La souris accueille la mort comme un phénomène qui la libère d'une vie où règne la peur. Un véritable sentiment de bien-être accompagne sa séparation du corps inadéquat auquel elle s'est sentie enchaînée. Et quand le chat joue avec la souris, il prolonge le plaisir de la victime devant la mort. Contrairement à l'être humain capable d'agir cruellement en toute conscience, le chat est incapable de prendre du plaisir devant la peur de sa victime. Le chat et la souris se complètent sur le plan de l'âme. Chacun apporte un bénéfice à l'autre. Le chat satisfait son besoin de chasser et de soulager sa faim, et la souris peut enfin mourir.
Qu'arrive-t-il quand un ongulé, comme un zèbre ou un gnou, est tué par un prédateur? Pour l'ongulé, l'organisme physique est l'aspect le plus important de la vie, et c'est à contre-coeur qu'il quitte son corps. Même quand un gros ongulé profondément incarné est tué par un carnivore, sa mort n'est pas accompagnée d'une terrible souffrance comme les humains le pensent habituellement. Il semble que les humains peuvent aussi, parfois, ne pas ressentir la terreur qu'on associerait au fait d'être dévoré par une bête sauvage. L'explorateur David Levingston a été attaqué par un lion sauvage, en Afrique.
Il écrit: "Rugissant horriblement près de mon oreille, le lion m'a secoué comme un terrier le ferait avec un rat. Le choc a produit un moi une stupeur semblable à celle que la souris semble ressentir après avoir été secouée une première fois par le chat. J'étais plongé dans un état de rêverie dans lequel je ne ressentais aucune douleur ni aucune terreur, même si j'étais conscient de tout ce qui arrivait. J'étais comme les patients qui, sous l'effet du chloroforme, sont témoins de l'opération, mais ne sentent pas la lame du scalpel. Cette étrange condition ne résultait pas d'un processus mental. Les secousses éradiquaient la peur, et je n'éprouvais aucun sentiment de terreur devant la bête".
Les animaux possèdent une âme qui n'est pas exactement comme la nôtre. Henry Beston disait: "Les animaux ne sont pas nos frères, ils ne sont pas nos vassaux; ils constituent un autre peuple, pris avec nous dans le réseau de la vie et du temps".
Extraits tirés de La vie divine des animaux de Ptolemy Tompkins
J'ai souvent pensé en lisant la vie des saints que les martyrs découvraient le pouvoir de se décorporer sous l'effet de la terreur et de ce fait, ils ne ressentaient plus l'atrocité de leur douleur. Les animaux utilisent peut-être ce même pouvoir de décorporation.
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