mercredi 6 novembre 2013

Frontenac et Phips s'affrontent à Québec



Frontenac

La flotte anglaise mouille l'ancre dans le bassin de Québec; quatre heures plus tard, une chaloupe se détache du navire amiral. Phips a délégué son émissaire le major Thomas Savage. Frontenac envoie une chaloupe à sa rencontre. Lorsqu'il touche à terre, on lui bande les yeux, on le fait tourner en rond parmi les arbustes, escalader et descendre une pente escarpée, il traverse une foule, c'est-à-dire une dizaine d'hommes, qui frottent leurs épaules à celles de l'Anglais. Par ce stratagème, Frontenac espère que le major Savage rapportera à son commandant que la ville est protégée et défendue par une population très nombreuse... que ce Québec est imprenable!

Le major apparaît et l'imposant Frontenac est assis à sa table, calme et fier. Frontenac, un orgueilleux vieillard de soixante-huit ans n'a pas la patience de l'écouter - On ne vient pas sommer "un homme comme moi" - dit-il sèchement à l'émissaire. De plus, la France ne reconnaît pas  Guillaume d'Orange qui a commis le crime de détrôner son beau-père. Et il conclut:"Je n'ay de Réponse à faire à votre général que par la bouche de mes canons et à coup de fusil."



le 18 octobre 1690, les miliciens du Massachusetts descendent sur les battures de Beauport et marchent sur Québec alors que quatre navires bombardent la ville. Pendant deux jours, les bombes et les boulets pleuvent, mais les dommages sont négligeables. C'est alors que les canons de Frontenac se déchaînent sur les navires, celui de Phips est troué de larges brèches et son grand mât est tronqué. Bientôt les canons anglais deviennent muets. Octobre est froid, les hommes ne sont pas vêtus adéquatement, et le rhum manque. Et voilà que se déclare des cas de petite vérole. Phips rembarque ses troupes en abandonnant cinq canons. L'une des brigandines de Phips fait naufrage à l'île d'Anticosti, et  l'équipage y est condamné à passer l'hiver. La défaite de Phips à Québec lui est pardonnée et l'année suivante, il est devenu gouverneur du Massachusetts



Les Anglais n'abdiqueront pas. En 1760 Montcalm et Wolf perdront la vie sur les Plaines d'Abraham et la Nouvelle-France deviendra une colonie britannique. Le peuple québécois en gardera  des stigmates pernicieuses jusqu'à nos jours.

(à suivre, Le fabuleux roman d'un pays de Rock Carrier)

mardi 5 novembre 2013

Phips s'empare de Port-Royal à Québec. La Nouvelle-France est dans la mire de L'Angleterre



William Phips


Je lis Le fabuleux roman d'un pays - Les fils déchus de Rock Carrier


La mère de William Phips était une pauvre veuve dans un hameau du Maine. Son fils, d'abord gardien d'animaux, devient par la suite charpentier, au port de Boston. Sans doute avait-il d'autres talents puisqu'une veuve riche l'épousa. Fasciné depuis l'enfance par ces histoires de galions remplis d'or qui avaient fait naufrage durant leur retour en Espagne, William Phips après quelques essais, repéra au large un galion chargé d'or. Il devient si riche que le roi Guillaume III l'anoblit. Il devient maréchal-prévôt général du Dominium de la Nouvelle-France. En 1690, l'ancien berger est devenu le major-général d'une expédition contre l'Acadie et le Canada. Le lendemain de son arrivée à Port-Royal, il exigea la reddition de l'établissement. Le gouverneur du moment, Louis-Alexandre de Meneval accepta aussitôt, ravi de retourner en France. Il ne disposait d'aucun canon et une garnison  d'à peine soixante-dix hommes.

