"La proclamation de l'indépendance d'Haïti, première république noire, le 1er janvier 1804, couronnait la première révolte d'esclaves victorieuse de l'histoire.
Au commencement, la région était déserte, laissée à l'abandon par les Espagnols après la disparition progressive des Indiens dans le demi-siècle suivant la découverte de l'île par Christophe Colomb. Les Français ont commencé à s'y installer et y ont développé avec succès la culture du café et celle de la canne à sucre. Des fortunes inimaginables s'y bâtissent mais ce n'était qu'un enfer à ciel ouvert. Trente mille colons blancs y règnent sur 500 000 esclaves noirs. Une classe de mulâtres se forme mais reste exclue de la sphère politique au nom de la supériorité absolue des Blancs. Chaque année, 50 000 esclaves sont acheminés sur les côtes du pays, pour palier le manque de bras et l'effroyable mortalité régnant chez les esclaves.
Les premiers troubles commencent en 1790, quand un riche mulâtre, Ogé, débarque à Saint-Domingue avec la volonté d'imposer l'égalité civique entre Blancs et mulâtres. Il est capturé et soumis au supplice de la roue le 25 février 1791. Puis il y a l'impensable, une révolte d'esclaves! et en quelques mois la colonie française se désagrège. Une figure forte se dégage à la tête de l'insurrection, un affranchi doté d'une personnalité exceptionnelle, Toussaint Louverture. En 1793, dans l'énorme bouleversement de la Révolution Française, l'abolition de l'esclavage est votée pour toutes les colonies françaises. Toussaint redémarra l'activité économique. La tutelle de Paris s'amenuise de plus en plus, ce que Napoléon ne peut tolérer. Il envoie une armée et annule l'abolition de l'esclavage en 1802. Toussaint, le grand héros d'Haïti, est fait prisonnier et meurt en captivité. Les Français multiplient les exactions mais ils sont décimés par la fièvre jaune et le général Dessalines déclarera l'indépendance d'Haïti, le Ier janvier 1804. Cette victoire laisse le pays exsangue et désorganisé. Les nouveaux maîtres d'Haïti font massacrer les derniers Blancs, sauf les prêtres et les médecins.
La Constitution impériale déclare qu'aucun Blanc ne mettra les pieds sur ce territoire à titre de maître ou de propriétaire. Charles X reconnaît l'indépendance d'Haïti en échange du paiement de 150 millions de franc-or d'indemnité. Une somme exorbitante ramenée à 90 millions. Haïti réglera cette dette jusqu'en 1888!
Tous les pays dont l'économie est basée sur la traite des esclaves ont eu peur de cette révolution et ils vont isoler complètement ce pays. Ne pouvant plus exporter, les Haïtiens se tournent vers des cultures de subsistance ce qui entraînera bientôt un mouvement de déforestation désastreux. Vint un premier séisme en 1842. Des coups d'État se succèderont et les États-Unis tenteront d' y mettre bon ordre mais leur présence est très mal perçue. Finalement, ils rendent le pouvoir à la bourgeoisie mulâtre qui fera connaître au pays une brève période de prospérité.
En 1956, Haïti porte au pouvoir un médecin de campagne, François Duvalier, dit "Papa Doc". Il régnera trois décennies par la terreur et la corruption jusqu'à sa mort. Son fils Jean-Claude, "Baby Doc" lui succèdera et il suivra les traces de son père dans l'horreur et la cruauté. En 1991, Jean-Bertrand Aristide, prêtre engagé sera élu président mais il ne sera pas à la hauteur et sera chassé du pouvoir emportant avec lui une fortune colossale. Le pays devient dépendant de l'aide internationale. Des pluies torrentielles aggravent la déforestation faisant des milliers de morts. Puis vient la saison des cyclones. Le cyclone Jeanne fait 1800 morts. Et voilà maintenant le temps des séismes. Haïti est décimée.
Extraits d'un texte de Jérôme Gautheret
Haïti n'est à l'abri d'aucune catastrophe et le monde entier est dans la peine pour ce peuple décimé par un séisme violent faisant au moins 50 000 morts. On continue de vivre la vie mais avec une tristesse tenace vissée au coeur. Nous étions inquiets pour Denis Laferrière mais heureusement, il est sain et sauf. Des personnes meurent à chaque minute, enfouies sous des décombres sans qu'on puisse les secourir. Les autres souffrent de la soif, de la faim et d'une angoisse difficile à imaginer... Buena suerte Haïti!
1 commentaire:
Merci pour l'histoire d'Haïti
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