du xxe siècle. Quand même, ça me surprend un peu!... Je me souviens bien de la poignante histoire d'amour entre Colin et Chloé, de la mort de Chloé, du côté délicieusement étrange et surréaliste de sa poésie et aussi de moi qui pleurait comme une Madeleine à la fin du livre.

Cette fois-ci, je suis plus sensible à la sensualité de sa poésie:
- La porte claqua derrière lui avec le bruit d'une main nue sur une fesse nue...
- La porte extérieure se referma sur lui avec un bruit de baiser sur une épaule nue...
Et tout ça sur des airs de jazz...et je ne fais que commencer!

dimanche 29 novembre 2009

L'anglais, seule langue officielle

La présence anglaise et les Québécois de Michel Brunet

Lors des premières séances du Parlement québécois (1792), la langue anglaise est reconnue comme seule langue officielle du pays. L'école comme agent d'anglicisation, est la solution proposée par les chefs. On préférait un étouffement graduel et prolongé. Déjà, on enseignait l'anglais aux jeunes Canadiens de Montréal et de Québec. Mgr Hubert est chargé de recruter des professeurs. L'organisation de cette classe anglaise représentait un gros sacrifice financier pour l'évêque de Québec dont les revenus étaient modestes. Il avait dû se l'imposer pour empêcher les jeunes de fréquenter une école protestante!!!

Si l'assimilation complète ne s'est pas produite, c'est que les jeunes Canadiens n'avaient que très peu de contact, même dans les villes de Montréal et Québec, avec la population dirigeante. Les Canadiens avaient perdu leur liberté collective et se maintenaient dans un état misérable de survivance.

L'instruction publique qui avait progressé normalement pendant la période coloniale française, rétrograda après la Conquête. Impossible pendant longtemps, de faire venir de France des professeurs et des livres. Peu à peu, les Canadiens s'habituèrent à vivre dans l'ignorance, placés qu'ils étaient dans un état d'infériorité permanent. Ils perdirent la maîtrise de leur destinée, devenus une minorité dans le pays que leurs ancêtres avaient fondé. Quand la majorité apprend la langue de la minorité, c'est parce que celle-ci est la classe dirigeante.

Michel Brunet

Fred Pellerin... et "Silence"


J'aime tellement ce disque! Je l'écoute en boucle depuis 2 jours. J'aimerais bien que Dominicke et Rosalie nous enchantent avec "Mille après mille" durant le temps des fêtes. C'est une demande spéciale de mère ça!

J'ai lu: "Fred Pellerin aurait quelques ancêtres chez les lutins qu'on en serait pas surpris..." Quel adorable personnage!

Sa chanson "L'alouette", une métaphore tragique du Québec dépossédé qui fait pleurer...

vendredi 27 novembre 2009

La Nouvelle-France

Actuellement, l'histoire de la Nouvelle-France me passionne. Je lis "La présence anglaise et les Québécois" de Michel brunet.

La Guerre de 7 ans, en Europe, stimule l'activité économique du pays. La bourgeoisie canadienne s'est enrichie de marchands qui ont fait de grandes fortunes. Une vingtaine de négociants québécois devinrent millionnaires et Montréal en comptait autant, durant la dernière décade du régime français. Une quarantaine de millionnaires forment une élite importante et influente dans une société de 60 000 habitants. Si la Conquête de la colonie et la défaite de la France n'avait pas mis fin brutalement à la carrière de ces riches capitalistes canadiens, ils feraient aujourd'hui partie de la galerie de nos grands hommes. La Nouvelle-France a eu le malheur d'enrichir une génération de capitalistes qui n'a pas pu lui rendre au centuple ce qu'ils lui avaient soutiré en mettant leur talent, leur sens des affaires, leur habileté, leur fortune au service de leur patrie. (universités, bibliothèques, musées...). La Conquête les en ont empêchés. Ils allèrent tenter fortune ailleurs.

Sans la Conquête cette émigration n'aurait pas eu lieu. Les hommes d'affaires restés au pays se recrutaient parmi les moins riches et les plus besogneux. Le riche empire commercial de la Vallée du St-Laurent, des Grands Lacs et du Mississipi appartenaient désormais aux conquérants. Les paysans continuaient à cultiver leurs terres mais avec l'interdiction sous peine de mort de faire la traite des fourrures avec les Indiens. La Carthage d'Amérique avait enfin été détruite!

La banqueroute du gouvernement français ruina partiellement les hommes d'affaires canadiens. Toutes les marchandises des fabriques de France furent prohibées et les navires français saisis. La Conquête leur avait imposé une concurrence à armes inégales. En une génération, les Canadiens conquis avaient été éliminés des grandes affaires, ou presque. Cette décapitation locale et cet asservissement s'étaient accomplis tout naturellement, sans violence. Les vainqueurs n'avaient pas pour mission de protéger les vaincus. La grande bourgeoisie sera dorénavant anglaise.

Deux siècles plus tard, l'Amérique, au nord du Mexique, compte deux grands États anglais dont l'un est une république et l'autre une monarchie britannique. L'Angleterre a bien rempli son rôle de métropole nourricière et de fondatrice de nations.