Le lendemain, Phips se vanta dans son journal de bord d'avoir puni les catholiques de Port-Royal: ses hommes ont pillé l'église, décroché le crucifix, détruit l'autel, déchiré leurs images. "Ils ont fouillé sous la surface du sol dans les jardins"  rapporte l'ancien chercheur de trésors. Il astreint les Acadiens à prêter un serment au roi et à la reine d'Angleterre, Marie II. Puis, il revient à Boston avec ses prisonniers. Les membres du Conseil de Massachusetts félicitent Phips pour sa victoire et confirme son titre de commandant en vue de la conquête de Québec. Pour cette mission, ils mettent à sa disposition plus de 2 000 miliciens. Il décide de ne pas attendre l'arrivée incessante d'un bateau rempli de vivres, d'armes et de rhum - "Si mes hommes manquent de vivres, ils pêcheront! S'ils manquent de munitions, ils auront plus d'astuces! Et s'ils manquent de rhum, ils auront soif de boire le rhum des Français à Québec". Le 20 août 1690, Phips ordonne de hisser les voiles.


Louis de Buade de Frontenac (1622-1698)


La nouvelle arrive à Québec qu'une flotte anglaise remonte le fleuve. Le gouverneur Frontenac qui anticipait une attaque venant du Lac Champlain, ordonne à ses miliciens de se rassembler à Québec d'urgence. Pendant ce temps, l'ordre est donné de bloquer les entrées de la ville  et les chemins qui mènent à la Haute-Ville avec des troncs d'arbres, et les habitants se préparent à quitter leur maison. Les prêtres enterrent les vases sacrés en vue d'un possible  pillage. Frontenac rentre à Québec, 3 000 miliciens et trois bataillons de soldats sont prêts.

Vers six heures du matin, le 16 octobre 1690, la flotte anglaise mouille l'ancre dans le bassin de Québec. Rien ne se passe: les habitants guettent cette menace silencieuse.... (à suivre) 

Manuscrits de Tombouctou, "lieux de mémoire"


Manuscrits réduits en cendre, au Mali, par des envahisseurs extrémistes islamiques, d'autres pages volées se retrouvent sur le marché noir international.


Pour les chrétiens, les Noirs appartiennent à la lignée de Cham, le fils maudit de Noé. La couleur associée à l'obscurité renvoie aux forces de l'ombre et de l'enfer... et à Satan. Cet état de fait biblique obstrue considérablement les conditions d'une circulation d'idées si curieux que soient les Européens. Ils regardent l'Afrique "sans voir". Pendant plusieurs générations les peuples africains subsahariens, longtemps considérés comme des illettrés ont été coupé de leur propre histoire écrite tant l'oralité a pris souche dans l'imaginaire africain.

Dès lors, les habitants se sont mis à cacher leurs manuscrits, à les protéger dans des caisses, puis à les oublier. Pour protéger leurs écrits, les Soudanais ont fait croire aux premiers archéologues au Soudan, en  1912, qu'ils n'écrivaient pas leur histoire, qu'elle se transmettait uniquement par voie orale. Saadou Traoré d'en déduire que le mythe de l'oralité africaine tire sa légitimité de cette peur viscérale d'être pillé de ses biens manuscrits. Le diplomate malien Hompâté Bâ clamera au milieu du XXe siècle qu'un vieillard qui meurt c'est une bibliothèque qui brûle. L'Afrique fut mise au ban des civilisations écrites. S'ajoute à cela le traumatisme de la chute de l'Empire songhaï avec l'invasion marocaine pour mettre la main sur leurs mines de sel et qui se terminera en 1603 par un bain de sang. Tout fut dévasté. Une civilisation s'est effondrée en moins d'un siècle sans laisser (ou si peu) de traces visibles et... oubliée. 

Le chercheur tombouctien Saad Traoré, diplômé de l'École pratique des Hautes Études, l'explique sans ambages: "Il existe depuis des générations une phobie des pillages. Ceux des Marocains d'abord qui ont, lors de leur invasion, brûlé la bibliothèque d'Ahmed-Baba en 1593, puis celle d' Al-Hag du savant Umar Tal à Sagou par le colonel Archinar, le gouverneur représentant le colonisateur.



Les Touareg (groupe berbère) semblent avoir été les premiers peuples à  maîtriser l'écriture. Leur alphabet remonte vraisemblablement à la fin du néolithique. L'islamisation commencée au VIIIe siècle de notre ère a entraîné une large diffusion de l'écriture arabe grâce à la création de mosquées, d'écoles coraniques et d'universités, de nombreuses bibliothèques publiques et privées dont certaines comptaient des milliers de manuscrits en langue arabe. Près de 60 000  manuscrits ont été sauvés sur un total évalué à plus de 500 000 de la destruction grâce au gouvernement malien, la communauté internationale et les efforts de certains détenteurs. Une numérisation rapide de tous les manuscrits est commencée.

