Françoise Giroud 1916-2003
La première page de la préface du livre Françoise Giroud, une femme libre est percutante. En cet été 1960, Françoise Giroud vient de subir le plus grand échec de son existence: sa mort. Elle ne répond plus. Deux gaillards défoncent une cloison dans le mur pour l'arracher à un coma déjà profond. Elle essaie même de recommencer à l'hôpital. Elle devra se résoudre à vivre. Plaquée par Jean-Jacques Servan-Schreiber, la passion de sa vie, et virée de l'Express, ce journal de combat qu'ils avaient fondé ensemble, en brave petit soldat, elle repart pour la guerre avec la seule arme dont elle dispose: sa machine à écrire. Elle écrira Histoire d'une femme libre.
Alix de Saint-André, en préface.
Pour la liberté j'avais des aptitudes mais pour le bonheur, peu de dons. Liberté et bonheur sont des états violents qui exigent, pour les soutenir, une bonne santé. J'ai perdu la mienne. Désormais frileuse, fragile, atteinte dans mes forces vives.
Le jour de ma naissance, mon père m'a jetée par terre. Il voulait un fils. Ce père m'a nommée d'un beau nom, France. Il a traversé ma vie comme une étoile filante. Il est mort à quarante ans, dans des circonstances dramatiques qui me furent dissimulées. À cause de sa fugitive présence, l'Homme s'est identifié pour moi à celle de la grâce physique mêlée d'audace et de fantaisie. Il a paré les hommes à mes yeux d'un habit de lumière que je reconnaissais dès que l'un d'eux le portait. Albert Camus en était revêtu.
J'ignore les sentiments que Saint-Exupéry nourrissait pour l'enfant triste que j'étais alors. Moi, je le voyais comme un ange. Il m'apprenait de vieilles chansons: Au marches du palais, y a une tant belle fille... Il me racontait le ciel des aviateurs. Il savait tout; à l'ombre de ses ailes, je me sentais en sécurité comme je ne l'ai jamais été depuis.
Alix de Saint-André, en préface.
Pour la liberté j'avais des aptitudes mais pour le bonheur, peu de dons. Liberté et bonheur sont des états violents qui exigent, pour les soutenir, une bonne santé. J'ai perdu la mienne. Désormais frileuse, fragile, atteinte dans mes forces vives.
Le jour de ma naissance, mon père m'a jetée par terre. Il voulait un fils. Ce père m'a nommée d'un beau nom, France. Il a traversé ma vie comme une étoile filante. Il est mort à quarante ans, dans des circonstances dramatiques qui me furent dissimulées. À cause de sa fugitive présence, l'Homme s'est identifié pour moi à celle de la grâce physique mêlée d'audace et de fantaisie. Il a paré les hommes à mes yeux d'un habit de lumière que je reconnaissais dès que l'un d'eux le portait. Albert Camus en était revêtu.
J'ignore les sentiments que Saint-Exupéry nourrissait pour l'enfant triste que j'étais alors. Moi, je le voyais comme un ange. Il m'apprenait de vieilles chansons: Au marches du palais, y a une tant belle fille... Il me racontait le ciel des aviateurs. Il savait tout; à l'ombre de ses ailes, je me sentais en sécurité comme je ne l'ai jamais été depuis.
Françoise qualifiera sa rencontre avec Jean-Jacques Schreiber de coup de foudre: "Par là, j'entends ce choc immédiat d'où jaillit une lumière intense, un éclair, sous laquelle vous voyez l'autre tout entier d'un seul coup d'oeil; vous voyez tout ce que les autres ne voient pas, car l'amour, loin d'être aveugle, comme on le dit bêtement, l'amour est extralucide." (à suivre)
Je lis Histoire d'une femme libre, Françoise Giroud
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