vendredi 18 avril 2014

Françoise Giroud chavire sous la douleur



Françoise raconte: "Oui, le jeudi c'était un bon jour pour mourir. Mes enfants pouvaient se passer de mon appui. Simplement ma volonté de suicide n'était pas calomnie à la vie, négation du bonheur possible. D'un bonheur totalement et longuement vécu, je ne me sentais plus capable que de reconstituer une mauvaise copie, par excès de fatigue peut-être ou faute d'imagination... Je ne saurais jamais comment la guerre d'Algérie se terminerait..."

C'est Sabine de Fouquières, la future épouse de Jean-Jacques, qui saisit d'une intuition lui dit d'appeler chez Françoise. Comme son téléphone était occupé, elle insista pour qu'il joigne quelqu'un d'autre. C'est le médecin  de Françoise qui se déplaça et qui se rappela qu'entre sa chambre et celle de sa mère, Françoise avait fait amincir une cloison pour entendre son appel la nuit. Avec deux hommes, le médecin a défoncé la porte...  elle était morte.

Les médecins se sont acharnés pendant trois jours de coma, puis pendant des jours et des jours. Les visiteurs peu à peu ont été autorisés à venir. "Ils m'aimaient peut-être, ils avaient l'air de croire que comme eux, j'avais ma place dans le monde". Un an après sa tentative de suicide, en mai 1961, Jean-Jacques Servan Schreiber proposa à Françoise de reprendre la direction de l'Express, qu'elle assura, sauf quand elle fut ministre, jusqu'à son rachat par Jimmy Goldsmith en 1977 - la seule chose qu'elle ne lui pardonna jamais-.

Françoise Giraud est morte le 19 janvier 2003 à l'âge de quatre-vingt-six ans. Elle chute dans un escalier et tombe dans le coma, elle meurt sans avoir repris conscience. Elle fut vice-présidente du Parti radical socialiste. Elle fonde l'association Action contre la faim. En 1983, Jean Daniel lui demande d'être éditorialiste au Nouvel Observateur où elle écrit des chroniques durant vingt ans. Sollicitée par le président Valéry Giscard d'Estaing, elle devint ministre et prend en charge le secrétariat d'État sur la condition féminine. Elle fut deux fois secrétaire d'État. etc...

Elle reste la première journaliste de France. C'est un modèle inégalé et inégalable (Laure Adler) 

Le destin bouleversant de cette femme extraordinaire suscite en moi une admiration profonde et son histoire d'amour me  brise le coeur. Ces textes ont été trouvés dix ans après sa mort. Ils viennent d'être édités.  Une femme libre, Françoise Giroud, Laure Adler 

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