Simone Weil, philosophe française (1909-1943)
Je lis L'Insoumise, Simone Weil de Laure Adler
Son nom est connu dans un cercle d'initiés qui la considèrent comme une icône de la pensée contemporaine et qui se ressourcent régulièrement à ses écrits.
Simone de Beauvoir se souvient de l'avoir croisée en juin 1926, dans la cour de la Sorbonne: "Elle m'intriguait, à cause de sa grande intelligence et de son accoutrement bizarre... Une grande famine venait de dévaster la Chine, et l'on m'avait raconté qu'en apprenant cette nouvelle, elle avait sangloté: ses larmes forcèrent mon respect encore plus que ses dons philosophiques."
Simone Weil, pourtant, ne pleurait pas souvent mais elle était en empathie avec les autres ainsi qu'avec les événements. Elle souffrait pour ceux qui souffraient et voulait leur venir en aide. Elle-même a passé sa vie à souffrir, mais ne s'intéressait guère à elle. "Elle n'était pas comme les autres, pas seulement dans son apparence physique, dans sa manière de s'enflammer pour des causes politiques mais aussi pour une profonde indifférence à elle-même, une volonté, avant même d'avoir vingt ans, d'être inquiète de tout et sur tout et de ne pas vouloir s'installer dans la vie". Alain son professeur, celui qui l'avait formée et dont elle se sentira proche jusqu'à son dernier souffle de vie, l'avait surnommée "La Martienne". (Jacques Ganuchaud)
Elle n'avait cure de ses migraines, de son état d'épuisement. Elle était tellement volontariste qu'elle pensait qu'elle allait encore gagner contre cette fatigue immense pour continuer à écrire sur l'avenir de la France et vivre enfin ce moment où son pays serait libéré.
France Culture m'offrit la possibilité, à l'été 2007 de lui rendre hommage. Je me plongeai alors, pour la première fois dans cet immense chantier que sont ses cahiers. Ce fut une véritable odyssée, un vertige. L'admiration se transformait en passion. Ce livre est un livre d'admiration qui se donne pour but d'agrandir le cercle des amoureux de Simone Weil .
J'aime déjà d'amour Simone Weil, de cette sorte d'amour que j'éprouve pour Etty Hillesum, morte elle aussi en 1943 mais dans un camp de concentration. Ces deux saintes des temps modernes m'habitent et me font du bien. Je pense souvent à elles. J'ai collé au mur, il y a quelques années, la photo de Simone et je croise tout le temps son regard... qui me regarde et son doux sourire ... qui me sourit. Une subtile interpellation spirituelle se met à bouger en moi, toujours la même: devenir une meilleure personne, une personne attentive.
Malgré la souffrance, Simone était un être solaire aimant à rire, discuter, faire de l'humour, nager, aller au théâtre (elle connaissait par coeur des livrets d'opéra). Elle aimait l'Italie jusqu'à la folie, s'absorber dans la beauté d'un paysage ou d'une peinture, bref, une dévoratrice de tout ce que pouvait lui offrir la bonté des êtres et la beauté du monde. Laure Adler
Comment ne pas l'aimer! (à suivre)
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