Ça c'est une belle histoire .

dimanche 3 novembre 2013

Tombouctou, la ville des 333 saints...




Dans la région de Tombouctou, des milliers de familles cherchent à savoir pourquoi elles détiennent chez elles, depuis des générations, quantité de manuscrits, dans des cantines rouillées entreposées dans leur grenier. Tout un peuple s'interroge sur les origines de ces écrits dont on ne sait pratiquement rien. Des milliers de manuscrits sont entreposés, catalogués puis protégés et maintenant numérisés. Reste à les restaurer et les traduire. Un centre d'archivage a été créé en 1973 sous l'égide de l'Unesco par Mahmoud Zouber. Les musulmans d'Afrique noire sont depuis la nuit des temps traversés par une longue histoire d'écriture. Une vraie ambition: pouvoir redessiner les contours de cette civilisation universelle si chère au président-poète Léopold Sédar Senghor.

Tombouctou: carrefour des voyageurs qui y passaient à l'aller-retour; ils y confiaient la garde de leurs objets à une esclave nommée Tombouctou, mot qui dans la langue du pays signifie "la vieille", et c'est d'elle que ce lieu béni a pris son nom. "Jamais Tombouctou n'a été souillée par le culte des idoles; elle est la retraite des savants et des dévots. Cette ville fut fondée par le Touareg Macchcharen à la fin du Ve siècle de l'hégire. C'est une cité exquise, illustre, cité bénie, plantureuse et animée, et c'est ce que j'ai de plus cher au monde."(Tarikh es-Soudan d'Abderrahmane)

C'est Heinrich Barth, explorateur allemand de l'Afrique, qui découvrit un document exceptionnel dans les entrailles de la mosquée de Djinbareber. "C'est à moi qu'était réservé le bonheur de découvrir une histoire complète du royaume de Songhai jusqu'à l'année 1640 de notre ère. Un long chapitre est consacré à la fondation de Tombouctou".

Ce récit  du XIIIe siècle reflète le contexte humaniste au début de l'Empire Mali:

Tant que nous disposerons du carquois et de l'arc
la famine ne tuera personne dans le Mandé.
Si d'aventure la famine survient
La guerre ne détruira plus jamais de villages
Pour y prélever des esclaves.
C'est dire que nul ne placera désormais
Le mors dans la bouche de son semblable
pour aller le vendre.
Personne ne sera non plus battu au Mandé
À fortiori mis à mort
Parce qu'il est fils d'esclave.




Selon Jacques Le Goff, pendant ce temps, l'Europe chrétienne du Moyen Âge cultivait les stéréotypes païens concernant les Noirs et l'Afrique. Et j'ajoute que même encore aujourd'hui des tests  faussés décrètent que le quotient intellectuel des Noirs est plus faible que celui des Blancs.

Les manuscrits de Tombouctou, secrets, mythes et réalité  écrit par Jean-Michel Tjian

J'aime ce livre! (à suivre)


Les manuscrits de Tombouctou retrouvés...



À Tombouctou, la découverte de vieux manuscrits dont certains remontent au XIIIe siècle, est en passe de devenir un enjeu historique pour toute l'Afrique.

Je lis Les manuscrits de Tombouctou de Jean-Michel Tjian. C'est un livre magnifique.

Extraits de la préface écrit par Jean-Marie G. Le Clézio

Tous les nègres de Tombouctou sont en état de lire le Coran et même le savent par coeur. Ce pays désertique et brûlant, où la végétation est réduite à des buissons épineux, est aussi le pays de la langue écrite. La mise à jour des bibliothèques du désert et de la richesse des bibliothèques de Tombouctou, est une avancée capitale dans la complexité culturelle d'une région du monde regardée comme illettrée. Ce qui a retardé la connaissance de cette culture du désert est pour une large part, la colonisation. Le viol de l'Afrique centrale par les puissances coloniales, l'a plongée dans un état de choc, de perte de mémoire. L'écrit est par nature fragile. Sa principale Némésis n'est pas l'humidité ni l'oubli mais la violence des hommes.

