mercredi 13 juillet 2011

L'histoire d'une jeune fille qui ne voulait pas s'agenouiller

Esther Hillesum

Etty vient à nous avec ses 11 cahiers et un peu plus de 70 lettres. Au fil de son journal, Etty nous lègue des leçons inoubliables: "J'aimerais tant survivre pour transmettre à cette nouvelle époque, toute l'humanité dont je suis témoin chaque jour". Ces jours nouveaux... elle fait tout ce qui est en son pouvoir pour qu'ils se lèvent d'abord en elle-même. "Ce moi-même, cette couche la plus profonde et la plus riche en moi, je l'appelle Dieu". Etty puise sa nourriture dans les Psaumes et dans certains passages du Nouveau Testament qu'elle lit avec une grande avidité.

La foi est un mystère qui relève du secret de dieu. "Mélodiquement, le monde roule de la main de Dieu". (Albert Vérivey) Elle écrit: "Moi aussi, je voudrais "rouler mélodiquement de la main de dieu". Son objectif personnel est annoncé.

Lors d'une méditation matinale, elle a l'intuition de la beauté du monde. Expérience de fascination où elle a d'un coup la confirmation de sa place dans l'univers. Elle se sent soudainement "habitée". La beauté se trouve tout autant en elle qu'autour d'elle. "Désormais, je vis et respire pour ainsi dire par l'âme". Histoire d'une jeune fille qui ne voulait pas s'agenouiller est le titre qu'Etty voulait donner à son journal. S'agenouiller est le signe de son abandon et de son acquiescement à ce qui naît en elle. "Écouter au plus profond de moi-même et me laisser guider par une urgence intérieure".

Elle observe le jardin derrière chez elle. Elle est fascinée par le spectacle qui se déploie devant elle. "Je n'arrive pas à saisir combien ce jasmin est beau. Il est si radieux, si beau, si libre et si tendre au milieu de toute cette grisaille et de cette pénombre boueuse, comme une jeune mariée exubérante perdue dans une ruelle. Je crois à ce miracle, même si les poux doivent me dévorer d'ici peu, en Pologne". En dépit des sombres menaces qui planent, elle peut encore s'extasier devant une fleur, un nuage, un ciel. D'ailleurs, on le lui reproche: comment peux-tu encore songer à des fleurs? Le lendemain, elle achète des roses, "elles sont aussi vraies que la misère autour de moi". Les difficultés quotidiennes ne parviennent pas à étouffer son sens de l'émerveillement. "Je trouve la vie belle et je me sens libre. En moi, les cieux se déploient aussi vastes que le firmament au dessus de moi. Je crois en Dieu et je crois en l'homme, j'ose peu à peu le dire sincèrement".

Je lis Etty Hillesum, témoin de Dieu dans l'abîme du mal de Yves Bériault et cette expérience si singulière de la connaissance de Dieu me rejoint profondément dans une sorte de fulgurance.





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