La gémellité


Souvenirs...


Une nuit, Anne-Emmanuelle fit irruption dans ma chambre en pleurant à gros sanglots. Elle pleurait tellement que ses propos étaient inaudibles. Je l'ai bercée doucement, elle s'est calmée et elle m'a raconté son rêve. Sa soeur jumelle mourait dans ce rêve. Jamais elle n'avait envisagé qu'elle pourrait un jour, être orpheline de sa soeur. Cette révélation la dévastait. "Je ne veux pas que personne me parle de ça, jamais!"

Le lendemain, au déjeuner, j'ai parlé aux enfants. Petit déjeuner aux yeux mouillés... Il s'agissait de ne jamais émettre l'idée que l'une ou l'autre des jumelles pouvait mourir! Cette perspective les attristait tellement... Ce fut un pacte entre enfants qui s'aimaient. Parole tenue! 

mercredi 25 novembre 2009

Des jumelles identiques

Souvenirs......


Elles se ressemblaient comme deux gouttes d'eau. Mais nous les reconnaissions car Manou avait une petite tache de naissance sur une fesse. La reconnaissance identitaire se faisait aux changements de couches. Et puis un jour, étonnement généralisé, Coco s'était fabriqué elle aussi, une petite tache brune sur la fesse mais en effet miroir, c'est-à-dire sur la fesse opposée. Bébé Frédérique-Anne avait pris son temps avant de se finir tout à fait. Nous étions dans l'émerveillement!

Quelques années plus tard, Anne-Emmanuelle a fait une chute et s'est brisé la paupière sur une chaise berçante. Un petit regard furtif vers la cicatrice de la paupière permettait à beaucoup de l'identifier avec justesse. Encore maintenant! J'ai longtemps été la seule à ne jamais les confondre.

C'était franchement une réussite, ces deux petites filles!

Jeu de Tock et Événements d'Octobre

Quelques pages de vie....

J'ai acheté un jeu de Tock dans une braderie. Et ce jeu m'a ramenée 39 ans en arrière.

C'était en octobre 1970.

Le Québec était en pleine révolution. À la télé, Gaétan Montreux de Radio-Canada, venait de lire aux Québécois le fameux "Manifeste" du F.L.Q. Le Québec entier était dans la consternation. Peu après, les arbitraires mesures de guerre de Pierre-Éliott Trudeau étaient votées et l'armée envahissait les rues de Montréal.

Moi, je vivais aussi une révolution. Une révolution de Femmes!  J'ai demandé le divorce. Je décidais de bousculer un homme, ma famille, mon patelin et l'Eglise. Ma mère m'a accueillie les bras ouverts. J'avais deux enfants, Dominicke et Marie-Héllène et ... j'étais enceinte. Je faisais doublement partie des Événements d'Octobre. Mon Pays était aussi perturbé que moi. L'espérance, la vie et la mort se côtoyaient.

Chaque soir, une amie, celle que j'appelais "l'Archange" dans mon coeur, venait chez ma mère. Elle amusait les enfants, elle inventait de longues histoires palpitantes et quand les petits s'étaient endormis, on s'attablait et on jouait au Tock, avec maman et ma soeur Mimi. Elle s'était donné une mission: me faire rire un peu et même beaucoup, chaque soir, " afin que l'enfant que je portais puisse entendre les vibrations de mes rires à travers mon ventre".

Marie-Héllène avait attrapé la rubéole et moi, n'ayant jamais eu cette maladie, je devenais porteuse d'un enfant potentiellement à risques. La liste était longue et cruelle des complications de santé pour le foetus. On m'a inoculé le vaccin le protégeant à 70%. Le 30% restant drainait à lui seul une inquiétude cauchemardesque qui sabotait toutes mes nuits.

Je vivais un sentiment de libération mais aussi une culpabilité obsédante envers mes enfants, je les privais d'un père au quotidien. Mille inquiétudes financières brisaient mon moral, le père refusant à sa famille toute pension alimentaire.

Au septième mois de grossesse, une radiographie a révélé que je ne portais pas un enfant... mais deux !!! Alors là, les mille inquiétudes se sont diluées dans une angoisse violente. Il s'agissait de mettre au monde deux enfants dans un état de santé hypothétique, et en pleine démarche d'un divorce qui s'annonçait orageux: le père demandait à la Cour la garde des deux aînés !!! Sous une fragilité extrême, une grande force bagarreuse m'animait pour protéger le bien-être et surtout l'équilibre et le bonheur de mes enfants.

Mon amie s'amenait avec son accordéon sous le bras et une détermination accrue de réussir son pari. L'ampleur de sa "mission" prenait de la complexité ce qui la motivait encore mieux. Elle était tellement drôle... certains soirs je croulais sous mes rires. "Les deux petites filles entendaient chaque soir, les vibrations de mes rires à travers mon ventre". Les jumelles, Anne-Emmanuelle et Frédérique-Anne sont nées dans un parfait état de santé, belles comme des coeurs!

Indispensable  Jeu de Tock!