Les troupes françaises, espagnoles, anglaises qui pénétraient les territoires jusque là protégés par l'hostilité du climat et la férocité des tribus nomades n'avaient pas comme objectif de faire l'inventaire des lieux de culte et des bibliothèques. Les bombardements, les incendies ont détruit une part importante de cette mémoire et l'ignorance des soldats ont fait le reste. Senghor évoque les précieux manuscrits servant de torches et l'on peut imaginer ce que le vent, les pillages et le mépris ont emporté pour toujours. Mais la violence coloniale n'explique pas tout, la catastrophe économique à partir des temps modernes, la vente des armes à feu et surtout la traite des esclaves à l'échelle mondiale, ont rompu l'équilibre entre les nations, renversant parfois les structures sociales et l'ordre ancien.

Les manuscrits de Tombouctou préservés par miracle, gardés dans des coffres familiaux, représentent la chance de survie des cultures locales et une promesse de leur avenir. Ces textes retrouvés parfois humbles, parfois magnifiques dans leur écriture hiératique, le luxe de leurs ornements et de leur reliure témoignent de ce qui aujourd'hui fait défaut dans la culture universelle.

Aujourd'hui, les rebelles armés ont pris le contrôle du nord du pays, encourageant le pillage et le vol de documents. Les risques de destructions des manuscrits de Tombouctou, et la protection de ce patrimoine rendent urgentes la reconnaissance et la protection de ce patrimoine universel.

Ce livre me passionne totalement. Je vibre... 
(à suivre)

samedi 26 octobre 2013

Albert Jacquard



Albert Jacquard, scientifique et généticien, devint le célèbre Albert Jacquard par le militantisme. IL est décédé en 2013


Je lis: Dans ma jeunesse d'Albert Jacquard. Un homme exceptionnel d'une simplicité tout aussi exceptionnelle raconte un épisode tragique de sa vie, et voilà qu'il  nous touche en plein coeur...


" Mon enfance se termina à neuf ans. Un accident occultera  tout mon passé. Dans mon souvenir il n'y a pas d'avant l'accident.

Il fait très froid, pluie et verglas. Mon père qui conduit, ne peut dégager à temps la voiture de la voie du tramway; le tram arrive à cet instant, c'est le choc frontal. Mon plus jeune frère, cinq ans, est tué sur le coup. Mes deux grands-parents paternels mourront le lendemain; mon père est moins gravement blessé, le volant l'a protégé. Quant à moi, je suis entre les mains des chirurgiens qui réparent mon visage enfoncé; ils redressent mon nez, les pommettes, ils font ce qu'ils peuvent. Je suis dans la même chambre où ma grand-mère est en train de mourir et j'ai terriblement soif mais personne ne s'occupe de moi. Je me sens abandonné.

Un choc de fin du monde. L'image entraperçue à l'instant charnière est indélébile, elle se plaque définitivement sur tout ce que je tente de montrer de moi-même et s'interpose entre le réel et le visible. La cicatrice demeure, malgré les tentatives de réparation, elle reste et restera définitivement la trace d'un ravaudage maladroit.

Le petit garçon est devenu le vieil homme que je suis. J'ai été préoccupé par le duel incessant, constamment réactivé qui oppose mon apparence à la réalité qui demeure inaccessible. Car je ne peux m'avancer que masqué. Semblable au mystérieux personnage obligé, par ordre du roi, de camoufler son identité en portant un masque que la légende dit "de fer", j'ai perdu la liberté de dévoiler aux autres et à moi-même comment est alimenté le foyer de mon être. J'ai longtemps cru que le recours à un masque, imposé par l'accident lui-même, était une particularité de mon aventure personnelle.

Après l'accident, je ne me reconnaissais plus dans la glace. Tous les miroirs étaient devenus mes ennemis intimes, et c'est toujours vrai. Je ne me suis jamais réconcilié avec mon visage. Celui que les autres voient n'est pas moi. J'ai toujours ce sentiment qu'un obstacle me sépare de celui qui me regarde. Ce n'est pas le vrai! Je vis avec un masque, pas un masque de fer, mais un masque de peau.

Peut-être est-il proche l'instant où je découvrirai la vraie nature du personnage qui s'est construit en moi, qui est devenu moi, et comme les enfants le disent en jouant... "je brûle".


