lundi 7 janvier 2013

Communiquer avec les morts...

Stéphane Allix


Communiquer avec les morts est-il consolant?

Je lis La Consolation de Jacques Attali,  les entretiens sont réalisés par Stéphanie Bonvicini.

Stéphane Allix, grand reporter de guerre, directeur de  l'Inrees (Institut de recherche sur les expériences extraordinaires)  répond:


La communication avec les morts peut être consolatrice si elle est correctement encadrée et exploitée. Il arrive que, dans les jours ou les semaines qui suivent le décès d'un proche, certaines personnes perçoivent ou aperçoivent un signe. S'il est accepté par la famille ou accompagné par une équipe thérapeutique, il peut avoir des vertus radicales d'apaisement et de consolation.

Si une mère ayant perdu récemment son fils le voit apparaître au pied de son lit et qui lui dit: "Maman, je vais bien", ce n'est pas forcément une hallucination ni l'effet d'un état de choc. Si on lui dit avec beaucoup de respect que ces expériences-là sont rapportées par énormément de gens, que ce n'est pas anormal, un apaisement s'installe. Ce type d'expérience, de communication, est généralement extrêmement rapproché des jours ou des semaines qui suivent un décès. On les appelle "des vécus de communication spontanée", sans induire la convocation d'un médium. Il y a des personnes qui apprennent le décès d'un proche par ce biais-là, de façon tout à fait inexpliquée.

Dans les jours qui ont suivi la mort de mon frère, ma mère qui se promenait au milieu de bambous plantés par Thomas dans tout le jardin, a senti son fils venu en agiter les feuillages. Était-ce un signe? Était-ce vraiment mon frère? Qui peut répondre à cette question? Mais ma mère a ensuite ressenti un apaisement considérable.

À titre personnel, la découverte du travail des médiums, en milieu hospitalier lors des accompagnements de fin de vie, m'a convaincu qu'il y avait une certaine dimension thérapeutique à considérer la mort différemment. On n'est pas dans le registre du religieux ou de la croyance. Dans le dialogue, dans l'ouverture et dans l'acceptation d'une part de mystère, il y a un élément thérapeutique considérable! Tous les gens qui y sont confrontés le confirmeront: personnel soignant, psychologues, infirmières de soins palliatifs. C'est consolateur pour celui qui va partir, c'est consolateur pour son entourage.

Je ne pense pas qu'il faille croire pour se consoler. En revanche, on peut aller chercher au fond de soi une forme de spiritualité. Nous avons tous ces ressources en nous, et c'est une démarche de toute évidence consolatrice. Il n'existe pas de souffrance insurmontable. Stéphane Allix


À la mort de mon amie Carmen du Nord, après une visite au salon funéraire, je suis allée me reposer. Je me suis allongée sur mon lit et j'ai pleuré, je la sentais tellement proche de moi. Subitement, un parfum suave a embaumé l'air de ma chambre, elle était vraiment là, avec moi. Moment étrange, délicat, véritablement apaisant. 

dimanche 6 janvier 2013

Le karma selon Matthieu Ricard


Mathieu Ricard est un Français devenu moine bouddhiste. Un jour, il décide de quitter la France et sa carrière scientifique pour se concentrer sur la pratique du bouddhisme. Il demeure dans un monastère au Népal depuis quarante ans.

Le karma

Chacun a un karma qui n'est pas un destin imposé par une entité extérieure, un dieu créateur par exemple, qui n'est pas non plus le fruit du hasard, mais qui est la résultante complexe de toutes les actions, paroles, pensées que nous avons accumulées.

Celui-ci s'exprime par le biais des lois de cause à effet. Au moment de la mort, l'impact du karma devient plus clair, comme lorsqu'un oiseau se pose sur le sol, on voit son ombre, invisible jusqu'alors.

La libération ou l'asservissement dans le monde conditionné par la souffrance dépend donc de nous, de l'ensemble de nos actes et de la qualité de notre pratique spirituelle.


Matthieu Ricard a été surnommé  "La personne la plus heureuse du monde" par des médias populaires. Le dialogue avec son père, Jean-François Revel, philosophe de grande renommée, est devenu un livre, Le moine et le philosophe. Ce livre a été un best-seller en Europe, et a été traduit en vingt-et-une  langues. J'aime cet homme heureux!


jeudi 3 janvier 2013

Bonne et Heureuse année et....




