En 1612, un explorateur et marchand anglais, John Guy accosta à Terre-neuve dans l'espoir de fonder une colonie et il réussit à établir un lien d'amitié avec les Béothuks. En partant à la fin de l'été, il leur fixa un rendez-vous, comme le faisait Champlain. Il leur dit: "Nous reviendrons l'an prochain et nous ferons une grande fête. Nous vous apporterons des clous, des marmites, des haches". Or, le destin en décida autrement.
Pour des motifs commerciaux, John Guy ne put revenir l'année suivante et c'est un bateau de pirates anglais qui accosta, par hasard, dans la baie. Confiants et en toute amitié, des centaines et des centaines de Béothuks, réunis sur la berge pour la grande fête, reçurent à grands cris ceux qu'ils pensaient être John Guy et son équipage. Les pirates apeurés par cette multitude sauvage, sortirent leurs canons et tirèrent dans le tas. Il eut beaucoup de morts et d'amertume. Les Béothuks ne firent plus jamais confiance aux Européens.
Shanawdithit
Les Européens vécurent dès lors, dans la frayeur des Béothuks. Quand ils venaient pêcher durant l'été, lorsqu'ils repartaient l'automne venu, ils laissaient leur établissement sans surveillance. Les Béothuks ne se gênaient pas pour s'y approvisionner, sans échange ni négociation. Et, ils devinrent dépendants du métal avec lequel ils fabriquaient leurs harpons et leur tête de flèches. La situation s'envenima et une guérilla s'installa.
Les Français réclamèrent à la France les services de l'armée et même le droit d'exterminer les assaillants. La France n'envoie pas l'armée mais cautionne l'abattage à vue des Béothuks. Les Français ne s'en priveront pas ni les Anglais. Même les Micmacs et les Abénakis, payés par les Blancs pour tuer les Béothuks, seront impliqués dans ce que d'aucuns qualifieront de génocide. Il faudra attendre 1760 pour que les autorités de Terre-Neuve décrètent la fin des hostilités. En vain, on continuera à tuer les Béothuks qui continueront à voler les Européens. Ceux-ci se vengeront en tuant les Béothuks jusqu'aux derniers. Beaucoup moururent de la tuberculose et d'autres maladies apportées par les colons.
Le peuple a été officiellement déclaré "éteint" en tant que groupe ethnique en 1829 avec le décès de la dernière survivante répertoriée, Shanawdithit.
Extrait du livre De remarquables oubliés, tome 1. Merci, Dominicke pour ce livre si intéressant.
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