Ce texte se veut un hommage ému à cet homme "immense".

vendredi 25 octobre 2013

Marie, la Vierge....



Icône russe de la Vierge Marie

La naissance miraculeuse de Jésus, fils d'une vierge est un ajout relativement tardif à la doctrine. Certitude absolue, au milieu du Ier siècle, l'apôtre Paul ne sait rien de ce prodigieux détail concernant l'origine de celui qu'il tient néanmoins pour "Fils de Dieu" et presque Dieu lui-même. Il souligne que Jésus est bien né par la chair, de la Maison de David, né d'une femme "gunès" et non d'une vierge "parthenos". Il est infiniment probable que Pierre, lui aussi mourut dans la même ignorance que Paul d'une naissance due à l'opération du Saint-Esprit.

A quel moment cette légende apparut-elle chez ses disciples? Le plus vraisemblable pour l'heure, est de supposer que dans leur conquête de l'Asie Mineure, quand les propagandistes du Nazaréen rencontrèrent, en Phrygie peut-être, le culte d'une Cybèle/Démeter, vierge et féconde, ils ne supportèrent pas d'être dépassés en prestige. Pour donner naissance à Jésus - l'épouse d'un charpentier rural d'allure, face à une déesse intacte et immensément créatrice - il se peut  qu'ils aient voulu rivaliser avec cette mythologie païenne faisant du Nazaréen l'enfant d'un miracle, le produit d'une intervention divine.

Chez Mathieu et chez Luc, une généalogie de Jésus - deux textes discordants - aboutit à Joseph, descendant du roi David mais c'est sans intérêt puisqu'il n'y est pour rien dans l'enfantement de Jésus. L'ange annonciateur, chez Luc, dédie à Marie une prédiction fausse: "Au fils que tu vas concevoir, le Seigneur Dieu donnera le trône de David". Mais Mathieu raconte autre chose. Pas de scène d'annonciation chez lui, mais un Joseph qui prend assez mal la grossesse de sa fiancée qui n'est pas encore son épouse. Elle ne lui a donc rien  expliqué? Et c'est un ange qui apparaît à Joseph en songe pour lui révéler l'acte générateur accompli dans les entrailles de Marie par l'Esprit-Saint.

Le nom de Marie n'apparaît qu'une seule fois chez Luc (41-50) Étrangement, la mère de Jésus n'est nullement nommée  alors que sont nommées les femmes qui de loin, assistaient à la crucifixion. Ce n'est pas Marie qui réclame le cadavre de Jésus à Pilate - ce qui retire toute valeur commémorative aux innombrables "pieta" peintes ou sculptées, où l'on voir Marie tenant dans ses bras le corps de son fils décloué de la croix - Marie n'a pas été, non plus, choisie parmi les privilégiés à qui Jésus est apparu après sa résurrection. Le texte de Mathieu, où sur la croix, Jésus remet sa mère à son disciple préféré est considéré par les exégètes comme une possible fiction ajoutée.

Ce n'est qu'au XVe siècle que Marie est proclamée "Mère de Dieu" et c'est au XIXe et XXe siècle que la papauté, soudain, prit feu dans une mariologie galopante, effrénée. D'abord Pie IX déclare Marie exempte du péché originel, bénéficiant par conséquent d'une Immaculée Conception, alors que ce cadeau divin lui avait été expressément refusé par saint Augustin au Ve siècle, saint Bernard au XIIe siècle, et au XIIIe siècle par saint Thomas d'Aquin. En 1950, Pie XII ajoutera en l'honneur de Marie, un nouvel article de foi, l'Assomption de Marie dès son dernier soupir, enlevée par un  irrésistible appel d'air céleste afin qu'elle soit dispensée, dans sa résidence désormais éternelle, du triste sort de toute chair  terrestre après le trépas. L'Assomption est proclamée dogme par l'infaillibilité de Pie XII, et dès lors, les apparitions ne cessèrent de se multiplier. Depuis, dans tout missel autorisé, à l'ordinaire de la messe, à l'occasion du Mea culpa, est invoqué "la bienheureuse Marie, toujours vierge! Après deux mille ans!

L'infaillibilité du pape en prend un coup, un coup de poing!