Je lis ce beau livre. Photos Éduardo Mèndes, textes Juan Masia Clavel. Voici un extrait savoureux du prologue écrit par Éduardo Mèndes

Ma mère comme toutes les mères, ira au Ciel.
Elle croit au paradis, bien qu'elle n'explique pas à quoi il ressemble, ni où il est.
Ma mère est convaincue qu'au Ciel, elle retrouvera son mari et ses filles défuntes. Mon père et mes soeurs. 
Croire au Ciel et tout ce que cela implique l'aide à vivre et l'aidera à mourir.
Je trouve merveilleux que ma mère croie au Ciel. Comme presque toutes les mères.
Moi, je ne sais pas si j'y crois, même si j'aimerais y croire. Comme bien des fils.
Ce Ciel merveilleux où je retrouverais mon père, mes soeurs et mes amis morts, je ne sais même pas s'il existe. 
Il y a autant de choses qui me font croire en lui que de choses qui me disent que ce n'est pas possible. Que cet endroit merveilleux n'existe pas.
J'aimerais y croire mais je ne sais pas comment faire pour y croire. Mais ce qui est sûr, c'est que ma mère ira au Ciel et qu'elle y trouvera tous ses êtres chers.
De cela, je suis sûr.
Je le sais.

Eduardo Rubio Mèndes, Au nom d'un dieu

À vous tous que j'aime et que j'aime tant, je vous souhaite pour l'An Nouveau, santé, bonheur et la disposition intérieure qui donne accès à la richesse. Surtout, un oeil ému par la beauté du monde, car voilà un  prélude au voeu sublime: le Paradis à la fin de vos jours! C'est ce que je désire pour vous!


Un autre extrait:

Vidagha Salakya demanda alors à Yajnavalya:
- combien y a-t-il de dieux?
- autant qu'en mentionne l'hymne de louanges: trois cents et trois mille.
- oui, dit Vidagha, mais combien y a-t-il de dieux?
- trente-trois, dit Yajnavalya
- oui, dit-il, mais combien y a-t-il de dieux?
- six, lui fut répondu.
- oui, mais combien y a-t-il de dieux? demanda-t-il de nouveau.
- deux, répondit-il.
- oui, mais combien y a-il de dieux?
- un et demi.
- oui, mais combien y a-t-il de dieux, Yajnavalya?
- un.

Si Vidagha avait posé une fois encore cette question, la réponse aurait -t-elle été: dieu n'existe pas?


vendredi 21 décembre 2012

Je ne donnerai pas ma fille!

Un souvenir en appelle un autre. Frédérique-Anne me téléphonait souvent. Les préparatifs du mariage à l'américaine la stressaient beaucoup. Un jour, elle m'a dit: "Mom, lors de la cérémonie, le pasteur va te poser une question  parce que la tradition veut que le parent donne sa fille au mari."

- Quoi! Te donner!!!  Ma fille, je vais dire NON! Veux-tu m'expliquer par quel cheminement tordu j'en viendrais à accepter l'idée de donner ma fille? Je vais te garder toute ma vie. Ce pasteur pourrait changer sa formule médiévale, non? 
- Mom, mets ton féminisme de côté, c'est comme ça que ça se passe ici. Respecte leurs coutumes. Et arrête de me compliquer la vie! etc...
- Je répondrai NON. Il n'y a pas d'autres réponses possibles pour moi. Je ne te donnerai pas!

Elle était irritée, mon attitude la heurtait. 

J'ai décidé de relire  "Le prophète" de Kahlil Gibran. "Vos enfants ne sont pas vos enfants et bien que vous les ayez auprès de vous, ils ne vous appartiennent pas..." Allons donc, comment donner ce qui ne nous appartient pas?  Raison de plus, je demeurais inflexible.

Je crois que Frédérique-Anne est allée rencontrer le pasteur, un ami de longue date de la famille et  qu'elle  lui a peut-être parlé des résistances de sa mère face à cette question litigieuse car le jour venu, le fameux moment venu, simplement le pasteur m'a demandé si j'acceptais que cet homme-ci ... devienne l'époux de ma fille. Et j'ai dit OUI, évidemment! Ouf! 

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, dit l'adage ironiquement.

Une mère dansait avec sa fille


C'était le jour des noces de  Frédérique-Anne. L'orchestre entamait une valse et l'animateur a invité le père de la mariée à ouvrir le bal avec sa fille. Une irritation instantanée  et un vif sentiment d'incongruité m'ont envahie. Je les regardais danser, deux partenaires mal à l'aise. Cette enfant  avait vécu toute sa vie avec moi et voilà que ce père trop absent avait cet honneur. Mon ami Hugues essayait tant bien que mal de me faire entendre raison: "Ce n'est qu'une tradition etc, etc..." Je lui ai répondu: "Regarde-moi aller!"

Avec un coeur et un pas de guerrière, je me suis approchée de la piste de danse et mentalement j'ai crié: "Ma fille, regarde-moi!" Elle entendit l'appel et me regarda. Je lui ai fait un signe sans équivoque: c'était mon tour! Le père s'est retiré. Je me suis avancée très en avant sur la piste et j'ai ouvert mes bras. Elle s'est blottie, petite fille émue. Et  l'amour s'est déployé. Une telle vibration de tendresse émanait  de la mère et de sa fille qui dansaient doucement dans les bras l'une de l'autre que le silence se fit. Les nombreux invités s'approchaient  intrigués, puis émus.

Sur la dernière note de la valse,  j'ai salué Frédérique-Anne et dans un  élan d'amour j'ai croisé les mains sur mon coeur, je me suis inclinée et je lui ai dit merci! Un immense applaudissement se propagea sous la tente. L'époux s'approcha, prit la taille de sa femme et les couples se mirent à tourbillonner autour d'eux. Moment de perfection!

Dans le regard de mon grand ami, une étincelle  s'attardait. J'y ai vu du respect pour la femme qui avait fait fi d'une tradition séculaire, afin de vivre intensément le moment symbolique d'un "passage" intimement fragile, émouvant, riche de tout un passé et  porteur de toutes les espérances; et ça, sur un air de valse!

J'aime ce souvenir! 

lundi 10 décembre 2012

Loreena Mckennitt, une druidesse qui chante

Loreena Mckennitt

Pour la première fois de ma vie, j'ai vu une vraie druidesse. Sa longue chevelure irisée de roux éclaboussait la lumière dans tous les coins de la scène. Elle  dansait avec un minimum de mouvements, avec une grâce exquise. Sa voix pure comme le cristal montait si haut qu'elle nous acheminait tout doucement vers les chemins secrets des paradis celtiques.

Présentement, je lis : Les chants interdits, La fille qui chante. Le pacte qui unit l'homme à l'animal est rompu, la révolte des animaux commence. La vengeance des animaux sera à la hauteur des souffrances qu'ils ont subies. Dans le chaos qui s'annonce, Lorca, la fille qui chante, découvre en elle une puissante force magique quand sa voix monte mélodieusement ou dramatiquement  dans les aigus, elle est alors capable de neutraliser les bêtes désespérément vengeresses.

Dans mon imaginaire, je sais maintenant à qui ressemble Lorca. Et je connais maintenant le haut voltage de cette voix créant des fractals dans l'invisible, c'est celle de Loreena Mckennitt, fabuleuse druidesse qui chante!

Merci de tout coeur Carmen , pour ce beau cadeau!

Les chants interdits, La fille qui chante, de P.B. Chercot


dimanche 2 décembre 2012

Léonard Cohen, sublime chaman...




Le Centre Bell est un haut lieu du hockey et de la testostérone. Ce soir-là, le stade s'est métamorphosé en une cathédrale où 12 000 personnes s'abreuvaient à l'eau vive de Léonard Cohen. Parfois, les éclairages projetaient sur l'immense rideau de scène les ombres des musiciens qui devenaient des statues géantes, gothiques. Ce n'était pas un homme qui chantait des chansons, c'était au-delà du visible son intérieur qui chantait. (Mimi) et je ne sais par quel miracle... nous entendions!

Un prince plein de grâce s'agenouillait et dans un silence profond, la foule se recueillait devant l'orant. La musique est guérissante, on le sait. Un fluide spirituel intense, palpable nous baignait et  comme avec un papier-collé, j'y ai glissé en bloc, le nom de tous ceux que j'aime. Mon âme et mon coeur prenaient de l'ampleur. Ma soeur Mimi et moi étions  au même diapason, vibrant ensemble  dans un maelstrom d'émotions poétiques.


Puis, le dernier adieu devant une foule debout avec cette si jolie métaphore: Good bye, Darling! Est-ce que je vous ai satisfaite?



Merci mes enfants, pour ce sublime cadeau de Noël. Inoubliable!